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« Viser au-dessous du ballon »

Par Simon Valzer
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    « Viser au-dessous du ballon »
Publié le Mis à jour
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David Ellis - Ancien entraîneur de la défense du XV de France et de Lyon

Qu’est ce qui a conduit les entraîneurs à reconsidérer la technique de plaquage ?

La réglementation s’est considérablement durcie ces derniers temps, et l’on ne peut plus se permettre de concéder des pénalités, ou un carton jaune trop facilement. Le problème, c’est que le règlement est tellement strict que des joueurs se retrouvent sanctionnés alors qu’ils ne le font pas du tout de façon intentionnelle. J’ai aussi noté une différence entre les différents arbitrages : en France, les arbitres ont tendance à appliquer le règlement à la lettre, sans vraiment contextualiser l’action. En regardant la Coupe d’Europe, j’ai trouvé que les arbitres britanniques sanctionnaient moins aveuglément les joueurs, en s’attachant au contexte de l’action, notamment quand un contact léger entre la tête et l’épaule survient, mais de façon totalement fortuite.

Qu’avez-vous fait pour vous adapter alors ?

Comme le règlement interdit tout contact avec les épaules ou la tête, il a fallu demander au joueur de changer de cible, et ainsi créer une cible imaginaire située en dessous du ballon. Avant, on demandait aux joueurs de viser le ballon, pour bloquer les passes après contact. Maintenant, on leur demande de viser en dessous. Ce n’est pas facile, surtout pour des joueurs très grands, ou issus des îles du Pacifique, qui ont l’habitude de plaquer aux épaules. À Lyon, des joueurs comme Tuifua, Fearns ou Paulino étaient très sanctionnés en début de saison. Nous les avons sensibilisés sur la question, et avons travaillé tout au long de la saison avec l’effectif. Résultat, le Lou figure parmi les meilleures défenses du championnat.

Que change le fait de plaquer sous le ballon ?

En plaquant, on a tendance à glisser vers le haut. En visant sous le ballon, on va remonter sous le bras porteur et on a davantage de chances de lui faire exploser le ballon. Et puis on est sûr de ne pas remonter jusqu’aux épaules.

Quelles conséquences sur l’organisation collective ? Comment décider de qui plaque en haut ou en bas ?

Tout dépend de l’option que l’on prend, si la défense est inversée ou glissée par exemple. Normalement, c’est le joueur situé à l’intérieur du porteur de balle qui va aux jambes. Pourquoi ? Parce que le soutien offensif est souvent placé à l’extérieur, et que le second défenseur peut aller plaquer sous le ballon. Ce faisant, on empêche l’attaquant de transmettre le ballon vers l’extérieur.

Point Lexique : « chop tackle »

Les Anglophones sont friands de ces appellations : vous connaissiez les « choke tackle », ces plaquages dits « en chaise » visant à garder le porteur de balle debout et à le coffrer pour récupérer le ballon via une intervention de l’arbitre. Voici venir donc les « chops tackle », qui sont totalement différents. En anglais, « to chop » signifie « couper », ou « trancher ». Au contraire des premiers cités, ces plaquages visent donc à faire tomber le plus rapidement possible le porteur de balle. Ce rôle est dévolu au défenseur situé à l’extérieur du porteur de balle, lequel est assisté d’un soutien défensif placé à l’intérieur. La mission de ce second défenseur est claire : sitôt le porteur de balle au sol, il doit contester le ballon le plus rapidement possible. Redoutable, ce dispositif ressemble donc à une mini-défense inversée sur les bordures.

par Simon Valzer

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