Abonnés

Didier Lacroix : « Le Stade toulousain ? Je suis né dedans...»

Par Jérémy Fadat
  • Didier Lacroix :    « Le Stade toulousain ? Je suis né dedans...»
    Didier Lacroix : « Le Stade toulousain ? Je suis né dedans...»
Publié le Mis à jour
Partager :

Officiellement nommé ce mardi après-midi futur président du Stade toulousain à l'issue d'un Conseil de surveillance, poste dans lequel il entrera en fonction le 1er juillet, Didier Lacroix a livré ses premières impressions à Midi Olympique. Enfant du club, il explique ses motivations et ses objectifs.

Quelle est votre première ambition de président de ce club ?

Offrir à la grande famille du Stade toulousain l'unité qui nous a toujours permis d'être sur les plus hautes marches de la performance. Le club n'appartient à personne et son président s'inscrit dans une lignée. Le plus grand exercice n'est pas juste de succéder à René Bouscatel mais à l'ensemble de ceux qui ont fait la vie de Toulouse. L'avantage, c'est que je suis né avec eux. Je suis passé dans tous les postes du club. En tant que joueur de l'école de rugby, éducateur, joueur professionnel, entraîneur, dirigeant, ou salarié extéro-interne et j'ai vécu avec toutes les associations. Je pense pouvoir changer le mode de collaboration. Elles sont dirigées par des gens historiques et jamais je ne me permettrai de pousser vers la sortie qui que ce soit. Il est certain qu'on aura besoin d'un circuit court de décision mais seule la suite nous donnera raison. Le vilain terme dont on doit se méfier, c'est l'armée mexicaine. Le Stade toulousain a besoin de réunir des gens qui ont la volonté de faire et les compétences pour le faire.

 

Pour combien de temps êtes-vous élu ?

Quatre ans. Si, entre-temps, il y a eu des évolutions en termes de capital ou une remise en cause de la politique du club, je suis révocable.

 

Serez-vous président salarié ?

Oui, je pense, si l'économie du club le permet, ce qui n'est pas sûr. Quand un président est propriétaire d'un club, il prend souvent la direction du Conseil de surveillance. Moi, je viens pour la partie opérationnelle et je mettrai ma responsabilité sur la table.

 

L'urgence est économique, avec le cap de la DNACG à passer. Selon nos informations, les conditions réclamées par cette dernière ont été remplies. La priorité restera-t-elle financière ?

Ce club doit se recapitaliser. Il a trouvé aujourd'hui des solutions financières pour passer le cap de la fin de saison 2016-2017 et pouvoir aborder 2017-2018 sans aucun problème. Nos difficultés sont liées à la réglementation des instances du rugby. Nous sommes, depuis quelques années, sur un déficit structurel qui nous amène à consommer régulièrement nos fonds propres et il y a des solutions à trouver pour les reconstituer. C'est une priorité. Puis, il conviendra de faire évoluer le modèle économique.

 

Le montage financier pour boucler le budget de la saison en cours est connu puisqu'il concerne la vente de votre régie à une société, Infront Sports et Média, qui signera un nouveau contrat de marketing avec le club. Pouvez-vous nous expliquer ?

Je collabore depuis six ou sept ans, dans mon métier de marketing sportif, avec cette société de renommé internationale. Son patron dit que le Stade toulousain est la marque du rugby, il est né avec ce club qui a marqué les histoires sur le plan du sportif et du marketing, aux échelles nationale et internationale. C'est le « jeu de mains, jeu de Toulousains ». Il se trouve que le différentiel entre ce que cette société amène et ce qui concerne l'indemnisation du club correspond à la somme nécessaire pour les fonds propres. Elle s'engage sur dix ans.

 

On parle d'un ticket d'entrée à 3,5 millions d'euros et d'un dédommagement à hauteur de 1,5 million d'euros pour votre régie...

Je ne peux pas évoquer les chiffres puisqu'il existe des clauses de confidentialité. 

 

Votre statut à la tête de la régie « A la Une » laissait planer le risque de conflit d'intérêt, jusque ces derniers jours...

Le conflit d'intérêt, c'est quoi ? C'est qu'à un moment, des gens peuvent se dire : « Didier Lacroix a des relations familiales et amicales au sein du club. » Évidemment, je suis né dedans ! Le premier conflit d'intérêt, s'il avait dû exister, est de savoir si Jean Lacroix, en tant que dirigeant historique auprès de Guy Novès, s'est permis d'influencer ce dernier pour qu'il me fasse jouer ? Je vous laisse aller l'annoncer à Guy Novès... Je me suis construit sur le : « Il est en train de profiter du système. » Mais je suis obligé d'avancer en sachant que certains coups de hache sont plus douloureux que les coups de fléchettes. Je sais d'où je viens, je connais les valeurs entrepreneuriales qui m'ont été données, notamment par mon père. Que voulez-vous que je réponde aux gens qui pensent cela ? Je vais m'efforcer de remettre le Stade toulousain sur un niveau de performance qui doit être le sien. Si je n'y arrive pas, cela les autorisera à dire ce qu'ils veulent. Mais je laisse quand même tomber mon job, je fais des concessions financières, je me mets en risque dans quelque chose qui ne m'appartient pas et j'ai cédé des actifs, ce que je peux prouver : presque à la moitié de leur valorisation.

 

Qu'est-ce qui a motivé votre décision de vous porter candidat ?

Il y a des moments dans la vie où l'ensemble des planètes s'alignent. Dans ma vie actuelle, j'étais à la quintessence de ma liberté. J'avais l'aisance financière, qui n'a jamais été patrimoniale ; elle me permettait de vivre comme je le souhaitais et on ne me dictait pas ma loi en termes d'emploi du temps. Mais quand ton amour pour cette institution est telle et que tu penses, avec humilité, qu'une partie de son redressement passe par une restriction de ton propre confort, tu dois le faire.

 

Un directeur général sera-t-il nommé pour gérer l'administratif ?

À court terme, non. Je crois qu'il y a la compétence dans le club pour pouvoir répartir les choses de façon suffisante pour l'instant. Il n'y a aucune raison de changer pour changer. Car si tu fais une valeur d'exemple au mauvais niveau, tu ne démarres pas dans les meilleures conditions. C'est plutôt un comportement, un état d'esprit, une conviction qui peuvent changer rapidement.

 

Le contrat du directeur sportif Fabien Pelous arrive à son terme fin juin. Sera-t-il toujours en poste la saison prochaine ?

La question n'est pas réglée. Il y a le cadre de mon arrivée avec une prise de fonction au 1er juillet. Il est très clair avec Fabien que, tant que je n'ai pas des responsabilités établies, l'on ne peut pas me prêter des décisions préalables, que j'aurais prises ou que l'on me ferait prendre par défaut. Celle-là, elle n'est pas prise et elle fait partie des décisions structurantes du club. J'aurai une discussion avec Fabien pour savoir s'il y aura une continuité ou pas. 

 

L'autre question épineuse concerne Jean-Baptiste Elissalde à qui il a été annoncé qu'il ne serait plus en charge des trois-quarts la saison prochaine...

Il est en fin de contrat en juin 2018 et il y a un droit du travail à respecter. Je prendrai ce dossier en cours, là où il en sera.

 

Comment sera composé le staff sportif ?

Ugo Mola sera entraîneur principal avec un autre entraîneur qui s'appelle William Servat. Ça, c'est la tête de pont de l'équipe première. Ils auront des gens à leurs côtés qui vont être permanents et/ou ponctuels. Ils ont des objectifs clairement exprimés et la responsabilité leur incombe pleinement.

 

Quels objectifs ?

De performance, même si la difficulté est de pouvoir annoncer des résultats dès cette année alors qu'on aura à assumer une saison avec un club qui est marqué, des joueurs qui se disent : « On est la génération qui n'a pas qualifié le Stade toulousain. » Ici, nous sommes contraints au résultat, et s’il faudra peut-être alléger cette responsabilité pour certains et donner à cette équipe une relative virginité, l’ambition du club reste entière pour renouer avec l’excellence. Je veux bien que mon équipe soit mauvaise si c'est son niveau. Mais si on a l'impression, et c'est la mienne aujourd'hui, qu'elle n'a pas joué individuellement et collectivement, à son niveau, c’est qu’il y a des fautes d'encadrement à tous les étages du club, des joueurs au président. Il faut tous se remettre en cause pour redevenir performants. 

 

Propos recueillis par Jérémy FADAT et Emmanuel MASSICARD

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?