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Olivier Magne : « Une identité a pris forme »

Par midi olympique
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    Olivier Magne : « Une identité a pris forme »
Publié le Mis à jour
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Après avoir passé quinze jours en immersion chez les Crusaders, l’ancien international (90 sélections), porte son regard sur le jeu rochelais.

Êtes-vous surpris aujourd’hui par le niveau de performance de La Rochelle ?

Un peu, quand même. Retrouver les Rochelais en tête du Top 14 avec quasiment dix points d’avance, ce n’était pas écrit d’avance. Les voir dominer autant, les voir s’imposer presque facilement à l’extérieur, notamment face à de gros clubs comme le Racing, c’était difficile à prévoir. Aujourd’hui, La Rochelle, c’est la bouffée d’oxygène du Top 14.

Mais vous avez suivi leur progression puisque vous commentiez leurs matchs il y a quelques années en Pro D2, avez-vous vu se dessiner une ébauche du jeu pratiqué aujourd’hui ?

Oui, mais il y a un fossé entre vouloir mettre en place un style de jeu et le retranscrire par des résultats significatifs. Déjà en Pro D2, il y avait cette volonté chez Patrice Collazo d’imposer un gros volume de jeu. Sa griffe, c’est aussi le travail sur les fondamentaux. Son équipe, aujourd’hui, effraie l’adversaire en raison de l’intensité qu’elle met dans le défi physique. Et si ça marche, c’est parce qu’elle met beaucoup de vitesse dans l’engagement. Une identité a pris forme.

Paradoxalement, cette équipe est très lourde au niveau de son paquet d’avants…

C’est vrai, mais elle joue toujours dans l’avancée. Et la force de cette équipe, c’est de pouvoir compter sur des joueurs capables de changer de rythme. Je pense à un joueur comme Botia. Sur trois appuis, ce garçon change complètement la physionomie d’un match et oblige ses partenaires à accélérer. Il y a encore quelque temps, lorsque Botia franchissait le premier rideau, il se retrouvait un peu seul dans la défense adverse. On ne peut pas demander à un joueur comme ça de ralentir. Au contraire. C’est aux autres d’accélérer. Évidemment, il y a eu un temps d’adaptation par rapport à ce style de joueurs. Mais aujourd’hui, c’est efficace. La Rochelle, c’est la métaphore de l’accordéon (il mime le geste). Quand un joueur démarre de cette façon (il étend son bras), qu’il fait un « break », les autres joueurs doivent coller au plus près et refermer l’accordéon. C’est aussi l’image de l’élastique qui s’étire, qui s’étire, mais qui ne doit surtout pas péter. Forcément, ça génère de la vitesse.

Comment jugez-vous justement l’activité autour du porteur de balle ?

C’est probablement le facteur qu’a apporté Xavier (Garbajosa). Pour en avoir parlé avec lui, l’idée c’est que le joueur porteur de balle est le seul décisionnaire. Ça, c’est important surtout que les soutiens sont très réactifs. Quand un mec prend une initiative, il y a toujours plusieurs joueurs très, très proches. De cette façon, les Rochelais assurent la continuité du jeu sans forcément passer par le sol. On sent ainsi une grande liberté au sein d’un cadre de jeu défini.

N’est-ce pas aussi facilité par cette faculté de nombreux joueurs rochelais à jouer après contact ?

Si, bien sûr. Mais c’est surtout le système qui permet ça. N’importe quel joueur est capable de jouer après contact, seulement si le système n’est pas adapté, si les courses des soutiens ne sont pas bonnes, il n’y a pas d’efficacité. Or, dès qu’un joueur de La Rochelle a passé les bras dans le dos de la défense, il sait, entre la vitesse qu’il a généré et la réactivité des soutiens, qu’immédiatement il a un ou deux soutiens proches, à gauche ou à droite. Chez les Rochelais, c’est devenu un réflexe.

Comment jugez-vous le secteur de la conquête de La Rochelle ?

C’est là où Patrice Collazo a été très bon. Il a fait les choses dans l’ordre, il a su être patient. Dans le rugby moderne, on a beau vouloir faire du jeu avec du volume, sans conquête, c’est impossible. Et là aussi, les Rochelais sont performants, ce qui leur permet de tenir le ballon sur de longues séquences. C’est ce que j’aime personnellement. Pourtant, je connais bien Xavier (Garbajosa). Ce qu’il veut, c’est marquer vite, si possible sur les premiers temps de jeu. C’est pourquoi Brock James a autant de solutions autour de lui. Je suis convaincu que sur chaque ballon, il doit avoir au moins trois ou quatre options. Et quand il choisit la bonne, ça va au bout. D’ailleurs, la redistribution collective rochelaise est hyper intéressante. Des joueurs comme Brock James ou Vito, de par leurs qualités techniques, ont beaucoup apporté dans ce secteur de jeu. Parce que, se redistribuer, c’est une chose. Mais il faut surtout être capable par la qualité des transmissions d’amener le ballon très vite dans les espaces libres.

N’est-ce pas la force de La Rochelle de savoir bien choisir les joueurs adaptés à son système ?

C’est une évidence. Si La Rochelle n’avait cette qualité à la charnière avec January, voir le petit Retière, et Brock James, cette équipe ne serait pas là aujourd’hui. Eux, ce sont des accélérateurs de jeu. Patrice a très bien compris que l’avancée de ses avants doit se traduire par la vitesse en suivant. Et le facteur indispensable pour de la vitesse, c’est l’éjection de la charnière. C’est une équipe qui est en permanence dans la recherche de vitesse, dans les changements de rythme.

Le Stade Rochelais a-t-il un point faible ?

(il souffle longuement). Franchement, en ce moment, c’est difficile d’en détecter un. Cette équipe maîtrise son rugby quasiment de A à Z. Et ça, quels que soient les joueurs. Le système est prioritaire sur les hommes. Quand Patrice et Xavier recrutent un joueur, ils cherchent des mecs qui sont dans la compréhension du système et dans l’esprit du club plus que dans la valorisation du joueur lui-même. Certes, il y a quelques joueurs qui sont un peu meilleurs que d’autres, mais personne ne sort du lot, ni du système.

Peuvent-ils créer une surprise en fin de saison ?

Oui, tout à fait. La force de Rochelle, c’est d’être convaincu de son système de jeu.

Rien ne peut donc arrêter les Rochelais ?

(il réfléchit) On peut éventuellement se poser la question de la fraîcheur physique. Ils sont au top aujourd’hui à ce niveau-là, mais ça fait longtemps que ça dure… Est-ce que ça ne va pas coincer à un moment ou un autre ? D’autant que le jeu rochelais est extrêmement énergivore. Mais bon, tout est affaire de gestion

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