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Les trois hommes forts de Clermont

Par Léo Faure
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    Les trois hommes forts de Clermont
Publié le Mis à jour
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Le succès de Clermont n’est certainement pas étranger à la présence de ces trois hommes. Véritables bâtisseurs de réussite. Explications.

Aurélien Rougerie

Aurélien Rougerie ne quittera pas le club, au terme de sa carrière. Cela n’a même jamais été envisagé, en interne. Il ne montre pourtant pas une envie folle de se faire une place au bord du terrain, pour une reconversion dans le secteur sportif. « Pour l’instant, en tout cas, ça ne me tente pas trop. Peut-être qu’un jour… » Mais Rougerie jouit d’une telle image en Auvergne qu’il était inconcevable pour le club de s’en séparer. Les deux parties ont trouvé un compromis, à mi-chemin : au terme de sa carrière, Aurélien Rougerie deviendra recruteur pour l’ASMCA. En clair, il aura pas mal de liberté sur son rôle et le club pourra continuer à jouir de son image. Et de son expérience.

Car déjà, son poids dans le vestiaire en fait un élément qui pèse dans les décisions du club. Quand elle cherche un remplaçant à Jonathan Davies, échec relatif du recrutement au centre du terrain, l’ASMCA jette son dévolu sur Rémi Lamerat. Et Rougerie décroche son téléphone. « Disons que j’ai pris un peu d’avance sur mon futur rôle », en sourit le joueur. La démarche a compté. « Quand Aurélien vous appelle pour vous dire de les rejoindre, ça compte. Vous l’écoutez attentivement. Et cela démontre que le club, clairement, a envie que vous veniez », témoignera ensuite Lamerat.

Concrètement, Aurélien Rougerie est l’élément central du vestiaire clermontois. De plusieurs sources, il parle moins qu’avant. Moins que lorsqu’il était le capitaine, ce rôle dans lequel il admet s’être usé. « Il garde ses prises de paroles pour les moments clés. Quand cela aura du poids. » Mais dès que le bateau tangue, il est celui vers qui tout le monde se tourne. À la différence qu’il a, désormais, des éléments affirmés autour de lui (Damien Chouly, Morgan Parra, Davit Zirakakshvili, Alexandre Lapandry) pour se préserver

 

Franck Azéma

Personne, franchement, ne pensait que Franck Azéma pouvait figurer dans la short-list du club pour prendre la place de numéro un, à l’automne 2013, quand l’ASMCA s’est penché sur le futur successeur de Vern Cotter. Les noms de Richard Cockerill, Nick Mallett ou Robbie Deans avaient circulé. « Je ne sais pas s’il faut aller chercher si loin. Franck a toutes les qualités », confiait alors Cotter. Qui avait tenu le même discours à la direction d’alors. Mais Azéma apparaissait comme un homme qui cherche l’ombre. « Si mes responsabilités changent, mon attitude changera aussi », nous affirmait alors le Catalan. Qui a effectivement changé de braquet en même temps que de statut.

À sa prise de fonctions, tout le monde a testé Franck Azéma. Ses adversaires, ses joueurs, les agents et les journalistes. Tout le monde en a eu pour son argent. Le Catalan a musclé la communication du secteur sportif auvergnat. Ses coups de gueule sont réguliers, quelques-uns sont mémorables. Pour ses joueurs, il a aussi imposé sa patte. Par une quête de rigueur extrême, d’abord, qu’il a desserré à l’hiver 2015-2016. Mais Azéma, en trois ans, a aussi trouvé une porte de sortie à la majorité des joueurs estampillés de l’ère Cotter : Jamie Cudmore, Brock James, Julien Bonnaire ou Julien Pierre. Parfois, avant même les fins de contrat comme dans le cas des deux derniers. Plus confortable pour lui, d’autant qu’il choisit désormais pleinement les hommes qui les remplacent. Avec le recul contraint et forcé pris par Jean-Marc Lhermet, Franck Azéma a élargi ses prérogatives sur le recrutement.

Enfin, il a construit en trois ans un staff qui lui correspond. Les derniers « hommes de Cotter » (l’analyste vidéo Stéphane Boiroux et le préparateur physique David Leon) quitteront le club cet été. Didier Bès est arrivé, Xavier Sadourny a pris du grade. Jono Gibbes, dernier anglo-saxon du staff, rejoindra l’Ulster en juillet prochain et sera remplacé par le compagnon de route de toujours, Bernard Goutta. Franck Azéma, désormais directeur sportif, aura alors la pleine puissance sur le secteur sportif.

 

Éric de Cromières

Il fallait donc se méfier de sa bonhomie. De la sympathie a priori d’Éric de Cromières, qui venait sérieusement dérider une présidence clermontoise longtemps marquée par le flegme froid de René Fontès, son prédécesseur. Le président de l’ASMCA a le mot pour faire rire, prête un regard plus décontracté sur le rugby et son club. Mais le bilan factuel est assez radical : derrière lui et ses quatre années de présidence, Éric De Cromières laisse la création d’un centre d’entraînement superbe et d’une « ASM Expérience » (un « parc à thème » comme le défini le club, évitant soigneusement le mot de « musée »). Il laisse aussi des cadavres : Jacques Pineau, ancien directeur général délégué, remercié dès juillet 2014. Jean-Marc Lhermet, directeur sportif historique, « éloigné des affaires sportives » à l’été 2016 malgré le bilan excellent de ses quinze ans en première ligne de la structure professionnelle. Cet automne, c’est Annie Nicolas, directrice marketing et communication pendant plus de dix ans, qui prenait la porte du club, après un passage par le projet ASM Expérience. En interne, on en rigole en disant qu’ils ont tous été « de Cromièrisés ». Après une jolie compensation financière à la clé, pour s’éviter toute polémique publique.

« Un entraîneur entraîne, un président préside. J’y crois, chacun son rayon de compétence », répète souvent le président. Il ne met en effet que peu le nez dans les affaires sportives du club. Il laisse les mains libres à Franck Azéma et ne regarde le recrutement que pour le valider, en bout de chaîne. Son domaine, c’est l’administratif, l’économique et la représentation du club. Et dans ces secteurs, De Cromières a déjà fait un vaste ménage. « Il n’est pas compétent sur tous les aspects du boulot mais sa grande force, c’est de savoir s’entourer et de déléguer aux bonnes personnes. C’est une grande qualité », dit-on de lui en interne. Il a, en tout cas, mis une main à poigne sur le club.

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