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Le mécénat en question

Par Jacques Verdier
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    Le mécénat en question
Publié le Mis à jour
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Tout le malheur du Stade toulousain pourrait bien se résumer en une seule et simple phrase : l’impossibilité où il est désormais de faire venir les meilleurs joueurs à lui, comme jadis et naguère. Tout le reste n’est que billevesées. 

Mais en décrétant qu’un club de rugby centenaire participe du patrimoine local, régional, et ne saurait sans honte appartenir à un seul homme, ou à une seule entreprise, le Stade s’est ouvert une veine. On ne saurait trop le lui reprocher au nom de la morale, des traditions, de l’intelligence même, à moyen et long terme, ainsi que l’exprime Erik Bonneval dans Midi Olympique. Mais dans ce monde nouveau où l’économie l’emporte sur l’éthique, où la finance prévaut sur la culture, où la rentabilité supplante l’Histoire, le risque n’en demeure pas moins considérable.

Essayons d’être clair. Une poignée de présidents dérégule aujourd’hui, le marché du rugby sous couvert d’un mécénat qui les autorise à dépenser plusieurs millions d’euros dès que le besoin s’en fait sentir. Un déficit ? Ils le comblent. Des difficultés ? Ils les résorbent. Une star à séduire ? Ils mettent le prix. C’est ainsi que Thomas Savare avouait récemment que le Stade français lui avait coûté plus de quarante millions d’euros sur les dernières années. Défiscalisation ou pas, cela reste une paille ! Et il en va probablement de même, j’imagine, pour des hommes aussi fortunés que Jacky Lorenzetti ou Mohed Altrad. Là encore, aucun jugement de valeur de ma part. À leur place, j’imagine que nous ferions, tous, pareil.

Mais l’on voit bien où le bât blesse pour toutes les autres équipes-Clermont, Lyon et Castres mises à part pour les raisons que l’on devine- tenues de faire avec les moyens du bord, submergées par le « toujours plus » des clubs les plus opulents et désormais tentées d’ouvrir le capital à un partenaire financier richissime, si la chose est encore possible.

Des contre-exemples ? Il en existe encore quelques-uns. Toulon est de ceux-là. Mais outre que Mourad Boudjellal serait toujours tenté de vendre mû par l’inquiétude, demain, de ne plus pouvoir suivre le train d’enfer, la question peut se poser de savoir ce qu’il adviendrait, ici et maintenant, du RCT sans des résultats sportifs probants ? La Rochelle ? C’est le Toulouse de naguère. Ses résultats plaident pour lui, mais son modèle, désormais atypique, pourra-t-il perdurer ?

De sorte, on l’aura compris, que c’est toute l’économie du rugby qui se trouve ici posée à travers le prisme hautement symbolique du Stade toulousain. Je crains que le rugby ne soit jamais le foot et qu’il y ait quelques malignités à se jeter à corps perdu dans cette économie libérale, cette politique du toujours plus. Le droit à la différence dont se prévalait le rugby avait quelque chose de romantique. Une manière d’idéal que la finance foule aux pieds.

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