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La folie des jokers

Par Emmanuel Massicard
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C’est l’histoire de l’UBB et ce pourrait être celle de n’importe lequel de ses adversaires. L’histoire d’un club « bonard », en quête de performances et de reconnaissance avec un effectif « équilibré » entre ses têtes d’affiche, son lot de Jiff, ses étrangers et ses jeunes espoirs français. Un club souvent cité en exemple, qui brille par la qualité de sa formation (ses jeunes ont remporté deux titres de champions de France) et qui a pourtant envoyé un drôle de message ces jours-ci en recrutant un… joker médical à l’étranger, l’Anglais Neville Edwards, après la blessure de son ailier, Blair Connor.

Et alors, nous direz-vous ? Rien ou si peu : c’est devenu la loi du genre. à cet instant de la saison, certaines infirmeries sont déjà sacrément garnies (il nous est revenu qu’un club de Pro D2 comptait cette semaine une dizaine de blessés). Et pour pallier aux dites absences rien de tel que l’étranger, donc… Bordeaux n’y échappe pas.

L’affaire se corse quand on sait que le club avait laissé filer l’été dernier un des meilleurs espoirs au poste, Lucas Blanc, afin qu’il s’aguerrisse à l’étage inférieur ; direction Albi puis Nevers. Pour être honnête, on ne saurait décemment blâmer ces choix de carrière, qui permettent aux espoirs d’avoir le temps de jeu nécessaire à leur maturation. Et rien ne dit que le jeune ailier aux deux Mondiaux des moins de 20 ans aurait répondu aux attentes immédiates de ses entraîneurs. Ni plus, ni moins qu’Edwards dont la carrière n’a rien d’un feu d’artifice !

N’empêche, on ne peut s’empêcher de ressentir une forme de dérive et, plus encore, la perversion d’un système trop absorbé par les aléas du présent pour se projeter vers son avenir. On ne saurait reprocher au club qui nous occupe ici d’avoir cédé à la tentation du joker quand ses concurrents plongent sans retenue dans ce vivier pour combler le moindre vide dans leur effectif. On ne saurait, surtout, le clouer au pilori quand certains, avec des moyens largement supérieurs, alignent les noms prestigieux recrutés à l’étranger pour ne jamais les faire jouer. Alesana Tuilagi n’a disputé que deux bouts de matchs avec Toulon l’an dernier…

Le ver est dans le fruit et ce n’est pas la seule évolution du règlement des Jiff qui ramènera les clubs à la raison : vers leurs jeunes. Ne rêvons pas. En l’état, si la Ligue et/ou la fédération ne suppriment pas le recrutement des jokers, les effectifs continueront d’évoluer perpétuellement, en pleine saison, avec des joueurs qui ne font jamais que passer.

Parce qu’un jeune, aujourd’hui, n’a concrètement sa chance qu’en deux occasions : les blessures dans l’effectif professionnel et les périodes de Coupe du monde. Or, en plus du joker médical, on a créé le « joker Coupe du monde ». Imaginez le cynisme. A la moindre absence, les clubs poursuivront leur quête de joueurs supplémentaires plutôt que de miser sur des jeunes du cru dont l’horizon est bouché. Le cercle est vicieux et, sans décision radicale, nous regretterons certainement longtemps l’absence de main-d’œuvre qualifiée… L’affaire est une question de philosophie, de morale et même de valeurs. L’heure des choix a sonné.

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