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Ombres et lumières

Par Jacques Verdier
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Dans cette quête effrénée de la « transparence », cette folie moderne élevée au rang de vertu, où personne ne sait rien mais où tout le monde juge, le rugby français a vécu une drôle de semaine.

Le rugby français a vécu une drôle de semaine. D’abord innervée par la suspicion, le doute, les mensonges, les raccourcis, les mises au point et par cette disposition anthropologique très courue de nos jours, qui désigne au plus grand nombre la lapidation d’un présumé coupable par ses semblables. Le crétinisme et la vulgarité des réseaux sociaux, où le seul enjeu est de descendre en flammes tout ce qui passe à portée, y contribuèrent grandement. Ce n’est pas la vérité sur les fautes commises qui importait, mais le lynchage. On connaît la triste formule : Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! Bernard Laporte et Mohed Altrad - le « bédouin » comme disent si élégamment ses détracteurs, avec les connotations insupportables que cela suppose - étaient au centre d’un feu qu’il fallait embraser au plus vite. Or, quelles que soient leurs responsabilités dans les affaires qui ont tant occupé le rugby français, rien - je dis bien rien - ne justifiait une violence pareille. Le ministère des sports tranchera, après un travail d’enquête, et c’est très bien comme ça.

La fin de semaine, fort heureusement, fut d’une tout autre tenue. Pour la complicité recouvrée de Guy Novès et de Bernard Laporte, tout d’abord. Solidaires sous le grain, ils ont fait front commun, vendredi soir à La Bastide-de-Sérou, au cours du débat organisé par notre journal dont on vous rend compte dans les colonnes voisines, sous le regard des Jauzion, Maso, Dintrans, Garuet, Sanchez, Villepreux, Skrela, Imbernon, Martinez, Romeu, Taffary, Aguirre, Cholley, Dispagne, Déjean - j’en oublie, qu’ils me pardonnent - et des dizaines de dirigeants bénévoles des petits clubs qui ne leur ménagèrent pas leurs encouragements. Bernard Laporte héritant même d’une salve d’applaudissements de la part des centaines de personnes présentes au dîner qui suivit, de nature peut-être à relativiser la portée des dégâts.

On était passé, en quelques heures, par la grâce d’une troisième mi-temps animée par Pampi Laduche, par toutes les strates du rugby. Il fleurait là, de nouveau, dans le coudoiement affairé des chants, des rires et des échanges, cette atmosphère bon enfant, faite de complicités et de tendresses partagées, qui nous a tous fait, un jour, aimer le jeu de rugby. Je laisse aux boutefeux le soin d’en rire. Si le rugby moderne crève à petits feux d’affairisme - et toutes ses couches, hélas, sont concernées, au point que des désirs de vengeance se lèvent, aujourd’hui, qui remettent en cause le rôle d’un autre dirigeant fédéral, comme celui de présidents de clubs au cœur de certaines affaires - s’il est grand temps d’y mettre un terme sous peine de voir la chienlit s’instaurer, on ne m’enlèvera pas de l’idée que l’essentiel se jouait ici, vendredi soir, dans le partage et le respect de l’autre. Sinon à quoi bon aimer le rugby.

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