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Les droits TV au cœur de la guerre FFR-LNR ?

Par Arnaud Beurdeley
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Et si derrière les tensions actuelles et les accusations portées contre Bernard Laporte, se cachait la guerre des télés ?

De façon pas si caricaturale qu’il pourrait y paraître, force est de s’interroger sur les différents conflits d’intérêts qui ont émergé ces dernières semaines dans les hautes sphères du rugby. Des faits nourris par un début de mandat sacrément agité autant que par la confusion des genres et des rôles entretenue par les dirigeants du rugby français et les grands médias-diffuseurs.

Au premier rang, figure ainsi Bernard Laporte. Après avoir été élu président de la FFR, il s’est en effet retrouvé au cœur d’un imbroglio. Consultant phare de la radio RMC, appartenant au groupe Altice, il a tardé à renoncer à cette activité professionnelle. Et beaucoup le soupçonnent encore aujourd’hui, lui et son vice-président Serge Simon, d’être resté très proches de ce groupe de média, propriétaire de SFR, devenu un diffuseur majeur du sport français et candidat au rachat des droits du Top 14.

De quoi s’interroger : le nouveau président de la FFR, qui a souvent claironné vouloir reprendre la main sur la LNR, peut-il rouler pour SFR ? Son combat avec Goze est-il seulement une lutte de pouvoir personnel ou revêt-il d’autres enjeux qui conduiraient à une redistribution des droits commerciaux et médiatiques ?

Chez Vivendi, propriétaire de Canal +, c’est ce qu’il se murmure. Bizarrement, un mois avant l’élection de Laporte à la Fédération, Simon Gillham, Président de Vivendi Village et Directeur de la Communication de Vivendi, est redevenu président du CA Brive-Corrèze, en lieu et place de Jean-Jacques Bertrand. Il a intégré dans la foulée la commission médias de la LNR. Simple coïncidence ou stratégie établie pour défendre les intérêts de Vivendi ?

Une chose est sûre, Canal + est l’actuel détenteur des droits du Top 14, jusqu’en 2023. Sa position s’est renforcée l’an dernier, après que La LNR ait lancé, en avril 2016, un appel d’offres anticipé des droits du rugby professionnel pour les saisons de 2019 à 2023… Seulement quinze mois après les avoir déjà attribués à Canal +.

L’institution avait justifié cette décision par la nécessité d’avoir une « visibilité », sur ses « ressources et les conditions d’exposition audiovisuelle du Top 14 ». La LNR évoquait également la recomposition du paysage des chaînes sportives. À l’époque, il était question d’un rapprochement entre Canal + et beINSPORTS. Mais l’émergence de SFR (groupe Altice) ou la prise de contrôle totale d’Eurosport par le groupe américain Discovery avaient provoqué une ébullition dans le secteur des droits sportifs. Les opposants à cet appel d’offres avaient reproché à Paul Goze de défendre les intérêts de Canal +.

canal + menacé par SFR

Toujours est-il qu’en mai 2016, pour 388 millions d’euros, Canal + avait décroché une belle victoire. Ce qui ne fut pas sans heurts. SFR Group envoyait un courrier, signé de la main de Patrick Drahi, P.-D.G. d’Altice, pour s’étonner de la précipitation avec laquelle l’appel d’offres avait été lancé par la LNR. Et pour se plaindre, également, des conditions dans lesquelles il s’était déroulé. Quelques mois plus tard, en octobre 2016, le groupe saisissait formellement l’Autorité de la concurrence. Selon nos informations, l’instruction du dossier est en cours. Un membre de l’Autorité nous a récemment assuré que « l’instruction d’un tel dossier pouvait prendre entre seize et dix-huit mois. » La décision pourrait néanmoins survenir avant la fin de l’année. Pour Canal +, la menace SFR reste ainsi pesante.

Les droits TV du sport constituent un enjeu majeur pour les diffuseurs. SFR a d’ailleurs réalisé dernièrement un coup immense en s’adjugeant les droits de la Ligue des Champions (Football), au nez et à la barbe de Canal + et beINSPORTS, pour la période 2018 à 2021. Un coup dur pour Canal qui doit également faire face à l’émergence de Netflix sur le front du cinéma. Pour Canal, les droits du Top 14 sont plus que jamais vitaux. D’après les résultats financiers de sa maison mère Vivendi, le groupe audiovisuel dirigé par Vincent Bolloré a encore perdu 156 000 abonnés individuels « directs » en France, au deuxième trimestre 2017. Canal + compte désormais moins de 5 millions d’abonnés (4,989 millions exactement), alors qu’ils étaient plus de 6 millions lorsque le milliardaire a pris le pouvoir au printemps 2015. Pour Canal +, perdre les droits télévisuels du rugby pourrait être un coup fatal. Face aux enjeux, les positions se figent même si Vivendi s’est porté au soutien de la FFR sur le sujet de la candidature française à l’organisation de la Coupe du monde 2023. Jeudi soir, tout ce petit monde était d’ailleurs réuni au 7e étage du siège parisien de Vivendi pour une opération de promotion à France 2023. Simon Gillham était l’hôte d’une soirée où Paul Goze, président de la LNR, affichait également son soutien à la candidature française, au nom des clubs professionnels. Tous unis derrière un même projet. Pas sûr toutefois que cette paix des braves soit encore d’actualité après le 15 novembre, quand World Rugby aura officialisé le nom du pays organisateur. On pourrait alors très vite reparler des droits télés et de leurs principaux acteurs…

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