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Aubin Hueber : « Il faut s'attendre à des suprises côté rochelais »

Par midi olympique
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    Aubin Hueber : « Il faut s'attendre à des suprises côté rochelais »
Publié le Mis à jour
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Après Jean-Pierre Elissalde, Aubin Hueber se livre avant les demi-finales de Top 14 de ce week-end. L'ancien demi de mêlée international français du RCT et ancien entraîneur du club rouge et noir décrypte la demi-finale qui va opposer Varois et Maritimes vendredi soir au Vélodrome.

Au vu des dernières nouvelles (François Trinh-Duc, Ma'a Nonu, Bryan Habana et également Laurent Delboulbès sont annoncés forfaits, N.D.L.R), c'est un Toulon amoindri qui va se présenter à Marseille, cela peut-il avoir une forte incidence ?

C'est quand même dommageable parce que François Trinh-Duc avait montré des choses intéressantes durant le barrage face à Castres (remporté par le RCT 26-22, N.D.L.R). Antony Belleau (ouvreur de l'équipe de France des -20 ans, N .D.L.R) qui est amené à le remplacer a du talent. Il n'a pas l'expérience de François Trinh-Duc mais il a de la qualité. Je pense que le staff toulonnais aurait dû l'essayer plus souvent cette saison (il compte trois titularisations cette saison N.D.L.R). Quand il vous arrive une tuile pareille en phases finales, la gestion de la pression est primordiale. Il risque d'en avoir beaucoup et il va falloir voir comment il va la gérer. On ne se poserait pas la question si Toulon s'en était servi plus souvent.Est-ce qu'il va supporter tout ce qui se passe autour de la demi-finale, l'entourage, ce que cela représente pour le club ?La qualité, intrinsèquement, il l'a, c'est un très bon joueur technique, un bon buteur et il sait défendre. Avec la pression, est-ce que cela ne va pas diminuer son niveau ? La question se pose.

 

Qu'avez-vous pensé du visage montré face à Castres ?

Toulon a sorti son visage de phases finales. Mais la mutation ne s'est pas faite contre Castres. Contre l'UBB (victoire 26-13 à Bordeaux, N.D.L.R) et face à Pau (victoire 32-12, N.D.L.R), je les avais déjà trouvé appliqués, rigides. La conquête a notamment excellé.

 

Il semblerait que l'éviction de Mike Ford après le quart de finale de Champions Cup perdu face à Clermont et la reprise en main de Richard Cockerill aient changé quelque chose...

Mike Ford voulait un jeu développé mais à Toulon on ne peut pas le faire n'importe où n'importe comment, attention. Je pense qu'ancestralement, on se reconnaît plus dans ce qui est proposé par Richard Cockerill. C'est-à-dire, un jeu plutôt frontal. Le jeu de Toulon dans les phases finales, ancestralement n'a jamais été fait de grandes envolées. Il est plus lié à la puissance, à l'efficacité autour des ballons portés, l'avancée de la mêlée fermée, et la performance de la touche. C'est aussi une prise au centre du terrain par des joueurs puissants ainsi qu'une bonne défense et un bon buteur. Voilà ce qu'est le jeu toulonnais.

 

Le RCT est en demi-finale pour la sixième fois d'affilée mais semble vivre la saison la plus compliquée depuis ces cinq dernières années, comment le ressentez-vous ?

Je pense que c'est la plus compliquée depuis six, sept ans. Les résultats n'ont pas été constants, les changements de managers (Diego Dominguez puis Mike Ford, N.D.L.R) ont fait que les joueurs ont eu du mal à s'y retrouver. Il y a eu la séparation avec Jacques Delmas, l'entraîneur des avants en novembre dernier, l'éviction de Steve Meehan...Tout cela a fait que les joueurs n'ont pas été dans la sérénité.

 

Est-ce que vous considérez que c'est miraculeux de les voir à ce niveau des demi-finales ?

Je ne dirai pas miraculeux, non pas à ce point. Ils se sont repris au bon moment. Un peu comme le Racing 92. L'appel des phases finales et de la finale fait que les deux clubs se rappellent au bon souvenir de Barcelone. Bon, il reste La Rochelle à jouer quand même (sourires).

 

Justement, ils sont tombés face à Castres sur un adversaire qui leur a proposé sensiblement le même jeu. La Rochelle risque de proposer autre chose. Est-ce que Toulon va devoir s'adapter au jeu rochelais ou continuer dans ce registre physique ?

La Rochelle a un jeu quand même assez direct. Ils essaient de passer la ligne d'avantage soit par les avants soit par l'explosivité de leurs trois-quarts. Ils ont des joueurs dans chaque ligne qui sont capables de faire la différence. Je reste persuadé que stratégiquement au niveau de la défense, Patrice Collazo et son staff ne vont pas mettre Brock James à l'ouverture mais ils vont le faire décaler à l'aile. Ils ne vont pas le confronter à la puissance toulonnaise notamment celle de Mathieu Bastareaud. La Rochelle va essayer de proposer quelque chose de plus dynamique. Cette équipe est puissante, mais elle peut être aussi explosive.

 

Les Rochelais ont un facteur X également en la personne de Levani Botia. Que pensez-vous de ce joueur ?

Il fait de très grosses prestations depuis deux, trois saisons. Mais cette année, il martyrise les défenses, que ce soit en troisième ligne aile ou en centre. C'est un peu leur Tuisova (sourires). Il est essentiel dans le dispositif du staff rochelais. Il fait avancer offensivement son équipe. Défensivement, ce n'est pas un des plus gros plaqueurs mais il gratte de nombreux ballons. Après, il ne faut pas oublier le reste de la ligne de trois-quarts. Sur les ailes, il y a de la qualité que ce soit Lacroix, Rattez ou Retière. Ils amènent du peps et ils sont capables de mettre le feu partout. C'est un cocktail parfait entre explosivité et puissance.

 

Est-ce que c'est une surprise de voir La Rochelle aussi haut cette saison ?

Ils ont fait des bons résultats à domicile puis ils ont commencé à s'exporter. C'est ce qui leur avait manqué les saisons précédentes. Le fait de gagner à Mayol, à Toulouse puis au Racing a prouvé leurs qualités. C'est copieux. C'est une équipe et un club qui est monté en puissance dans le rugby hexagonal. Le Stade Rochelais travaille bien autour de Patrice Collazo, de Xavier Garbajosa et tout le staff. Ils travaillent sereinement, dans l'application et la rigueur chère à Patrice Collazo. L'équipe est à l''image du staff. Collazo est un Toulonnais qui a appris de ses multiples expériences dans les clubs par lesquels il est passé, il représente d'une certaine forme la rudesse, le jeu d'avants. Xavier Garbajosa a ce côté toulousain que l'on retrouve derrière chez La Rochelle dans le jeu de ligne. C'est un mélange de rugby toulonnais à la toulousaine. Le groupe est homogène et fait preuve d'efficacité.

 

Existe t-il des similitudes entre le caractère rochelais et le caractère toulonnais ?

Ce sont des villes portuaires, qui ont le don du sacrifice et de la rébellion. La Rochelle a envie d'exister un peu comme Toulon qui a cette image d'insulaire du rugby.

 

Quels souvenirs gardez-vous de Patrice Collazo en tant que joueur, notamment lorsqu'il portait les couleurs du RCT ?

C'était un joueur rugueux, à la toulonnaise. Mais il aimait bien également toucher le ballon. Il chérissait le combat mais il était à l'aise ballon en main.

 

La Rochelle a Levani Botia, Toulon a Liam Gill. Ce joueur est en train de réaliser une saison pleine. Le RCT a t-il trouvé son nouveau Steffon Armitage ?

C'est une très belle découverte. Gill est un joueur intéressant dans les phases de plaquages et les ballons de récupération. Il est peut-être un peu moins puissant offensivement que Steffon Armitage. Malgré tout, il est toujours au rendez-vous. Quand il y a le feu, il arrache les ballons et fait rebondir le jeu. Il assure la liaison entre les avants et les trois-quarts.

 

Le duel des demi de mêlée sera aussi à surveiller...

Sébastien Tillous-Borde et Enrico Januarie sont deux demi de mêlée qui ont besoin de leur physique et d'être à 100 % pour que tout fonctionne. Il y a de la technicité mais ils ont un jeu qui se ressemble un peu. Ils ont une belle passe, Januarie me semble un peu plus puissant. Il aime jouer autour des rucks.

 

À quelle genre de match faut-il s'attendre ?

Dans un premier temps, je pense que ça va taper dur (sourires). Il va y avoir du défi physique. Les Rochelais vont rester eux-mêmes. Je pense qu'il va falloir s'attendre aussi à quelques surprises offensivement et défensivement de leur part. Cela peut être sur des combinaisons en touche, des lancements de jeu élaborés pour mettre de l'iniative et de l'inventivité dans leur jeu.

 

Le fait que Toulon ne les ait pas battus lors de la phase régulière cette saison (match nul à Marcel-Deflandre, 17-17, défaite à Mayol, 20-23, N.D.L.R), cela peut-il avoir une incidence et un impact psychologique selon vous ?

Non, je ne le pense pas. Le groupe toulonnais est un groupe de « winners ». Ils veulent et savent gagner. Il faudra voir ce que La Rochelle va proposer pour les mettre en difficulté.

 

Quel est votre pronostic ?

En tant que Toulonnais, je suis obligé de dire Toulon. Mais si il faut être objectif, La Rochelle avec la saison réalisée est tout à fait capable d'aller en finale, ils ne sont pas là par hasard. Tout va dépendre des ingrédients mis dans cette rencontre. Si Toulon propose ce qu'ils font dernièrement, ils ont une chance de passer. L'inexpérience de La Rochelle peut les desservir mais aussi amener de la folie. La folie peut faire gagner des matchs. Au final, l'équipe qui sera le mieux structurée ne sera pas loin de la vérité.

 

Propos recueillis par Enzo Diaz

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