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L'appel du large

Par Simon Valzer
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Afin de diversifier leurs options de jeu après des ballons lents, certaines équipes n’hésitent pas à déplacer rapidement celui-ci sur les extérieurs. Mais pas n’importe comment...

Du rythme, du rythme, du rythme ! Les techniciens contemporains n’ont de cesse de chercher des moyens pour redynamiser les ballons lents. Avec des défenses toujours plus agressives et des plaqueurs-gratteurs toujours plus performants, l’équipe qui attaque peut rapidement voir ses efforts réduits à néant. Alors, pour « redynamiser le jeu » sans pour autant prendre trop de risques, nombre d’équipes ont pour habitude d’envoyer successivement deux, voire trois petits groupes d’avants pour défier au ras afin de retrouver de l’avancée, ou au moins consommer des défenseurs avant d’écarter. Seulement, la chose est devenue tellement commune qu’elle en est aujourd’hui prévisible : sitôt le ballon ralenti, les défenseurs se serrent autour du ruck pour anticiper le concert de percussions auquel ils vont être confrontés. Mieux, ils se préparent souvent à monter « en mur », c’est-à-dire en formant une ligne de défense compacte qui va tenter de regagner la ligne d’avantage. Le problème est que ces cellules d’avants, aussi robustes soient-elles, sont soumises à une pression défensive telle qu’elles ne parviennent ni à trouver de l’avancée, ni à gagner du temps sur la défense. Résultat, l’attaque recule et la séquence suivante est déjà compromise…

Nicolas : « une tactique préparée à l’avance »

Dans ces conditions, la meilleure solution est donc d’éviter le mur en le contournant. Comment ? En déplaçant rapidement le ballon vers l’extérieur, quitte à le faire devant une défense placée. Les Montpelliérains, qui se déplaçaient à Brive lors de la dernière journée de Top 14, en ont donné une bonne illustration. à plusieurs reprises on vit l’ouvreur François Steyn adresser une longue passe sautée vers son second centre, Yvan Reilhac ou ses ailiers Timoci Nagusa et Joe Tomane alors que la libération du ballon était lente et la défense briviste en place. Une technique forcément risquée, puisque l’on sait que les passes devant une défense placée font rebasculer le rapport espace-temps en la faveur de cette dernière. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’ouvreur sud-africain du MHR s’est fait intercepter deux fois (sans conséquence) dans le premier acte… Reste que la manœuvre peut s’avérer payante, dans au moins deux cas de figure : soit quand la passe sautée « consomme » cinq à six défenseurs agglutinés le long du ruck et permet d’exploiter un surnombre, ou quand elle provoque un duel qui aura de fortes chances de basculer en la faveur de l’attaque. Les Montpelliérains le savaient, et ont insisté. La séquence décrite ci-dessus, observée en début de seconde mi-temps le prouve. Pour Sylvain Nicolas, le flanker du Stade français, cette manœuvre faisait partie de la stratégie spécialement mise en place pour ce déplacement à Brive : « Les Montpelliérains avaient dû voir à la vidéo que les Brivistes défendaient de cette façon et ils se sont adaptés. Mais d’une façon générale, les Montpelliérains ne sont pas les seuls à opter pour cette tactique. Même si chaque équipe possède ses propres schémas de jeu sur les ballons ralentis, celui-ci revient régulièrement : plutôt que de lancer des gros dans une défense placée face à laquelle ils n’ont que peu de chances de franchir, on préfère écarter vite le ballon, pour porter le jeu dans des zones où il y a plus d’espace. »

Provoquer des duels

Le flanker parisien a raison. Enchaîner des séquences dans l’axe consomme fatalement de la largeur du terrain, et réduit la marge de manœuvre des trois-quarts. En écartant rapidement le jeu (et à condition bien sûr que les passes soient les plus rapides et les plus tendues possible), on offre aux ailiers la possibilité de jouer leur duel avec un maximum d’espace possible. Entre un trois contre trois d’avants et un duel d’ailiers, avouez que la seconde option est nettement plus favorable à l’équipe qui attaque. Et quand on compte dans son effectif des joueurs comme Timoci Nagusa, Joe Tomane ou Nemani Nadolo qui sont de véritables machines à remporter leurs duels, on comprend pourquoi les Montpelliérains veulent exploiter au maximum les qualités de leurs phénomènes…

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