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Destins liés

Par Emmanuel Massicard
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Ce n’est jamais qu’un match dit amical, sans breloque ni titre pour graver en lettres d’or les premières lignes d’un palmarès comme le ferait une victoire en Coupe du monde. 

Oui, c’est un banal rendez-vous d’automne posé à la frontière des saisons quand le rugby international a terminé sa course folle dans l’hémisphère Sud pour mieux se réveiller sur le Vieux Continent. Ailleurs, dans d’autres disciplines, l’affiche serait d’une banalité confondante mais ici, dans notre petit monde ovale, ce n’est rien d’autre que la plus belle et grande des affiches. Majestueuse. Rêvée. Celle qui fait tressaillir chacun d’entre nous à l’heure des retrouvailles de nos Bleus avec les All Blacks. Frissons garantis.

On appelle ça la magie noire, mais il s’agirait plutôt d’un phénomène bien ancré dans le réel et plus encore dans l’histoire. Une opposition parfaite entre deux mondes aux antipodes, deux cultures et des rugbys totalement différents, dont les affrontements passés ont façonné les contours d’une rivalité sans aucune commune mesure avec tout ce qui existe par ailleurs. Et, si la légende oublie parfois les vainqueurs d’un Grand Chelem ou d’un Rugby Championship, elle porte systématiquement à son fronton les noms de tous les français qui ont réalisé l’exploit de battre un jour les All Blacks.

Oui, ce n’est rien d’autre qu’un exploit, d’autant plus magistral au regard du déclin tricolore depuis quinze ans… Mais, pour peu qu’une étincelle vienne mettre le feu aux poudres, rien n’est impossible. Et ne le sera jamais même si la crainte d’une déculottée incite plus que jamais à la retenue. Pour une fois, disons-le franchement, notre âme gauloise et frondeuse ne nous fera pas chanter avant l’heure, sans raison et pour le simple goût de la provocation.

À cette heure, le rugby français n’a pas de quoi fanfaronner. À l’image de Guy Novès et Bernard Laporte dont les destins sont désormais liés. Tous deux sont accrochés à ce premier rendez-vous comme à un ballon d’oxygène. Un succès leur permettrait enfin de rebondir, en lançant de la meilleure des manières la semaine de tous les dangers qui attend les Bleus, la fédé et tous ses clubs avec le match de la peur (mardi à Lyon contre les Blacks), le vote pour l’attribution du Mondial 2023 (mercredi à Londres) et la réception des Springboks (samedi à Paris). On ne fait pas mieux, ou pire…

Laporte et Novès le savent parfaitement, eux qui jouent ici très gros. Le sélectionneur -à qui il sera offert cette saison l’occasion de se mesurer à cinq reprises à la Nouvelle-Zélande- doit gagner pour inverser la tendance d’une première partie de mandat décevante. En jouant la carte de la jeunesse, il tente un coup de poker. Pour lui, les Blacks n’auront pas valeur de juge de paix mais ils pourraient lui offrir, en cas de succès, une légitimité renforcée.

Le président de la FFR, enfin, peut croiser les doigts et pousser derrière les Bleus. Une victoire, aussi courte soit elle, serait un allié précieux pour chasser les ultimes hésitations d’ici au vote de mercredi… Laporte, qui exècre la défaite, est confronté à un quadruple défi en huit jours. Reste à savoir si, cette fois, il n’a pas placé la barre trop haut. 

 

 

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