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Roman policier

Par Léo Faure
  • Roman policier
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Publié le Mis à jour
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Cette fois, on ne rigole plus. Pas qu’on se fendait franchement la poire, depuis plusieurs mois, quand le rugby parlait déjà nettement moins de ballon que de gros sous, de contrats dissimulés, de coups de fil à un ami et de petits services entre gens de bonne influence. Mais on traitait surtout, dans ces colonnes, de communiqués de presse, de versions divergentes, de la défense maladroite des uns et des attaques méthodiques des autres. On s’efforçait aussi de croire, coûte que coûte, que le rugby méritait encore une approche sportive, passionnée, émotionnelle. Qu’il se jouait d’abord sur un terrain engazonné, loin des parquets et de leurs huiles. Cette fois, l’image choque. Parce qu’elle est franchement choquante : le rugby français a fait son actualité de la semaine par une « descente de flics », à Marcoussis, dans le palais présidentiel. Sur le fond, ce sont les prémices d’une enquête qui s’annonce longue, et dont on se gardera bien de prédire l’issue. Sur la forme, on vient de changer de monde.

La version officielle, côté fédéral, distille un message de tranquillité. Blanc comme neige, jure-t-on. On s’étonne, dès lors, qu’une bonne partie des dirigeants du rugby français soit soudainement tombée en panne de batterie de téléphone, depuis trois jours. La prudence est un minimum, la méfiance un bon conseil contextuel. La chape de plomb s’était toutefois déjà scellée, depuis de longs mois, sur le CNR Marcoussis. Dans les bureaux de l’administratif, on ne compte plus les préavis de départ, les arrêts maladies ni les mines déconfites. Au point que la direction des lieux a mis en place, voilà plusieurs semaines, une cellule d’aide psychologique à l’intention de ses employés. Le soutien et l’affection ne s’achètent ni à coups de grandes déclarations sur le rugby amateur, ni au renfort d’écrans télés offerts aux clubs. Ils se gagnent. Et la FFR, question communication, accumule les mauvais points.

Au rayon des joyeusetés, on a aussi appris, ces derniers jours, que plusieurs membres du comité directeur siégeant dans l’opposition, parmi lesquels Serge Blanco, Fabien Pelous ou Florian Grill (nouveau président du comité Île-de-France) pourraient se voir assigner à un passage devant une commission interne. Leur tort ? Des prises de parole, publiques, pour dénoncer des choix politiques qu’ils ne cautionnent pas. Une évidence, pour des membres de l’opposition. Un affront pour la direction en place, qui se targue pourtant d’avoir « rétabli la démocratie » dans ses murs (propos de Christian Dullin, secrétaire générale de la FFR, dans une interview au Dauphiné Libéré le 14 janvier).

Ainsi va notre rugby. Tristement. Parmi les prérequis du moment, on ne saurait donc trop vous engager à ne pas lancer l’éternel débat sur les sacro-saintes valeurs de ce sport, à table, chez belle-maman. Le sujet fait désormais rire. Bouffé par sa croissance incontrôlée et déraisonnée, le rugby se coupe chaque jour un peu plus de sa spécificité, qui faisait la fierté de sa base populaire. Dans ce « sport de copains autour d’un ballon », les copains d’hier se déchirent. Et on ne cause même plus du ballon.

 

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