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Le fond et la forme

Par Jacques Verdier
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Publié le Mis à jour
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Fallait-il se passer de Guy Novès ? Sur le fond, la question mérite d’être posée.

Fallait-il se passer de Guy Novès ? Sur le fond, la question mérite d’être posée. Quelle que soit la richesse du palmarès du Toulousain, quelle que soit l’estime qu’on peut lui porter, les insuffisances du XV de France sur les derniers mois étaient de nature à remettre sa légitimité en question. On connaît l’antienne derrière laquelle se réfugient désormais tous les présidents et qui voudrait nous faire accroire qu’une équipe de rugby se gère comme une entreprise : quand les résultats ne sont pas là, c’est le manager qui en fait les frais. Les équipes peuvent être nulles, les moyens mis à la disposition insuffisants, c’est toujours le manager qui paie les pots cassés. Logique libérale, culture d’entreprise, dont le foot s’est emparé depuis des lustres. On en pense ce que l’on veut mais elle n’est évidemment pas dénuée de fondement.

Au vrai, c’est affaire d’opinion. Même si l’on sait que l’opinion, depuis toujours, est la fille illégitime de l’intérêt ; que l’on pense presque exclusivement ce que l’on a intérêt de penser. En mettant l’affaire dans les mains de Serge Simon qui n’a jamais pu souffrir Novès (et réciproquement), Laporte savait à quoi s’attendre. Et dès lors que Jacques Brunel, l’ami de Laporte, ne désapprouva pas l’avance qui lui était faite, la messe était dite. Les intérêts des uns prévalant, ou devançant, une analyse de fond depuis vingt ans remise aux calendes : quelle politique nouvelle mettre en place en faveur du XV de France, avec quels moyens, quels hommes pour la gouverner, quel statut pour les joueurs, quelles compétitions, etc.

Le procédé me semble d’autant plus ambigu que l’on accorde, en France – et je fus de ceux-là, je le confesse volontiers – une place finalement trop importante aux coachs. Une autorité certes s’impose. La genèse de la fonction de chef, telle qu’elle fut récemment étudiée, laisse apparaître que ceux-ci existent depuis la Mésopotamie à la fin du quatrième millénaire et que toute collectivité, depuis la nuit des temps, aime s’appuyer sur un guide, un roi, un empereur, un maître ou un grand homme. Mais le chef, comme nous le rapporte Yannick Nyanga dans l’interview qu’il nous a accordée en pages intérieures, ne devrait-il pas être plus sûrement le capitaine ? Les Blacks, et Yannick a raison de le souligner, ne s’y sont jamais trompés.

Mais revenons à notre affaire. Si le fond fait débat, répétons-le, sur la forme, en revanche, le processus est lamentable. Il vous faut savoir, lecteurs, que ce sont des journalistes qui auraient appris à Guy Novès et à ses adjoints qu’ils allaient être limogés. Pas un mot de la FFR, pas un appel.

On ne tient pas des hommes qui ne vous ont rien fait, des hommes infiniment estimables, des hommes auxquels on a répété sur tous les tons qu’ils iraient jusqu’en 2019, dans un mépris pareil. C’est une honte, au sens propre du mot, doublée d’une faute managériale - on est toujours le manager de quelqu’un - que Bernard Laporte et Serge Simon pourraient bien payer cher un jour ou l’autre. Vis-à-vis de l’opinion populaire, comme vis-à-vis de leur entourage.

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