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Toulouse ne fait plus partie des « cadors »

Par Jérémy Fadat
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    Toulouse ne fait plus partie des « cadors »
Publié le Mis à jour
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La saison toulousaine ressemble à un terrible supplice, dont l’échec au Munster n’est qu’une des logiques souffrances. À force de fermer les yeux ces dernières années, le club le plus titré d’Europe a oublié de se réinventer et il en paye le prix fort

« On peut encore se qualifier en championnat et il faut y croire mais vivement que ça se termine et qu’on passe à autre chose. » Ces mots sont ceux d’un joueur toulousain dans les couloirs de Thomond Park samedi soir. Le club le plus titré d’Europe venait de subir sa quatorzième défaite de l’exercice. Dépassé devant ce qui le sépare désormais des grands de ce nouveau monde, incarnés par le Munster. « On a fait illusion, on a mis beaucoup de cœur mais on a trop de manques pour rivaliser avec des équipes aussi bien organisées », lâchait Florian Fritz au micro de BeIN Sport. Constat cruel d’un joueur déjà apparu marqué par la situation actuelle en début de semaine passée. Mais reflet d’une implacable réalité, ressentie par tous ses partenaires croisés après la rencontre. Même Thierry Dusautoir lâchait : « Je ne sais pas si on peut dire ça mais, si on n’avait pas craqué à la fin, la défaite aurait été honorable. » Terrible aveu d’impuissance. Qui pouvait imaginer un Toulousain, qui plus est capitaine et emblématique leader, accepter cet échec ? À moins d’être aveugle, il n’a d’autre choix. N’y voyez ni résignation ni démission. Juste lucidité et bon sens. Il est temps d’ouvrir les yeux : aussi douloureux que ce soit, le club est rentré dans le rang. Samedi matin, le chauffeur de taxi qui nous conduisait de l’aéroport de Shannon à cet enfer de Limerick ne voulait pas y croire : « Toulouse va gagner. Regardez, il fait beau et ils annoncent du soleil toute la journée. Cela ne peut arriver que quand le grand Toulouse vient ici. C’est un signe. » C’était juste celui d’une météo enfin généreuse. Que les Irlandais vivent dans une confortable nostalgie, passe encore mais le problème, c’est que dans une ville rose devenue morose, personne n’a voulu l’admettre. « D’autres sont passés, passent et passeront par là », nous soufflait un élément formé à Ernest-Wallon. Sauf que lorsque l’on persiste à penser le Stade toulousain trop différent, que cette simple authenticité offre l’immunité, les gifles n’en sont que plus violentes. « Quand on prend quarante points, on ne peut que baisser la tête même si c’est la première fois de la saison », affirmait Ugo Mola. Énième souffrance d’un destin sans pitié depuis le mois d’août. Ironie du sort, même le médecin Philippe Izard s’est claqué samedi en allant soigner un de ses hommes durant la rencontre. Symbole d’un Stade toulousain boitillant, au bord de la rupture. Ces derniers mois, rien n’est épargné à ses acteurs. « L’histoire se répète, j’ai l’impression d’être dans « Un jour sans fin », reprenait le manager. J’aimerais bien sortir du film et dormir un peu. » L’image n’est pas incongrue. Le scénario inéluctable et l’épilogue déjà connu…

La saison de trop

Ce week-end, Toulouse a juste vécu en mode accéléré. « À l’extérieur, contre ce genre d’équipe, quand tu pars de trop loin, tu laisses beaucoup d’énergie », notait Mola. Impossible de ne pas faire le parallèle avec l’ensemble de l’exercice. « Il est évident que le contexte est pesant, ajoutait-il. Je sais qu’on va associer ce revers à nos difficultés. » Les quatre dernières journées de championnat dans tout ça ? Mola lance le refrain : « On part de loin, on en a l’habitude ces derniers temps. On va combattre jusqu’à la fin et, même après Toulon dimanche, j’ai la faiblesse de penser qu’on aura la possibilité de se qualifier. » Pour l’honneur encore. Les hommes face à eux-mêmes. « On peut toujours taper sur le staff mais du moment que nous respections le plan du jeu, nous avons mis le Munster en difficulté, clamait Yoann Huget. Si nous n’en étions pas sortis… La défaite appartient aux joueurs. Mais si on montre ce visage en Top 14, on peut aller chercher quelque chose. Il ne faut pas le dire mais le faire maintenant. » Pour soigner la conclusion. « Ce groupe ne lâche pas, il mérite une autre sortie », assurait Mola. Et d’ajouter : « On va panser les plaies et préparer la suite. » Pas sûr que la référence se résumait aux prochains rendez-vous car, quelle que soit l’issue, cette saison est celle de trop dans le plus beau chapitre du rugby français moderne. Elle laissera des traces dans l’effectif avec les adieux aux larmes des Dusautoir, Albacete, Johnston, McAlister ou Lamboley et ne sera peut-être pas sans conséquence pour le staff. Nécessité vitale. Mais, bien loin d’hypothétiques phases finales, l’actualité du Stade toulousain s’écrit aussi dans ses coulisses. René Bouscatel, particulièrement affecté au moment de regagner le bus samedi soir après avoir appelé ses troupes à « ramener de l’espoir » pour les supporters, sait qu’il vit sûrement les dernières semaines de vingt-cinq années d’une présidence auréolée de neuf Brennus et quatre Coupes d’Europe. Sportivement sur le déclin, économiquement en danger, ce club doit digérer son passé, aussi glorieux soit-il, et adapter son modèle longtemps loué, pour enfin confier ses destinées à un nouvel élan, lequel réclamera du temps pour grandir. Sur le terrain et dans son fonctionnement. Alors il sera l’heure de se réveiller.

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