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Les commotions au centre d’un conflit

Par midi olympique
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Le protocole commotion validé par World Rugby pourrait ne plus être appliqué après le 3 novembre si la FFR et la LNR n’arrivent pas à un accord rapidement.

En hors d’œuvre, nous avons déjà eu le droit au flop du Grenelle de la santé où les deux institutions ne se sont pas parlé.Cette fois-ci, LNR et FFR se sont heurtées sur un sujet bien plus grave. Fin juillet, la fédération internationale, World Rugby, écrivait une lettre à la Ligue pour demander que soient mis en place, en Top 14 et en Pro D2, les nouveaux dispositifs du protocole du HIA pour « Head Injury Assessment », pour prise en charge de la commotion cérébrale durant les matchs.

Pour cela, il faut que l’ensemble des médecins du Top 14 et Pro D2 aient suivi deux journées de formations, diligentées par la FFR. Une première session avait été programmée début mai et pour diverses raisons, elle ne s’était pas tenue. Du coup, par ce courrier, World Rugby haussait le ton et intimait à la Ligue de se rapprocher de la FFR pour faire appliquer ses directives avant le 1er septembre, sinon l’instance suprême retirerait l’autorisation à la LNR d’utiliser le protocole lors des matchs du Top 14 et de Pro D2. En clair, si un arbitre ou un médecin suspectait une commotion cérébrale chez un joueur, la sortie de celui-ci serait dans tous les cas définitive.

Interrogé ce dimanche par téléphone, le président de la commission médicale de la LNR, Bernard Dusfour se défendait d’avoir laissé lettre morte la requête de World Rugby. « Nous avons répondu à ce courrier du 25 juillet en expliquant tout ce que nous faisions. La seule chose avec laquelle nous n’étions pas en conformité, c’était la formation « face to face » qui doit être faite par des formateurs de World Rugby. Mais ces formateurs, il n’y en avait pas à la FFR. Il fallait qu’elle forme ses formateurs. C’est là que les équipes de la FFR se sont rendues compte qu’elles n’avaient pas organisé les formations. Donc elles se sont précipitées en nous envoyant un courrier disant que ces fameuses formations, il fallait les faire ».

Des propos que dément formellement, son alter-ego à la FFR, le docteur Thierry Hermerel. « Je m’inscris en faux, après avoir formé l’ensemble des staffs des équipes de France soit, 53 personnes, nous avions conviés les médecins du monde professionnel pour qu’ils soient formés en cap à cap, comme l’exige World Rugby le week-end du 6 et 7 mai. On avait demandé à ce qu’une personne du staff médical des clubs non concernées par les matchs viennent au CNR. Nous n’avons reçu que des réponses négatives » Et qui sont en contradiction avec un nouveau courrier de World Rugby que nous nous sommes procuré. La fédération internationale, le 25 août dernier, dans sa deuxième lettre, tire le signal d’alarme. Le courrier signé du directeur général de l’instance, Brett Gosper, invite la fédération à se rapprocher de la Ligue pour lui imposer les formations. « A ce jour, nous n’avons toujours pas reçu de réponse à la lettre du 26 juillet dernier et prenons également acte que le Top 14 débute ce samedi. Si les équipes de la LNR ont recours au HIA, elles agiront en infraction des règles et règlements du jeu ». Alors la semaine passée, la FFR a pris contact avec Bernard Dusfour par mail et courrier pour l’informer de deux choses. Tout d’abord, « qu’elle a demandé un nouveau délai supplémentaire jusqu’au 03 novembre 2017. Ce délai a été accordé par World Rugby, la FFR s’étant engagée à mobiliser ses formateurs et à proposer une formation World Rugby niveau 2 soins immédiats dans le rugby à Marcoussis pour au moins un médecin par équipe de Top 14 et de Pro D2 ». Et de proposer deux dates pour celles-ci. Les 25 et 26 octobre 2017, et les 1 et 2 novembre.

L’Ultimatum de World Rugby

« La formation, c’est à eux de la faire, nous a répondu Bernard Dusfour. Ils ont dit qu’ils jouaient les pompiers en obtenant une dérogation supplémentaire alors qu’ils étaient en faute. Ils n’avaient pas donné de date. Je les avais prévenus, je leur avais dit que le meilleur moment, c’était durant l’intersaison, disons fin juillet. On m’a répondu qu’ils étaient en vacances à ce moment -là. Cette dérogation, c’est pour eux qu’ils l’ont demandée ». Avant de s’en prendre à la FFR : « Quand ils sont arrivés, ils voulaient faire les barbots, mais ils n’avaient pas de formateurs. Quand ils les ont eus, ils ont commencé à travailler sur les équipes de France, c’est normal, je les comprends. Mais pour les clubs professionnels, il ne restait que dix places le 6 mai. En plus, ce n’était pas possible, il y avait une journée de championnat et c’était le week-end des élections présidentielles. Aussi, nous faisons toujours nos formations en semaine car le week end, il y a des matchs. Ensuite, ils ne se sont pas occupés d’une nouvelle date. » Pour Dusfour, tout part d ‘une volontée déplacée de l’équipe Laporte de clamer que l’action du pouvoir précédent et de Jean-Claude Peyrin était négative.

Ce dimanche soir, Thierry Hermerel tenait à répondre point par point aux allégations de son homologue de la LNR. « C’est facile de nous cracher dessus après ne pas avoir répondu à un ultimatum de World Rugby.Contrairement à ce que rapporte ce monsieur, j’ai le plus grand respect pour mes prédécesseurs à la FFR, qui ont réalisé un très gros travail.Il faut prendre de la hauteur, et ne s’intéresser qu’à la santé des joueurs. Je n’ai pas surréagi quand monsieur Dusfour n’a invité aucun membre du comité médical de la FFR à son Grenelle de la santé, plutôt que d’essayer de voir avec nous s’il était possible de mettre en place cette formation ! Je le redis, il faut que d’ici au 3 novembre tous les staffs médicaux du Top 14 et Pro D2 se forment ! » Que va-t-il se passer ? FFR et LNR sont obligées de s’entendre, et l’appel de Therry Hermerel doit obtenir un écho car il en va de la santé des joueurs. Le médecin de Toulon, Jean-Baptiste Grisoli, indiquait à ce sujet : « Tous les médecins devaient faire la formation. Sauf qu’on a attendu et certains médecins de club sont ennuyés maintenant parce qu’ils doivent la suivre. Pourtant, ce n’est pas grand chose, c’est de la formation continue. Ce sont des formations en ligne et il y a aussi des formations continues. Mais ça se passe comme ça en France en général… On oblige les médecins à faire de la formation médicale continue mais personne ne vérifie si vous l’avez vraiment faite ou pas ». Pas cette fois.

Par Pierre-Laurent GOU et Jérôme PREVOT (avec E.D)

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