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Quinze jours pour trancher

Par Pierre-Laurent Gou
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Perspectives - Le président Bernard Laporte s’est donné une quinzaine de jours de réflexion. « Cela fera du bien », a-t-il confié, avant de prendre LA bonne décision pour le XV de France. Si le staff est pointé du doigt et sa position fragilisée par les mauvais résultats, le destin de Novès-Bru-Dubois n’est pour l’heure pas encore tranché.

Il est près de cinq heures du matin, ce dimanche, quand Bernard Laporte se décide à regagner son domicile parisien. Quatre heures plus tôt, il avait accueilli l’ensemble du XV de France au dixième étage du Pullman Tour Eiffel dans le salon Trocadéro pour le dîner officiel. L’occasion de s’adresser rapidement aux joueurs et au staff car il n’était pas passé par la case vestiaire à l’U-Arena, et de satisfaire aux obligations du protocole d’après-match (remise de capes pour les nouveaux sélectionnés). Le moment n’est pas à la fête et Laporte choisit rapidement de s’isoler. Il veut prendre le temps de réfléchir. Une première fois à chaud. « Je me donne quinze jours pour trancher. Je vais discuter avec les différents protagonistes. S’il faut changer de sélectionneur, je le ferai mais je ne veux pas me précipiter. Le rugby français est malade et cela ne date pas du match face au Japon mais cela ne peut plus continuer. Est-ce la solution ? Il faut trouver le bon médicament », nous glissait-il ce dimanche matin à Orly-Ouest au moment de prendre un avion pour filer assister à la rencontre Nice-Bédarrides puis à la remise des Awards de World Rugby à Monaco le soi-même. Il n’en dira pas plus, refusant poliment notre demande d’interview. Avant de s’exprimer publiquement, Bernard Laporte veut mener son propre audit sur les maux de l’équipe de France. Conscient qu’en tant que président, il ne peut plus enfiler le survêtement pour exposer ses vues lors des entraînements à l’actuel staff, il veut savoir si le discours et le message passent toujours. Si les joueurs n’ont pas tout simplement « lâché » leurs entraîneurs. Depuis son arrivée et malgré ses réticences initiales sur Guy Novès, il l’a constamment défendu aussi bien dans ses sorties publiques qu’en interne. Si, jusqu’alors, Novès n’a jamais été en danger, c’est parce que Laporte sait aussi que sa simple éviction n’a rien d’une solution miracle mais aussi que, si l’ex-manager ne démissionne pas, cela coûterait très cher à la Fédération de changer l’ensemble du staff. Un million et demi d’euros au bas mot. Enfin, il veut savoir ce qui se passe dans l’intimité du groupe. « Je connais trop la fonction pour mesurer à quel point il faut être plongé au quotidien pour comprendre l’entière situation », indiquait-il la semaine précédant le France - Japon de samedi soir, à propos d’un possible remaniement. La triste prestation du XV de France a rebattu quelque peu les cartes et Bernard

Guilhem Guirado consulté

Laporte semble désormais s’interroger. Lui, qui a clamé que Novès serait présent jusqu’au Mondial 2019, doit réfléchir à toutes les éventualités. Il faut un électrochoc, il faut surtout que l’équipe de France remporte des matchs. Le staff a ses responsabilités, les joueurs aussi. « Bernard ne nous a pas épargnés », chuchotait un joueur à l’aéroport parisien dimanche en fin de matinée au moment de rejoindre son club. Le président de la FFR sait avoir des mots durs dans l’intimité d’un vestiaire. Piquer ses joueurs pour qu’il y ait une réaction. Il devrait s’appuyer sur le capitaine Guilhem Guirado pour connaître leur ressenti mais aussi faire passer ses messages. Selon Bernard Laporte, les joueurs, et notamment les prétendus cadres, sont au moins aussi responsables que le staff. Changer tous les joueurs est plus compliqué que les entraîneurs même si cela permettrait à la FFR de réaliser quelques économies. Seulement, Laporte pourrait aussi décider d’insuffler du sang neuf dans le staff et pourquoi pas un consultant étranger. On a beaucoup parlé de Clive Woodward sans que cela paraisse fondé. Les noms de Wayne Smith, Joe Schmidt et Vern Cotter lui ont été suggérés. Seul le premier nommé est actuellement libre, du moins contractuellement depuis la fin des Four-Nations. Côté manager français, sur le marché, personne ne semble avoir les épaules assez larges pour venir au chevet du XV de France. Le Bordelais Jacques Brunel en a le profil mais il est en poste et a vu cette saison ses prérogatives élargies. Une option rendue naturelle par la proximité des deux hommes et qui pourrait devenir prioritaire.De toutes les manières, les postulants ne manquent pas et certains savent lui faire sentir qu’ils sont prêts à prendre en main la sélection. Azema, Collazo, Galthié, Mignoni ou encore Mola sont trop estampillés techniciens dans l’esprit du président pour être des candidats au poste de numéro 1. Et comme adjoints ? S’il se décidait à se séparer du duo d’adjoints Bru-Dubois tout en conservant Novès en numéro un, Bernard Laporte devrait lui laisser voix au chapitre dans le choix. Là encore, les deux visés devraient être entendus par Bernard Laporte. Ils devront s’expliquer sur certains de leurs choix. Indiquer pourquoi ce XV de France, en manque de leader, a dû se passer d’un Morgan Parra qui ne manque pas de partisans. Avant les fêtes, on connaîtra le verdict du président qui, pour la première fois depuis qu’il a pris son mandat, va devoir trancher dans le vif. Novès ? Bru et Dubois ? Les joueurs ? « Je dois changer quelque chose », admettait-il à demi-mot.

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