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David Attoub : "J'ai pensé à une blague"

Par midi olympique
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    David Attoub : "J'ai pensé à une blague"
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Avant le déplacement à Toulouse samedi, le pilier droit lyonnais, et ancien parisien, David Attoub, revient sur l'annonce de la fusion des clubs parisiens, la quête du maintien du promu, et son avenir personnel.  

Samedi dernier, vous êtes restés sur le banc lors de la réception du Stade Français, lundi, la fusion entre le Racing, et le même Stade Français, un club qui vous est cher, a été annoncée. Comment avez-vous vécu ces deux événements ?

 

Concernant le match, la physionomie de la rencontre nous était plutôt favorable et faire du coaching à dix minutes de la fin était compliqué... Je le comprends. Evidemment, je suis frustré. C'est le lot des sportifs d'être frustré ! (sourire) Nous le sommes en permanence et nous nous en servons pour nous motiver et essayer de rebondir.

 

Comment avez-vous appris la fusion des clubs franciliens ?

 

Un ami parisien m'a envoyé un texto lundi matin. J'ai d'abord pensé à une blague ! Je lui ai dit que c'était impossible. Ensuite, je suis entré en contact avec les joueurs. Pour tous ceux qui aiment ce club, le Stade Français, c'est une grande tristesse. Je ne sais pas encore si la fusion aura lieu. Ce n'est pas encore tout à fait acté (NDLR. L'entretien a été réalisé mardi matin). C'est triste. Le Stade Français a fait grandir le rugby. J'ai une pensée pour Max Guazzini. Il a fait l'événement avec le rugby, il a amené des femmes dans les stades. Il a beaucoup donné, que ce soit de l'argent, de la passion, du coeur. Quand il l'a appris, cela a dû être terrible. J'ai essayé de l'appeler lundi, il ne m'a pas répondu. Il devait être très sollicité. J'ai su par Pascal Papé qu'il était très touché.

 

On vous sent vous même très ému...

 

Evidemment. C'est une grosse bombe dans le rugby français. Il y a beaucoup d'émotions. J'ai passé sept ans au Stade Français. Si la fusion se réalise, c'est la perte d'une très grande entité du rugby français. Après, je n'ai pas d'avis sur cette fusion, si elle se fait. Je pense surtout à tous les joueurs, aux personnes qui travaillent dans le secteur administratif. Ici à Lyon, j'essaie de transmettre ce que mes anciens coéquipiers m'ont transmis au Stade Français : la notion de famille dans le club. On passe beaucoup de temps avec nos coéquipiers dans le stade, à l'entraînement. Mais il y a également quarante personnes dans les bureaux qui travaillent au quotidien pour que nous puissions briller et que nous ayons la reconnaissance que nous avons. Il faut aussi penser à toutes ces personnes. J'espère qu'un minimum d'entre elles resteront sur la touche. Les dirigeants ont annoncé que quarante-cinq joueurs seront conservés. Beaucoup d'autres vont donc se retrouver sans contrat...

 

Vous comprenez les arguments avancés, entre les difficultés sportives des deux clubs cette saison, ou encore les difficultés financières du Stade Français ?

 

Oui. Thomas Savare a mis beaucoup d'argent dans le club. Les dirigeants sont des entrepreneurs. Ils investissent tout en prenant garde à ne pas trop dépenser. D'un point de vue économique, je peux le comprendre. Mais c'est frustrant de voir disparaître tout un pan de l'histoire du rugby avec cette fusion. Au final, je ne sais pas vraiment quoi en penser. En réunissant les deux clubs, cela pourrait donner une entité qui dispose de beaucoup d'argent. Mais hier (lundi), il a été annoncé que le budget ne changerait pas... Il faudra voir comment le projet avance, se construit. Les joueurs sont touchés et il ne faut pas trop s'avancer tant que la fusion n'est pas acté à deux cents pour cent.

 

 

"LE GROUPE VIT BIEN"

 

Revenons à la construction du projet lyonnais. Si on laisse de côté l'hypothétique maintien du treizième du Top 14, vous possédez quatorze points d'avance sur celui-ci à six journées de la fin. Dans tous les cas, le maintien est en très bonne voie ?

 

Il ne faut pas se croire arrivé. Il reste six matchs. Nous avons les moyens de bien finir. A nous de jouer libéré, de prendre du plaisir ! Jusqu'à maintenant nous avions peur de perdre et de descendre. Nous ne sommes pas encore assurés de nous maintenir. Il faut continuer de bosser pour rivaliser avec les meilleurs équipes. En fin de saison, des mecs, qui ont beaucoup donné au club, vont partir. Le Lou ne s'est jamais maintenu. Je pense que si nous parvenons à atteindre cet objectif, il y aura une plus grosse fête que pour la montée en fin de saison dernière ! (sourire). Et, je le répète, il y a tout les gens qui travaillent autour de nous, et les investisseurs, qui ont mis beaucoup d'argent dans le club. Beaucoup de gens, qu'on ne voit pas, oeuvrent au quotidien, des plus petites mains aux actionnaires. M. Olivier Ginon (NDLR. PDG de GL Events, actionnaire principal du Lou Rugby) ne se met pas en avant, il prend rarement la parole et laisse le président, Yann Roubert gérer le club, mais il a construit un truc de malade ici à Gerland. Beaucoup de personnes ont vu le Lou descendre plusieurs fois en Pro D2. En cas de maintien, j'espère qu'on fera une belle fête avec les gens du club et nos supporters ! C'est important pour récompenser les efforts consentis par tous ceux passés au club avant nous, tous ceux qui ont laissé une trace sans réussir par manque de chance, par manque de moyens peut-être, à réaliser ce que nous sommes tout près de faire. En cas de maintien, il faut vraiment partager cela avec tous les personnes qui ont vécu les deux descentes précédentes.

 

Vous avez dix points de retard sur le sixième Toulon, regardez-vous un peu vers le haut ?

 

On regarde un peu vers le haut, mais il faut surtout prendre match après match. La saison dernière, quand on fracassait tout le monde, j'étais toujours un peu méfiant. Sur un match, il faut toujours être méfiant. Nous avons gagné deux matchs d'affilée pour la première fois de la saison. Le bilan comptable est positif, dans le jeu, on est bien et le groupe vit bien également. Il est sain. Dans un groupe, les états d'âmes personnels peuvent foutre en l'air un groupe et une saison. A six journées de la fin, il n'y a pas trop de mecs mécontents. Personne ne fait passer son cas personnel avant le bien de l'équipe. Quelque chose est en train de se passer. Maintenant, à nous de nous lâcher, de prendre du plaisir ! Cela reste notre passion ! Tout peut aller très vite, cela peut se terminer très vite.

 

A propos de fin, vous aurez 36 ans au mois de juin. Allez-vous rempiler ?

 

Je resterai peut-être un an de plus. C'est en cours de discussion. Parallèlement, j'entraîne les jeunes du club. J'interviens sur la mêlée des U15 aux U20, et un peu sur le jeu d'avants auprès de l'équipe féminine. Je prends du plaisir à transmettre, à entraîner. Je veux passer mes diplômes. J'ai déjà un BE, je vais procéder à une validation des acquis pour avoir le DJEPS et ensuite je passerai le DES, dans deux ou trois ans. Dans l'ensemble, je prends beaucoup de plaisir dans cette ville, dans cette région. Mais la priorité immédiate reste d'assurer mathématiquement le maintien le plus vite possible. Nous avons mis les Parisiens derrière nous. Ca commence à ressembler à quelque chose. Et je crois que nous commençons à gagner le respect. Beaucoup de clubs disaient en début de saison qu'ils allaient gagner à Lyon. A domicile, nous avons été défaillants à une reprise seulement, contre Castres. Continuons à travailler, sans nous enflammer.

 

Par Sébastien Fiatte

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