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"Le rugby professionnel a déteint"

Par midi olympique
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Jacques Larrose - L’ex-grand dirigeant est un sage. De son poste d’observation de Puilboreau (Fédérale 2), il pose sur l’évolution du rugby un regard acéré. Interpellant.

Pouvez-vous nous retracer votre parcours ?

Je suis issu de Lavardac en Lot-et-Garonne, et du rugby à 13. En 52, lors de mon service militaire à Bordeaux j’ai été « vendu » à La Rochelle. C’était ça ou une affectation lointaine. J’ai joué en équipe première jusqu’en 65, je suis ensuite devenu dirigeant, puis président du Stade Rochelais de 79 à 86. J’étais également président du comité Poitou-Charentes. Ce cumul gênait les clubs et portait préjudice au Stade Rochelais, j’ai donc abandonné la présidence du club que j’ai confié à Yvan Caris, mais je m’occupais toujours du sportif.

Vous avez pourtant quitté le giron quinziste… pour y revenir ?

Oui. En 94 j’ai démissionné de la présidence du comité. J’ai quitté le XV à cause de mon différend avec Lapasset et je suis parti au XIII avec Jacques Fouroux qui était un visionnaire et qui portait un grand projet. En 2000, je voulais tout arrêter lorsque le club de Puilboreau a frappé à ma porte. Jusqu’en 2007 j’ai été président du RCP dont je suis actuellement le président d’honneur. Je suis toujours membre très actif et très présent.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de notre discipline ?

Je suis abonné au Stade Rochelais mais pour le reste j’observe la situation avec passivité. Je ne suis pas amer, je refuse de l’être, et je ne veux surtout pas passer pour un vieux c.., cependant, je vis mal le conflit générationnel. Nous avons tellement donné, physiquement et matériellement, que le rugby d’aujourd’hui je ne le vis pas bien. Je n’adhère pas. Ca manque de fond et de culture, on est dans le folklore. Si tu parles, on fait juste semblant de te prendre au sérieux avec une arrière pensée qui te renvoie à ton âge.

Certaines dérives vous inquiètent-elles ?

Je ne partage pas. Le rugby c’est Puilboreau et le reste m’indiffère mais je ne porte pas de jugements. Le rugby tel que je le connais et tel que je l’ai vécu, je le vis avec mon club de Puilboreau. Il nous reste le plaisir de le vivre ensemble. Le rugby c’est ma vie.

Vous touchez avec le RCP aux problématiques du rugby amateur…

Nous savons que nous allons souffrir car nous vivons avec peu de moyens. Avec un budget de 250 000 € le rapport performances sportives/finances est positif. Nos résultats ont une explication. Ce qui m’inquiète c’est l’argent dans le rugby amateur. En 2e division nous affrontons des clubs qui ont quatre fois notre budget et qui alignent plusieurs joueurs sous contrat. L’argent joue un trop grand rôle dans le rugby amateur. C’est contagieux et je ne vois pas de solution, sauf la sagesse. Nous allons au devant de problèmes, le rugby pro a déteint, il a modifié les raisonnements. Dès lors qu’on admet les excuses au plus haut niveau tu admets les tiennes. A mon avis c’est irréversible, nous sommes atteints du même mal que notre société.

Le grand président que vous avez été pourrait-il être président aujourd’hui ?

On pouvait être président du Stade Rochelais sans être une sommité, grâce à sa culture et sa carrière. Aujourd’hui les présidents sont le plus souvent des businessmen qui souhaitent compléter leur carte de visite. Mais chez les amateurs le profil de président à moins changé.

Et les sempiternelles valeurs ?

Parlons-en. J’ai vécu comment Jacques Fouroux a été « tué » parce qu’il contrariait l’ambition de certains carriéristes qui craignaient son charisme. Il a été très entouré mais sur la fin, beaucoup l’ont abandonné. J’ai été le seul à l’avoir accompagné jusqu’à la fin de ses jours. Pourtant, il y a eu de beaux discours le jour de ses obsèques auxquelles, en accord avec son épouse, je me suis refusé d’assister.

Propos recueillis par Gérald Piffeteau

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