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Il est l'heure

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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D’abord suffisants puis suicidaires, les Bleus se doivent de remettre les choses dans l’ordre avant d’en terminer avec cette tournée sud-africaine. Une ultime chance de partir en vacances l’esprit soulagé. Ou le vide sera immense jusqu’en novembre.

La scène date un peu, c’est vrai. Mais elle comporte quelques miettes à piocher, pour mieux analyser ces Bleus. Clermont se déplaçait aux Harlequins, un samedi glacial de janvier 2014, en début d’après-midi. Pour les Auvergnats, le deal était simple : une victoire et la route des quarts de finale de Coupe d’Europe était grande ouverte. Une défaite et l’affaire se pimentait sérieusement. Clermont avait gagné, donc. Mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici. Ils l’avaient fait sur un essai en bout de ligne de Sitiveni Sivivatu, après une multiplication infinie de temps de jeu proche de l’en-but adverse. Et Vern Cotter, ce jour-là, n’avait envie de retenir que cela lorsqu’il acceptait de délivrer un chouïa de cette science, qu’il mure habituellement entre sa casquette et son regard de fer. « Cet essai veut dire beaucoup de choses, selon moi. Parce que nous étions dans une situation délicate, au score. Parce que nous ne jouions rien de moins que la qualification. Pourtant mes gars ont osé jouer. Ils ont pris le risque de sortir du bras de fer proche de la ligne, de déplacer le ballon jusqu’à l’aile et de tenter un coup, quitte à se faire contrer. ça va veut dire qu’ils ont confiance les uns en les autres. ça veut dire qu’ils ont confiance en leur rugby. » Comme un écho, on repense alors à cette entame de deuxième période des Bleus, la semaine dernière à Durban. Les Tricolores s’étaient décidés à inverser le cours de leur destin. À bousculer les Sud-Africains et à choisir la touche, plutôt que de prendre les points de la pénalité. Mais sitôt la ligne d’en-but springbok à proximité, ils se sont soudain contraints dans du rugby à une passe. Comme tétanisés.

L’œuf avant la poule

Voilà ce qui semble encore faire tellement défaut à ces Bleus. La confiance qu’évoquait Vern Cotter. Un aspect que le sélectionneur prend pour lui. « C’est mon travail de faire que cette équipe croît en elle. Quand le comportement n’est pas acceptable, comme au premier test, je dois leur dire. Mais quand l’investissement me paraissait conforme au deuxième test et que le score me semble lourd, je me dois aussi de leur dire ». Mais la confiance ne vit que dans les victoires. Les Bleus pensaient l’avoir arrachée après vingt minutes d’arrêt de jeu face au pays de Galles, en clôture du dernier Tournoi des VI nations. Tout était si fragile… Alors, comme pour s’en convaincre, les joueurs le répètent à longueur de discours : « Cette confiance, on l’a entre nous. On l’a aussi en les entraîneurs, je crois qu’on l’a prouvé sur l’ensemble de la saison » jurait Rabah Slimani cette semaine. Mais comment une équipe, qui offre sur un plateau 17 points à l’adversaire dans un match où elle n’était déjà franchement pas favorite, peut-elle se proclamer en confiance ? « On est totalement passé à côté du premier match. On le sait. Le deuxième, ce sont surtout des erreurs de notre part, des points donnés mais aussi des progressions. On se casse les pieds à mettre en place des temps de jeu pour marquer et juste derrière, on leur donne des points. Tout est alors plus difficile… Alors oui, deux défaites avec autant de points, c’est difficile à vivre. Malgré tout, après le deuxième test, la manière est différente et c’est plus simple de bosser. On ne lâchera pas ce troisième test » promettait en suivant le pilier parisien. Elle n’en a de toute façon pas le choix. Et puisque la confiance ne s’invente, il lui faudra commencer par régler ses problèmes de justesse technique. Afin de gagner. L’œuf devra venir avant la poule.

Créer, oser

Samedi à Johannesburg, au légendaire Ellis Park salement rebaptisé depuis « Coca-Cola Park », les Bleus chercheront bien sûr à gagner, mais aussi à se libérer. Faut-il, pour cela, resserrer le jeu ? Cela paraît suicidaire, face à l’armée de Musclors que les Springboks cultivent par hectares. Il faudra jouer, créer, imposer des changements de rythme et oser. « J’ai simplement envie qu’on prouve la validité du discours qu’on tient depuis une semaine : à Durban, nous ne sommes pas passés sous le rouleau-compresseur. Ce n’est pas vrai. Les 37 points du premier test étaient au moins justifiés, ceux du deuxième test n’ont pas la même valeur, martelait encore Guy Novès cette semaine. Nous avons commis des erreurs qui nous ont éloignés au tableau d’affichage et qui nous ont sortis du match. Mais j’ose espérer qu’on ne saura pas, deux semaines de suite, encaisser deux essais à zéro passe ». Dans son combat vers l’avant, coûte que coûte et malgré les résultats contraires, le sélectionneur accueillera avec la juste appréciation ce soutien de poids, venu de Clermont et de l’entraîneur des récents champions de France, Franck Azéma : « On connaît le contexte de ces tournées de fin de saison. En plus, Guy a fait le choix de laisser plusieurs cadres au repos. C’est risqué pour lui mais pour la première fois, je vois un sélectionneur qui travaille sur le long terme. Tout ce qu’il sème actuellement dans la difficulté, il va le récolter. Si on laisse cette équipe travailler, elle rivalisera bientôt avec les meilleures nations de la planète. Vous verrez ». Il faudrait tout de même faire au plus vite.

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