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Le chantier de Laporte

Par Jacques Verdier
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    Le chantier de Laporte
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Bien sûr que la responsabilité du staff est directement engagée dans la gabegie sportive de cet automne. Bien sûr que le comportement atone, sans colère, sans persévérance ni jugeote des joueurs, l’est tout autant. Mais s’il suffisait de changer les uns et les autres pour résoudre les problèmes du rugby français, les choses seraient faciles.

La France n’est plus une nation, c’est devenu l’auberge espagnole du rugby mondial, où la course au fric et le chacun pour soi sont devenus les signes avant-coureurs de notre déliquescence. L’équipe de France hérite aujourd’hui de trente années de laisser-aller, de laxisme total, où la fédé a laissé la Ligue librement s’installer, les clubs prendre toute la place, où le statut des internationaux n’a jamais été défini, où aucune règle ne fut emménagée concernant la venue des joueurs étrangers, où la formation même des jeunes joueurs fut soumise au bon vouloir des DTN, mais sans suivi, sans ligne directrice, sans l’aval ni la concertation de tout notre rugby. Chemin faisant, en accueillant la terre entière, et faute de pouvoir s’appuyer sur un projet véritable, une vision réelle, des dirigeants habités par une croyance de laquelle aurait débouché leur politique, notre pays a perdu le peu d’identité sportive qui lui restait et abandonné ses jeunes espoirs. On ne saurait trop s’étonner, aujourd’hui, de voir notre équipe nationale réduite à rien ou à pas grand-chose.

Face à quoi, le chantier qui s’offre à Bernard Laporte est immense. C’est qu’il ne s’agit pas de tricoter une équipe sur un coin de table, de trouver, ou pas, un nouvel encadrement technique. Il faut tout remettre à plat : le jeu pratiqué, les compétitions, la formation, le statut des internationaux. Avez-vous vu jouer l’Ecosse, samedi et, parallèlement à ça, jeté un œil sur les matchs du Top 14 ? C’était comme regarder courir un léopard et un lapin de garenne. La vitesse et le panache d’un côté, la soumission à des peurs et à la lenteur de l’autre. Et peut-être est-il temps de dénoncer ouvertement une compétition devenue obsolète au fil du temps et qui n’a plus, à l’heure actuelle, qu’une vision économique de rentabilité et ne vit plus que de court terme et d’opportunisme télévisé.

Bernard Laporte aura-t-il le cran et l’intelligence créatrice pour proposer à toutes les parties prenantes du rugby français un vrai dessein ? Aura-t-il la grandeur de se rapprocher de la Ligue (sans laquelle, soyons clairs, il n’obtiendra rien en l’état actuel des choses) pour affiner un projet commun, favorable à tous ? Qu’il en soit en tout cas persuadé : tous les grands hommes qui ont fait l’Histoire avaient une foi. Et ce que l’on attend de lui, c’est ce que n’ont pas su nous donner justement ses prédécesseurs : une France capable de penser par elle-même et non plus soumise aux diktats de la dernière mode — ce qui est vrai pour le jeu comme pour l’organisation générale de notre rugby.

Il faudra des années pour tout reconstruire. Des années pour que notre pays recouvre son rang. Le foot français est passé par là.Et rien là de dramatique si l’on sait seulement prendre les bonnes mesures.

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