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Chapeau bas !

Par Jacques Verdier
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Publié le Mis à jour
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Passons sur les détails du vote. Et même sur les accointances, lobbys, promesses en tous genres, travail de l’ombre, retour d’ascenseur, politicaillerie et palinodies diverses, par où s’est jouée la nomination de la France pour le Mondial 2023. Comme en finale du championnat, seul le résultat compte. Et pour une fois que la France l’emporte, nous n’allons pas bouder notre plaisir.

L’autre mardi, lors de la 64ème cérémonie des Oscars Midi-Olympique, Bernard Laporte ne me cachait pas son optimisme. Il avait dit à Agustin Pichot, qu’il soupçonnait de jouer un drôle de jeu, sa façon de penser. Il avait fait le tour de tous les présidents concernés. « Si on est au deuxième tour, arguait-il, c’est gagné. » Je n’y croyais pas. Je n’y croyais plus. Mais j’admirais, en lui, cette part de confiance incroyable qui semble l’habiter depuis toujours, lui confère une autorité de meneurs d’hommes, et que semble exacerber l’adversité. Me revenaient en mémoire les paroles de ses anciens coéquipiers, ou des joueurs l’ayant eu sous sa coupe, affirmant tous d’une seule voix qu’il était capable de leur faire croire à l’impossible, avec un aplomb sidérant, une détermination implacable.

Les goguenards et les pince-sans-rire, peuvent bien se gausser. Laporte est un condensé impayable de qualités et de défauts, mais le voilà drapé des oripeaux de l’homme providentiel et ça change tout. 24-15, voilà bien, au reste, un score dont on se contenterait, samedi, au Stade-de-France. Il est alors amusant de constater que le style familier, tutoyeur, grand flandrin serreur de paluches de notre président, qui en indispose tant, s’accompagne par ailleurs d’une réelle perspicacité politique. De sorte que cette victoire personnelle – à laquelle il faut associer Claude Atcher, qui ne manque pas, lui non plus, de détracteurs, mais qui aura su imposer un savoir-faire admirable pour l’occasion - vaut son pesant d’arachides dans un palmarès qui en compte déjà quelques-unes.

Mesure-t-on seulement ce que ce Mondial va rapporter à la seule France du rugby ? Plus de 50 M€ pour le monde amateur, sans compter, pour peu que l’intelligence se mette de la partie, que l’on en finisse, ce qui serait souhaitable, avec les guerres larvées FFR-Ligue, un état de grâce retrouvé pour l’ensemble de notre sport en termes de promotion, de partenariats, de médiatisation. C’était inespéré il y a quelques jours encore. 

Dans l’état de désespérance où l’on se trouvait à l’endroit de notre jeu, dans ce climat de sinistrose typiquement français, où l’aigreur, la jalousie et la bêtise cohabitent si ardemment, cette perspective d’un Mondial en terre française a, pour lors, quelque chose de rafraîchissant et de probablement de salvateur.

Cela ne résout pas, bien-sûr, notre problématique sportive à la veille d’affronter l’Afrique du Sud, sur un terrain tout aussi miné que ne le fut le théâtre de ce Mondial 2023. Nos Bleus, en quête de rédemption, auront fort à faire face à un adversaire qui nous a laminés au printemps dernier et qui ne manquera pas de chercher à nous faire payer la double humiliation subie, en quelques jours, sur le front irlandais et londonien. On voudrait tellement, à défaut de grand jeu, de hautes espérances, que les potes de Guirado relèvent la tête. Qu’ils recouvrent un peu de cette fierté qui leur fit cruellement défaut ces derniers mois. Il leur serait, déjà, beaucoup pardonné.

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