Une identité à retrouver
En panne d’identité, le XV de France doit d’abord corriger les insuffisances constatées depuis six ans au sujet de son paquet d’avants, avant d’enfin établir des profils de joueurs adaptés à son projet.
Le constat
Une « opposition de styles », qu’ils disaient. Ouais… Encore que, pour qu’il y ait opposition, il aurait fallu un style. Et c’est là que le bât blesse terriblement… Hors de question ici de jouer les vierges effarouchées sur le thème du « Japon qui progresse énormément » ou de s’extasier sur « la technique balle en main, la vivacité et l’organisation supérieures des Nippons ». Parce que tout cela était déjà vrai en 2011, et peut-être même déjà en 2003, lorsque les Bleus ont croisé les Cherry Blossoms en Coupe du monde. Le truc ? C’est qu’à l’époque, le XV de France disposait d’un pack sur lequel s’appuyer pour faire pencher les rencontres à l’heure de jeu. Sur des joueurs, par exemple, assez intelligents pour profiter de leur avantage de taille au moment de contrarier les Japonais dans l’alignement, assez organisés pour utiliser leur poids dans les ballons portés, assez guerriers pour user de leur force dans le combat des rucks. Or, rien de tout cela n’est advenu à Nanterre, et c’est bien là la raison première de la chienlit observée en prime time samedi soir… Valeur historique du circuit mondial, le pack tricolore n’a jamais semblé si éloigné des standards du haut niveau, obnubilé par un culte obsolète de la mêlée fermée. Or, un pack en souffrance, et c’est toute une équipe qui sombre dans le doute. On ne refait pas le rugby…
Toutefois, une fois ce premier jalon posé, il faut bien parler du fonds de jeu. Et à ce titre, si l’on veut bien concevoir que le projet du XV de France demeure un canevas sur lequel les joueurs sont libres de laisser cours à leurs inspirations individuelles, on ne saurait gober que tous les hommes sont indéfiniment substituables. Passer de Serin à Dupont à la mêlée, en demandant à ce dernier de moins porter le ballon après sa prestation face à la Nouvelle-Zélande ? C’est malheureusement un non-sens. Passer de Penaud (et avant lui Fofana) à Bastareaud ? C’en est un autre. Le rétropédalage au sujet du cas « Basta » est à ce titre le symbole évident du manque de solutions d’un staff confronté à une panne de résultats et à la pression présidentielle, qui l’ont au final conduit à opter pour un « entre-deux » jamais payant au plus haut niveau.
La solution
Le challenge des coachs en vue du prochain Tournoi se situe justement là : identifier définitivement des talents et des « profils de joueurs » (à défaut d’un XV-type), puis décider en son âme et conscience d’un style adapté aux qualités de ses joueurs. Car à vouloir bâtir à tous crins un projet sur les « standards du haut niveau » tout en se polarisant sur les défauts à combler pour l’atteindre (l’exemple le plus frappant étant ici celui de Picamoles, qui donne l’impression d’avoir perdu son rugby le temps de la préparation physique estivale), le staff s’est enlisé de lui-même dans une ornière. Tout comme il ne rend pas service à ses joueurs en modifiant ses compositions en fonction des qualités supposées de l’adversaire, et non des siennes. Difficile dans ces conditions, en effet, de se forger une confiance et une identité…
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