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Toulouse : Sortie de crise ?

Par Emmanuel Massicard
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    Toulouse : Sortie de crise ?
Publié le Mis à jour
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En proie à des difficultés sportives et financières, le stade toulousain est contraint de réinventer son modèle pour assurer son avenir. Didier Lacroix et Hervé Lecomte sont en lice pour succéder à René Bouscatel au poste de président du directoire. Fabien Pelous et ugo mola, qui assumaient les responsabilités du secteur sportif, se retrouvent en première ligne, avec un effectif que le club entend conserver...

Une fin comme un leurre magistral. Samedi, le Stade toulousain a bouclé l’une des plus sombres saisons de son histoire par un feu d’artifice. Des fusées pétaradantes et colorées sont venues déchirer le tableau noir de la nuit qui embrasait Ernest-Wallon à l’instant d’accompagner Thierry Dusautoir vers sa retraite dorée. Sans parachute. Le capitaine ne sera pas le seul à revenir brusquement sur terre dans les jours à venir, une page va également se tourner au sommet de l’institution rouge et noire qui s’apprête à faire sa révolution.

 

Bouscatel a choisi

Par delà le départ des cadres du vestiaire qui allègeront la masse salariale de deux bons millions d’euros, l’heure de la retraite a sonné pour le président René Bouscatel, en poste depuis bientôt 25 ans… Déjà membre de l’association des Amis du Stade, il pourrait y tenir un rôle plus important dans les années à venir. Si, à l’inverse de Dusautoir, le patron du Stade n’a encore rien officialisé son avenir est réglé. Il a choisi son camp dans la succession qui s’est ouverte en début de saison. Dans le match qui l’oppose à Hervé Lecomte (président du Conseil de Surveillance), Bouscatel s’est rangé derrière Didier Lacroix, Pdg de la régie « A la Une », qui gère les droits commerciaux et publicitaires du club le plus titré du rugby français. Les candidats au poste de président du Directoire que laissera vacant Bouscatel au mois de juin ont jusqu’au mercredi 10 mai pour se déclarer. La perspective d’une lutte fratricide entre Lecomte et Lacroix, les seuls officiellement à être intéressés, semble peu probable au sein d’un club déjà meurtri par les échecs sportifs. Du coup, un accord pourrait survenir entre les deux candidats dans les heures à venir : Lacroix dans le fauteuil de Bouscatel, à la présidence du directoire, travaillant en étroite collaboration avec Lecomte, si ce dernier conserve la confiance du Conseil de Surveillance.

 

 

Lacroix, avec ou sans lecomte ?

Par delà le soutien présidentiel, ils sont en effet nombreux en coulisses à pousser derrière Lacroix qui apporterait la « bulle » d’air financière indispensable à l’avenir immédiat du club. Si aucun projet d’envergure ne saurait être mené sans l’accord de Fiducial, Toulouse a multiplié les pistes pour assurer son avenir : celle de l’hypothèque des installations d’Ernest-Wallon, propriété des Amis du Stade. Celle, aussi, de la régie « A la une »... Ce qui aurait le mérite de libérer Lacroix de ses obligations contractuelles et d’apporter une nouvelle manne financière au club… Des contacts ont été noués avec une société spécialisée dans le marketing sportif. Ils pourraient se concrétiser prochainement si Lacroix est en route vers la présidence. Enfin, ce dernier fédérerait un pool de partenaires qui apporterait près de cinq millions d’euros. De quoi largement faire face aux exigences de la DNACG estimées à un peu moins de deux millions d’euros pour reconstituer le fond de réserve exigé en vue de la saison prochaine.

 

Pelous sur la sellette...

La révolution du palais rouge et noir ne s’arrêtera pas au changement de président. L’avenir de plusieurs figures de proue toulousaines s’inscrit en pointillés. D’abord, Jean-Baptiste Elissalde qui ne devrait pas être conservé au poste d’entraîneur des trois-quarts malgré une ultime année de contrat. L’ancien demi de mêlée, incroyablement ignoré lors des festivités samedi soir, s’est vu proposer une reconversion à la formation, auprès des moins de 12, 14 et 16 ans ! C’est Fabien Pelous, en tant que directeur sportif, qui a géré ce dossier... Mais, lui-même n’est pas épargné par les mauvais résultats au point de se retrouver sur la sellette, comme Ugo Mola. La confusion qui entoure son action fait grincer de nombreuses dents en interne, au point de le fragiliser. Reste à savoir si le futur président décidera de tout changer ou s’il se donnera un peu de temps. « Quoi qu’il en soit, c’est une certitude, nous devrons faire le dos rond pendant au moins deux ans » concédait, lucide, un dirigeant historique de la maison rouge et noire ce dimanche. Pour peu que le changement soit bel et bien acté...

 

Denis Charvet, ancien centre : « Le passé est lourd »

« J’ai quand même l’impression que le club est plus fort que les hommes qui y passent. Alors, je pense que les choses vont finir par repartir, mais il est sûr que la succession de Guy Novès fut très difficile à négocier pour tout le monde. Un caractère comme le sien, je n’en ai pas souvent rencontré dans ma vie. Il a laissé un grand vide. Pouvait-on l’anticiper ? Je n’en suis pas sûr car tout a si bien fonctionné pendant vingt ans… Il n’y a rien à regretter. Quand je vois la réaction des joueurs en partance samedi soir, je me dis qu’il y a toujours un héritage. Et puis le fait qu’un talent comme Antoine Dupont veuille venir, montre bien que le club représente toujours quelque chose. Après, je le reconnais, le club traverse une période difficile, mais je ne pense pas qu’elle va durer. Je suis un peu extérieur à ce qui se passe en coulisse, mais je sais qu’à Toulouse, le passé est lourd alors, ça provoque des luttes intestines. C’est d’ailleurs pour ça qu’à mon époque, je suis parti. Pour l’heure, l’impératif est de resserrer sur une identité forte et je pense que les deux candidats à la présidence sont attachés à ça. Ils ont tous les deux porté le maillot. »

 

Thierry Maset, Président des anciens : « Nous fonctionnons à la marge »

« Ce que je crois comprendre, c’est que le modèle économique proposé par le Stade n’a plus d’avance. Je pense que nous avons perdu l’envie d’innover et que l’enthousiasme a baissé au fil des ans. Je crois aussi que d’autres clubs ont émergé avec des capitaux très forts. En fait, je pense que le Stade Toulousain doit revisiter son modèle. Ce club a toujours voulu garder une certaine indépendance, mais on peut se demander jusqu’à quel point ça ne nuit pas à sa progression. Il faut comprendre que nous, les anciens du Stade, nous n’avons aucun pouvoir de décision ou d’influence. Nous ne sommes représentés dans aucune des instances. Mais nous avons beaucoup d’idées, beaucoup d’ambitions pour aider le club à aller de l’avant. Nous n’avons jamais vu de main tendue pour pouvoir intégrer l’institution, donc nous fonctionnons à la marge. Quant à la lutte de pouvoir actuelle, j’ai l’impression que nous assistons à une sorte de poker menteur. Et pendant ce temps, les autres équipes avancent…»

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