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Un maillot à défendre

Par Emmanuel Massicard
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    Un maillot à défendre
Publié le Mis à jour
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Nul besoin de se perdre en conjectures quand on rencontre Mohed Altrad. Vous le comprendrez en lisant la longue interview qu’il nous a accordée, le patron du MHR se présente lui-même comme le président/sponsor le plus puissant de notre rugby. Il porte ainsi l’héritage d’une tradition bien de chez nous faisant du mécène argenté une figure tutélaire, incontournable et légitime dans son fief mais tout autant décriée et jalousée par ailleurs.

Ce qui change avec Altrad, c’est l’étendue de son territoire d’influence, et le champ de ses ambitions. L’homme ne se contente plus de vibrer à l’échelle régionale, autour du phare montpelliérain qu’il a sauvé de la faillite. Il repousse les frontières de son univers personnel, au gré du développement de sa société, pour épouser des causes nationales et « sauver » un XV de France embourbé dans l’échec depuis trop longtemps.

Résultat, celui qui ne connaissait rien de ce jeu en débarquant au MHR en 2011 est devenu incontournable. Presque intouchable serait-on tenté d’écrire à la lecture son raisonnement. Fort d’un chèque de 35 millions d’euros signé pour cinq ans à l’ordre de la FFR, Altrad vient de faire du maillot tricolore une nouvelle zone à défendre au profit du rugby amateur, méprisant les flèches tirées par ses collègues présidents du rugby pro.

De tout cela comme des critiques liées à sa proximité avec Bernard Laporte, l’homme n’en a cure. Il fonce sans arrêt et ajoute encore 4 millions d’euros par an de ses fonds personnels à destination d’une fondation pour la formation des jeunes rugbymen. Sans jamais douter, ni trembler. Si les engagements se concrétisent, celui qui ne s’est jamais embarrassé des principes d’une histoire qui n’était pas la sienne pourrait incarner le rapprochement entre deux mondes - pro et amateur - que tout oppose. Avouez-le, ce n’est pas le moindre des paradoxes.

Reste les questions, légitimes, qui surgissent face à un tel engagement. Altrad va-t-il limiter ou même stopper le recrutement de joueurs étrangers pour valoriser la formation ? Quelles sont ses limites ? Concentre-t-il désormais tous les pouvoirs ? Le rugby français peut-il se dispenser des garde-fous envisagés par le Comité d’éthique, qui nous semblent nécessaires pour éviter de prêter le flanc à la suspicion ?

A ce point de l’histoire, on se demande d’ailleurs pourquoi Bernard Laporte n’a pas fait les choses dans ce qui nous semble être le bon ordre, en répondant aux attentes qui lui étaient formulées avant de valider le partenariat Altrad… Y avait-il donc une forme d’urgence, un danger à voir le milliardaire héraultais s’envoler vers d’autres projets plus vastes encore ?

Plus sûrement, il y a des chances pour que le président de la FFR ait une nouvelle fois saisi l’occasion d’imposer son pouvoir, fonceur en diable et prenant le risque de s’offrir aux critiques. Nul besoin d’un audit payé à grands frais pour comprendre que Laporte, qui a déjà sacrément tapé dans la caisse de son capital de sympathie, joue avec le feu. Forcément suspendu aux prochains résultats des Bleus…

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