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Et l'intelligence, bordel ?

Par midi olympique
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    Et l'intelligence, bordel ?
Publié le Mis à jour
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Cette semaine dans les colonnes du Midol, Olivier Margot nous livre son opinion sur la tournée des Bleus en Afrique du Sud.

Longtemps, le rugby de l’équipe de France a été une musique pour les yeux. Longtemps, le XV de France a pratiqué un jeu de mains de maîtres, car la technique est un sentiment. Après la défaite pathétique de Pretoria, lors du premier test (37-14), où il fut tellement évident que, pour quelques-uns, ce maillot n’est plus une seconde peau, ma passion s’est muée en compassion. J’ai regardé le deuxième test en compagnie d’Abdel Benazzi, dans sa maison blanche qui domine Agen. Il est vrai que la rencontre se déroulait à Durban, vingt-deux ans jour pour jour après une demi-finale de Coupe du monde par grande marée et néanmoins remportée par les Springboks (19-15) grâce à l’arbitrage honteux de Derek Bevan. Tous ceux qui étaient à Durban ce jour-là ne peuvent négliger cet anniversaire du déluge. Benazzi lâcha un laconique : « Ils perdent leurs duels », puis ne fit plus de commentaire, sauf quand il fut question du « Benazzi corner » où, sur son essai refusé, se joua le sort d’une génération. Après la déroute (37-15), prouvant que, même tancée par Bernard Laporte, une équipe avertie n’en vaut pas deux, Abdel m’entraîna sur le balcon. Si le rugby est un grand paysage intérieur, le panorama sur le Lot-et-Garonne m’apaisa. Je lui certifiai : « Je ne regarderai pas le troisième test à l’Ellis Park. »

Quitte à le regretter comme un enfant, en cas de bon résultat. Abdel me parla alors de la possibilité qu’offre le Ramadan de réfléchir à la vie, de lire le Coran et des livres de philosophie… J’étais prêt à me montrer moi-même philosophe quand, rapportée de toutes parts, l’insistance sur l’importance du « détail » m’énerva. Déclaration de Jeff Dubois : « Ce sont des détails, toujours, qui font la différence. » Comment qualifier de « détail » la passe de François Trinh-Duc interceptée par Siya Kolosi, à moins d’admettre qu’un demi tel que lui fait réellement les choses à moitié ? Puis, je me suis attardé sur les mots « rythme », « dynamisme », « intensité », « mobilité », « accélération », « formation »… Tous justes. Cependant était peu prononcé le mot « intelligence », cette vertu qui permet que, dans le mouvement des corps, la pensée soit première. C’est l’intelligence dans l’action qui donne le temps d’avance ! Mais depuis quand le rugby français n’a-t-il pas réellement inventé, créé, analysé, disséqué le règlement, précédé l’évolution du jeu, des hommes et de leurs comportements ? Pourquoi les remplaçants anglais et écossais gagnent-ils en Argentine et en Australie ? Pourquoi la quasi-totalité des sports collectifs français sont-ils sur le toit du monde depuis si longtemps, au contraire du rugby ? Pourquoi et comment, par exemple, Claude Fauquet a fait de la natation une référence olympique ? Encore une chose. Karim Ben Ismaïl a suivi Thierry Dusautoir avec les Barbarians pour Le Magazine L’Équipe. Où il est confirmé qu’à la veille d’affronter l’Écosse en match de préparation à la Coupe du monde 2015, quelques joueurs, dont les Toulousains Maestri et Huget, se sont plaints auprès de Saint-André de l’exigence de leur capitaine. Les mots de Dusautoir : « La manière a été blessante et lâche […] J’ai eu beaucoup de mal à m’en relever. Puis j’ai décidé de laisser ce sac de plomb derrière moi, pour ne pas me noyer. » L’intelligence, donc. Et l’esprit.

 

Par Olivier Margot

 

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