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Julien Bonnaire : « Chapeau à la charnière »

Par Simon Valzer
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    Julien Bonnaire : « Chapeau à la charnière »
Publié le Mis à jour
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Troisième ligne international de Lyon, Julien Bonnaire (75 sélections), qui a passé huit ans à Clermont, nous livre les clés de la demi-finale européenne, et se projette sur la finale. Décryptage.

Quelles ont été les clés de la victoire clermontoise ?

À mon sens, c’est leur première mi-temps. Pendant quarante minutes, on n’a vu que les Clermontois : en mêlée, en touche, au sol… et puis ils ont bien profité du carton jaune. Les Irlandais perdaient beaucoup de ballons et ne parvenaient pas à développer leur jeu. Les choses ont changé en deuxième mi-temps, puisque le Leinster s’est réveillé mais les Auvergnats ont su se montrer pragmatiques pour marquer dans les moments qui comptent. Je pense notamment à ces deux drops de Camille Lopez, qui ont fait énormément de bien. Les Clermontois ont fait le match qu’il fallait.

 

En quoi les Clermontois ont bien profité du carton jaune donné à Isa Nacewa ?

Ils ont réussi à camper dans le camp adverse et à concrétiser leurs actions, ce qui est décisif sur un match de cette intensité. Sur le plan tactique, Morgan Parra a très bien occupé le camp adverse avec ses coups de pied dans la boîte accompagnés d’un fort pressing au sol. Je pense qu’il avait remarqué que l’ailier était avancé. À plusieurs reprises, il a réussi à taper dans son dos. Cela a obligé les Irlandais à concéder des touches dans leur camp. C’est aussi de cette façon que Morgan a très bien exploité l’absence de Nacewa au fond du terrain : comme il manquait un joueur pour couvrir cette zone, il a su trouver des espaces et tenir les Irlandais chez eux.

 

L’indiscipline du Leinster en première mi-temps vous a-t-elle surpris ?

Oui et non. Cela ne leur ressemble pas, mais il faut dire qu’ils étaient constamment sous pression. C’est là-dessus que Clermont a gagné le match : en se montrant capable de tenir son adversaire sous pression dans les moments importants. Avec des montées défensives agressives et rigoureuses, et des ballons grattés décisifs, comme ceux de Fritz Lee, et un autre de Morgan Parra.

 

Le Leinster était aussi réputé pour la qualité de ses rucks, comment les Clermontois sont-ils parvenus à dominer ce secteur ?

Ils ont été plus rapides, et plus précis sur les zones. On voyait très souvent un, deux, voire trois Clermontois sur la zone avant même qu’un Irlandais arrive en première mi-temps. Je pense qu’ils avaient ciblé cette zone-là dans la semaine. Le problème, c’est qu’ils ont eu du mal à maintenir cette intensité. En levant le pied en deuxième mi-temps, ils se sont mis en danger. Ils ont certainement payé là les efforts de la première mi-temps. Les choses se sont ensuite inversées en deuxième mi-temps : les Clermontois ont subi, et se sont mis à la faute. Heureusement pour eux, ils ont réussi à remettre la main sur le ballon et passer cette pénalité de Morgan et les deux drops de Camille. Cela leur a redonné un ascendant psychologique.

 

Quel regard portez-vous sur le duel en touche ?

La touche explique aussi la domination clermontoise en première mi-temps, avec notamment deux ballons volés sur lancer adverse. D’une façon générale, ils ont bien varié les zones de saut, et ont même tenté par deux fois des combinaisons dans le couloir des cinq mètres. Ils ont aussi bien alterné leurs sauteurs avec Chouly, Iturria, Lapandry… Ce ne sont pas les sauteurs qui manquent à l’ASMCA.

 

Les deux drops de Lopez montrent encore qu’il a changé de dimension ?

Oui, c’était la stratégie à adopter à ce moment-là. Camille a signé un grand Tournoi. On lui a donné confiance et il est en train de la rendre, tant en club qu’en sélection. D’une manière générale, la charnière a fait un gros match. Ils ont joué un rôle essentiel dans la conduite du jeu et dans l’occupation. Il faut leur tirer un coup de chapeau, même s’il faut aussi saluer les avants qui les ont mis dans de bonnes dispositions.

 

Les Saracens vous ont-ils impressionné ?

Je n’ai pas vu le match en intégralité, mais ils ont dominé le match de part en part. C’est une équipe qui sera très difficile à manœuvrer, et qui dispose d’une solide expérience de ces grands matchs. Clermont, en outsider, aura une belle carte à jouer.

 

Les Clermontois seront donc outsiders ?

Oui, forcément. Les Saracens sont champions en titre, mais ce statut d’outsider conviendra parfaitement à Clermont.

 

Comment faire pour vaincre les Saracens ?

C’est une machine huilée, puissante… Il n’y a pas trente-six solutions : les Clermontois devront être durs devant, et empêcher leurs principaux porteurs de balle d’avancer : je pense aux Vunipola, Itoje, etc...Plus facile à dire qu’à faire mais c’est un beau challenge.

 

Un pronostic ?

Je mettrais une pièce sur Clermont. Cela peut être la bonne année. En plus, j’aurai la chance d’être au stade, donc j’espère les voir gagner.

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