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Ta mère en slip

Par Marc Duzan
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Publié le
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Petit billet d'humeur à l'attention des streaker...

Le Larousse lui consacre une ligne. « Streaker : personne nue qui traverse un lieu public en courant. » Le phénomène n’est pas propre à la modernité. On relève même les premières traces de « streaking » au début du XIXe siècle, au jour où le dénommé George Crump avait traversé le gymnase d’une université de Louisiane à poil, provoquant l’ire d’une société nord-américaine plus constipée qu’elle ne l’est encore aujourd’hui. Deux cent ans plus tard, l’hypermédiatisation du sport professionnel offre aux « streakers » une visibilité nouvelle, voire illimitée. Il ne se passe pas deux week-ends, en Top 14, sans qu’un individu nu comme un ver ou en slip n’échappe à la vigilance des stadiers pour faire irruption sur la pelouse. Dix secondes durant, on déplace la cible et on attire la lumière vers soi. Les vigiles passent pour des emmanchés, le public se fend la poire et les réseaux sociaux s’en goinfrent jusqu’à satiété. Je dois être trop vieux, trop triste, ou trop con. Mais s’il le fallait, je militerais dès demain pour que tous les streakers du monde aillent se faire pendre. Parce que si je voulais vraiment croiser la route de gonzes en slip, j’irais chez Michou plutôt qu’au Vélodrome et qu’il me semble inconvenant, voire carrément vulgaire, de détourner un spectacle à son seul profit, de s’approprier un événement dans l’unique but de remporter un funeste pari, de faire marrer Jeanfoutre, Mortecouille ou Piqueboufigue et satisfaire, in fine, un ego jamais rassasié. Très sincèrement, il ne me viendrait pas à l’idée de grimper sur la scène du théâtre de Bobino en calbar pour serrer la paluche à Jacques Weber ou claquer la bise à Fabrice Lucchini. Comme il me semblerait irréel de danser les sardines, vêtu d’un seul bob, au milieu des ballerines du Bolchoï. Vous dites que le rugby pro est un spectacle et ses acteurs des artistes ? Alors rhabillez-vous et traitez le comme tel. Car pour plagier Finkielkraut : « Avant, c’était l’excellence qui créait la notoriété. Aujourd’hui, c’est la notoriété qui crée l’excellence. » Ta mère en slip, streaker.

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