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La fosse aux requins

Par midi olympique
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    La fosse aux requins
Publié le Mis à jour
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Surclassés à Pretoria, les Bleus espèrent une revanche à Durban, samedi. Dans un contexte particulier et tendu en interne, où les joueurs ont passé une semaine sous le feu des critiques. Face à un encadrement qui prend des positions parfois divergentes.  

En se baladant à Durban, ou plutôt à Umhlanga (prononcez « Oumchlanga »...), dans la banlieue nord friquée que squattent les Bleus, on ne manque pas d’attractions. C’est pourtant l’hiver en Afrique du Sud. La cote des vacanciers est presque déserte, les rares « Sud-afs» qui s’y aventurent roulent en Mercedes gros cube et la ville ronronne au rythme des surfeurs, qui chevauchent le reflux incessant des vagues de l’océan Indien. Mais au croisement de deux routes du petit centre ville commercial, une affiche attire l’œil : « skarks cage, 2000 rands ». Soit à peu près 140 euros. Kesako? La dernière sensation forte à la mode. On vous place dans une cage, au large de l’océan, à l’abri des regards. Un long tuyau pour trouver de l’air et pendant un bon quart d’heure, vous attendez sous l’eau. Pendant ce temps, des locaux jettent des morceaux de viande à la mer. Jusqu’à ce que des requins se pointent pour becter et, au passage, vous procurent une sacrée frousse.

Voilà pour le topo. Loin de s’en émerveiller, les Bleus vivent pourtant à peu près la même chose : pris dans leur cage dorée du Beverly Hills hôtel, avec vue sur l’océan et un serveur par client, ils attendent de voir venir les requins. Ceux d’Afrique du sud, un springbok sur le cœur et cinq bons kilos de plus, poste pour poste. Mais aussi ceux des Bleus.

Depuis une semaine, la cohabitation entre l’équipe de Guy Novès et celle de Bernard Laporte peine à trouver son rythme de croisière. Après le match à Pretoria, la prise de parole de Serge Simon, dans les vestiaires, a surpris tout le monde. Il est venu après Novès, certes. Cela semble tout de même logique. Mais les Bleus ne s’y attendaient pas. « Ce n’est pas des manières de faire que nous connaissions jusque-là. Ce n’est pas tant que ce soit choquant, c’est plutôt qu’il va falloir s’y habituer », confie un joueur. En substance, il leur a confié son indignation devant la prestation et plus globalement leur comportement. La forme ne fut pas la même, mais le fond similaire à ce que Novès leur avait dit juste avant. « Le risque, c’est la cacophonie. Quand trop de monde parle et veut s’afficher sur l’avant de la scène, ça donne le Stade toulousain : un grand club qui se meurt », confie un membre du staff. Dans ce contexte, les joueurs n’ont pas eu le temps de l’attentisme : la semaine, pour ceux qui pensaient en sortir indemnes, a été sur la même tonalité. De la séance vidéo musclée du dimanche aux réunions vindicatives.

 

Indignes

Reste qu’il y a un test, samedi. La différence avec le premier ? Les joueurs, déjà. Cette fois, Guilhem Guirado, Rabah Slimani, Romain Taofifenua, François Trinh-Duc, Damian Penaud et Scott Spedding pourront tous jouer. Et ils seront sur le pont. Ça ne change pas tout mais c’est déjà un bon début. L’autre écart, c’est la présence de Guy Novès. Le sélectionneur avait raté le stage à Granville (Normandie) pour honorer des obligations au Japon, pour le tirage au sort de la Coupe du monde. Sans que ça le ravisse franchement. Novès était également absent du premier voyage des Bleus et des escales dans les îles de l’océan Indien. Cela lui a permis de récupérer Paul Jedrasiak et François Trinh-Duc, après la finale. Mais là encore, son absence lors de la première semaine de travail s’est faite ressentir. Parce que Novès ne met que peu le nez dans les affaires du terrain et de la stratégie, mais qu’il incarne l’autorité. « Si on ne gagne pas les trois tests, on est des charlots », confiait en off un joueur il y a dix jours. Un autre disait, ce mercredi : « on ne s’est peut-être pas rendu compte de la difficulté de la tâche. Mais vu ce qu’on prend dans la gueule depuis trois jours, là, je crois que tout le monde a compris ». Le sélectionneur confirmait : « mon travail, c’est de les préparer au défi sud-africain, dans les conditions qui sont les nôtres. La première des choses, c’est de bien leur faire bien comprendre l’ampleur du défi. J’ai envie de dire qu’on doit avoir peur de l’adversaire pour le défier convenablement ».

Question peur, le premier test servira. Pas sur le jeu. Juste sur l’engagement. Indignes dans le combat et surclassés physiquement, les Bleus se doivent une revanche. Il n’est même pas question de victoire. Juste d’honneur. A Durban samedi, ils affronteront une équipe un peu plus rodée encore et qui, visuellement quand on assiste aux entraînements, restera supérieure physiquement. « Mais nous n’avons pas su accélérer pour faire monter le rideau défensif », promettait Clément Maynadier après le premier test. « Nous n’avons pas été agressifs. Franchement, on se déplaçait à deux à l’heure. Ça ne vient que de nous, de notre incapacité à monter pour dégommer un type. » Ce samedi à Durban, il faudra effectivement dégommer des types. Se faire violence et montrer un visage plus digne. Ou la tournée, finalement, pourrait être franchement longue. 

 

par Léo Faure

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