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Un rugby à réinventer

Par midi olympique
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Publié le Mis à jour
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Bercé d’illusions après sa troisième place lors du dernier Tournoi des 6 nations, le rugby français a pris un retour de bâton terrible en Afrique du Sud Et mesuré ses insuffisances, que tous les beaux discours aux joueurs et autres appels à la révolte ne peuvent plus gommer… Après la prise de conscience du Mondial 2015 il se trouve désormais temps, définitivement, de changer certaines mentalités.

37-15. Les deux chiffres sont là, sans ambiguïté aucune, pour symboliser la différence de niveau entre un rugby sud-africain convalescent mais encore loin de son meilleur état de santé, et celui de France. Un constat d’autant plus fort, et pertinent, que ce score concerne à la fois celui des équipes nationales senior, battue à Durban, et moins de vingt ans, dépassée à Tbilissi. Tout sauf un hasard, si l’on veut bien se souvenir que le premier test de Pretoria avait accouché d’un score aussi sévère que juste (37-14). Alors, si le match des « réserves » des deux nations (Emerging Springboks d’un côté, Barbarians français de l’autre) est là pour nuancer un tantinet le jugement avec un score de 36-28, difficile de nier l’immense chantier qui attend le rugby français. Que ce dernier, bercé par le miroir aux alouettes de sa troisième place dans le Tournoi après son étouffante fin de match face aux Gallois, avait presque fini par oublier... Pour preuve, ces déclarations en « off » de joueurs français avant le premier test, intimement persuadés de pouvoir battre les Springboks sur les trois tests… Pareille auto-surévaluation ne pouvait décemment pas durer, et les Bleus se sont pris le retour de bâton en pleine figure. D’ailleurs, World Rugby a statué vendredi sur l’affaire opposant les Français aux Gallois, infligeant un « blâme » au XV France pour défaut de communication, après l’accusation faite par les Diables rouges d’avoir triché sur ses remplacements. Comme si la réalité avait, en ce week-end symbolique de 18 juin, définitivement rattrapé le rugby français...

 

Laporte et Novès sur la même longueur d’onde

S’en plaindre ? Surtout pas. Au contraire... Ce constat d’échec et d’impuissance, symbolisé par ces longues séquences de jeu stériles des Bleus devant la ligne d’en-but sud-africaine, doit définitivement servir de déclencheur. Devant l’impératif d’un XV de France fort, les barrières doivent tomber. Les mains tendues entre la LNR et la FFR ? Bien, mais clairement insuffisant. Cette guerre d’egos dans l’aréopage des Bleus ? Nul et non avenu. Au vrai, le rugby français semble constituer un intérêt éminemment supérieur pour que le président de la FFR et le sélectionneur du XV de France se répondent autrement que par voie de presse. Cela fut d’ailleurs le cas, dans l’intimité de l’hôtel Beverly Hills, où Laporte a conforté Novès et ses choix jusqu’en 2019, l’assurant devant les joueurs de son soutien quant à la gestion du cas de Djibril Camara (qui en avait ému certains...) ainsi que des Rochelais, coupables d’avoir manqué leur train après la demi-finale perdue face à Toulon. « Le discours du président est allé dans la continuité de celui du staff, résumait Jefferson Poirot, un des rares joueurs à avoir existé sur la pelouse du Kings Park. Ce qui est bien et rassurant, c’est que tout le monde tire dans le même sens, on a pu le vérifier à travers ce discours. On a pour nous un staff qui a de la gueule, un président qui aussi de la gueule. Ça va faire avancer les choses. A nous, les joueurs, d’avoir désormais de la gueule. » 

 

Des mentalités en question

Reste que ces derniers ne pourront tout faire tout seul. Car si ces derniers ne sont pas exempts de tous reproches en termes de comportement hors et sur le terrain, force est de constater que le cadre dans lequel ils évoluent ne les aide pas non plus. Gaël Fickou s’en est ému, tout comme Jeff Dubois, pour qui le sentiment d’impuissance déploré à Durban doit pour beaucoup au rythme du Top 14. « Il faut qu’il y ait une remise en question de notre championnat, soulignait l’entraîneur des trois-quarts. Je pense qu’il faut que le Top 14 évolue, pour que nos joueurs internationaux s’habituent de plus en plus à cette vitesse d’exécution. On a l’impression d’être dépassé. Mais est-ce que les arbitres peuvent le faire ? Est-ce que les équipes vont adhérer ou non ? Les cultures sont tellement ancrées dans les clubs… Nous, nous sommes persuadés que l’effectif existe, on sait où on veut aller. Mais tout le monde va devoir faire des efforts supplémentaires. » Déjà vu et entendu, ce discours ? Évidemment. Sauf qu’il est définitivement temps qu’en plus des structures, ce soient les mentalités qui évoluent. À tous les niveaux, à commencer par les joueurs...

Par Nicolas Zanardi

 

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