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Colin Slade : « L’ensemble du monde du rugby a compris le danger des commotions »

Par Simon Valzer
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    Colin Slade : « L’ensemble du monde du rugby a compris le danger des commotions »
Publié le Mis à jour
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Demi d’ouverture néo-zélandais de la Section paloise aussi rare dans les médias que talentueux sur le terrain, le double champion du monde nous a ouvert les portes de sa préparation physique qu’il suit depuis trois semaines avec pau. Passionné et accessible, l’ouvreur kiwi a porté un œil averti sur la tournée des Lions britanniques face à son ancienne sélection. Pour midi olympique, il évoque donc ses all blacks, les lions, mais aussi le top 14, la section, ses futurs coéquipiers, les commotions, et son rugby néo-zélandais. Entretien.

Vous venez de terminer la troisième semaine de préparation physique avec la Section, comment vous sentez-vous ?

Crevé ! Franchement, je suis fatigué. A chaque pré-saison, c’est la même chose : il faut que cela soit dur, sinon on ne développe pas un bon rugby. Et puis, il vaut mieux le faire maintenant car la saison en France est si longue et si éprouvante que l’on ne peut plus travailler autant quand elle est lancée. Nos trois premières semaines ont été assez intenses. Nous avons fait beaucoup de course et de musculation. En clair, c’est le sale boulot, mais c’est celui qui te rend meilleur. Depuis une semaine, nous avons augmenté la part de rugby. Nous serons en repos la semaine prochaine pour nous régénérer.

 

Maintenant que vous connaissez mieux le Top 14, vous préparez-vous différemment ?

Très honnêtement, pas vraiment. Je ne compte plus mes pré-saisons, et même si je sais à quoi m’attendre avec ce championnat, le principe reste sensiblement le même que l’on se trouve dans l’hémishpère Nord ou Sud : le but est de devenir plus athlétique, plus fort, plus rapide. à mesure que l’on se rapproche du début de la saison, on va ajouter du jeu en collectif, des « skills », etc.

 

Votre manager Simon Mannix nous confiait que le groupe a terminé la saison dernière sur les rotules. Vous partagez ce constat ?

Oui, le groupe était au bout du rouleau. Personnellement, je me trouvais dans un cas particulier pour avoir moins joué en raison de mes commotions. En revanche, je continuais à m’entraîner avec le groupe et je voyais bien que mes partenaires étaient dans le dur. On parle souvent de la fatigue physique, mais en réalité c’est la fatigue mentale qui est dure à supporter en fin de saison. Il ne faut pas louper la moindre occasion de se reposer en court de championnat. Les équipes qui conservent de la fraîcheur mentale pratiquent généralement un meilleur rugby à la fin. C’est un vrai casse-tête que les techniciens du Top 14 doivent gérer. En Super Rugby, on ne connait pas ce problème car la saison est bien plus courte.

 

Vous avez été vous-même victime de plusieurs commotions la saison dernière. Les images de la tête d’Anthony Watson heurtant violemment l’épaule de SBW vous ont-elles rappelé des mauvais souvenirs ?

Quand même pas ! Je ne suis pas traumatisé à ce point là… Cela fait partie du jeu, c’est comme ça. J’ai reçu plusieurs chocs sur la tête l’année dernière, c’est vrai. Mais j’ai eu la chance de ne connaître aucune complication en suivant. Pas de maux de tête, rien. En revanche, ces chocs m’ont fait prendre conscience des risques et j’y suis aujourd’hui très vigilant.

 

Vos commotions cérébrales étaient un simple manque de chance ou avez-vous eu le sentiment d’être visé par les adversaires ?

C’est la faute à pas de chance ! Je ne pense pas que des joueurs de Top 14 jouent à ce jeu, et visent délibérement des adversaires pour les blesser. J’ai subi trois commotions sur l’ensemble de la saison et, au bout d’un moment, le staff médical m’a dit que j’avais besoin de prendre du repos. C’était très frustrant pour moi, car la saison prenait vraiment une bonne tournure pour nous. J’aurais vraiment préféré être sur le terrain. Mais les règles sont ainsi, et il faut aussi veiller à sa santé. Sur le long terme, il était plus sage que je m’arrête… L’ensemble du monde du rugby a compris le danger des commotions et le besoin de prendre soin de la santé des joueurs.

 

Cette semaine, vous allez voir débarquer un autre Néo-zélandais à Pau : Benson Stanley. Avez-vous joué avec lui en Nouvelle-Zélande ?

Vous rigolez ? C’est un vieux lui ! (rires) Non, je plaisante… il est un peu plus vieux que moi donc on ne s’est jamais croisé en sélections de jeunes. On s’est brièvement retrouvé dans le squad des All Blacks en 2009. Il avait été convoqué et j’avais été appelé pour compenser une blessure, mais je n’ai pas disputé de test. Je l’ai rencontré là, et puis on s’est affronté quelques fois en Super Rugby, quand j’étais aux Crusaders. C’est un très bon joueur et un super mec. Il connaît très bien le rugby français, il va nous apporter de l’expérience dans la ligne, ainsi que sa culture de la gagne. Benson va nous apporter ses qualités de rugbyman sur le terrain, ainsi que son sérieux et son professionnalisme en dehors. On construit quelque chose de beau ici, mais il nous faut encore des joueurs expérimentés capables d’apporter de la sérénité dans les moments décisifs si l’on veut disputer des phases finales du Top 14 dans les deux saisons à venir. Benson a joué des tas de grands matchs avec Clermont, des rencontres dans lesquelles tu es sous pression du début à la fin. Il va amener sa sérénité.

 

L’échec du XV de France lors des tests de juin en Afrique du sud a remis en question la qualité de la formation française. Comment apprend on à jouer à rugby en Nouvelle-Zélande ? Quels aspects de la formation sont privilégiés dès le plus jeune âge ?

C’est une très bonne question. Déjà, la mentalité est très différente. En Nouvelle-Zélande, le rugby est le sport numéro un. Ici, en France, c’est le football. Si demain, l’équipe de France de foot affronte celle de Nouvelle-Zélande, vous allez nous ridiculiser. Ce que je veux dire, c’est que n’importe quel gosse kiwi veut, dès qu’il a cinq ans, devenir All black, de la même façon que les gosses français qui jouent au foot dans les cours d’école en France veulent devenir comme les internationaux qu’ils voient à la télé. Filles ou garçons, on commence à se faire des passes dès l’âge de cinq ans en Nouvelle-Zélande. On joue partout : dans le jardin de la maison, à la pause de midi dans la cour derécréation, après l’école… Quand j’étais gosse, on se prenait tous pour Jonah Lomu dans la cour de l’école. En revanche, on ne plaque pas quand on est jeune. On se contente de jouer à toucher, pour que tout le monde participe sans danger.

 

On donne donc plus d’importance à la passe et à l’amusement ?

Oui. On joue au rugby en s’amusant. En Nouvelle-Zélande, on travaille sa passe en attendant le bus, pour passer le temps. Et à force, le geste de la passe devient naturel. C’est ça le truc : on travaille sans avoir l’impression de travailler, en s’amusant tout simplement parce que le rugby est partout. On est un tout petit pays, personne ne nous connaît et il n’y a guère qu’au rugby, en voile et en cricket que l’on a notre mot à dire sur la scène internationale. Je ne connais pas vraiment la formation française, mais nous commençons à travailler les habiletés techniques, les fameuses skills, très tôt chez nous. Dès l’âge de 10 ans, les gosses travaillent beaucoup leur passe.

 

Donc, cette culture de la passe est logiquement entretenue par la suite dans les clubs…

Oui. Les clubs sont très exigeants avec la qualité des passes. Et comme les gamins sont précoces sur cet aspect, ils peuvent ensuite travailler d’autres choses comme le plaquage ou la technique individuelle au sol. Donc, cette culture de la passe est très importante pour nous.

 

 

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