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Révolution culturelle

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Samedi, vers 19 heures, le XV de France terminera sa saison après un ultime défi face aux Springboks, histoire de laver les deux échecs cuisants concédés à Pretoria et Durban. Vous parlez donc d’un cadeau ! Les morts-vivants de l’automne, ces Sud-Af’humiliés par l’Italie, ont renvoyé nos Bleus à leurs chères études en même temps qu’ils plongeaient l’ensemble du rugby français dans un état d’urgence impossible à ignorer. On exagère ? Si peu…

L’échec du deuxième test peut bien s’expliquer par d’insupportables faillites individuelles (Trinh-Duc, Spedding, Le Roux pour ne citer qu’eux…), un vaste fossé semble aujourd’hui séparer les Bleus des meilleures nations de la planète rugby. Et si l’on jure volontiers que les Penaud, Camara et autres Serin, Gourdon ou Poirot ont engrangé une expérience précieuse pour l’avenir, le présent n’en reste pas moins inquiétant.

Parce que ce fichu test, posé tout au bout d’un calendrier à rallonge, n’augure rien de bon pour des Bleus usés jusqu’à la couenne. Parce que les livres d’histoire démontrent que les troisièmes tests du XV de France ont trop souvent viré au cauchemar. A l’humiliation magistrale, même. Samedi, il faudra bien un exploit tout aussi majuscule pour éviter le sinistre triplé qui nous pend au nez.

Chacun apprécierait évidemment à sa juste mesure une victoire décrochée à la barbe des Boks, manière de tordre le cou aux évidences, de déjouer la froide vérité des statistiques et d’entretenir la légende de ces imprévisibles « frenchies » qui s’offriraient là un succès d’estime ne devant rien à personne !

Mais ne rêvons pas. Aussi savoureuse soit-elle, cette revanche sur le sort ne changerait en rien la situation du rugby français. Un rugby qui, dans son ensemble, souffre d’un manque de dimension physique et de maîtrise technique pour rivaliser avec les meilleurs dans l’expression d’un rugby qui se joue désormais à cent à l’heure d’un bout à l’autre des rencontres, toujours sur le fil du rasoir.

Il serait trop facile, injuste et surtout dangereux de considérer les joueurs comme seuls responsables d’une telle déliquescence écrite au fil des années sans que personne, chez nos dirigeants, n’ose dépasser le stade des regrets ou du constat pour oser remettre en cause un système et une culture dépassés.

De l’organisation des saisons au championnat en passant par la formation et l’idée même de ce que doit être le jeu français, il est urgent de tout revoir. Il n’est plus temps d’attendre, de se mentir et de croire que les seules réformes entreprises par la Fédération et la Ligue depuis un an maintenant suffiront à relancer la machine tricolore. C’est un vaste leurre. S’il faut être patient avec cette équipe et croire en ses possibilités, il faut également accepter l’idée d’une remise en question générale pour sortir enfin de nos chères habitudes et de nos plus profondes certitudes.

Il est urgent en effet de changer, au quotidien, la façon d’appréhender les entraînements et la formation des gamins. Urgent d’élever le niveau d’exigence individuel et collectif. Urgent de mener en profondeur notre révolution culturelle, surtout, afin de ne plus jamais regarder le rugby français sous le prisme de la mêlée, de la guerre des rucks, de la « muscu » et du wattbike…

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