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Un rugby de ce siècle

Par Emmanuel Massicard
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    Un rugby de ce siècle
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Il est le premier à avoir accepté le défi, sans doute parce qu’on ne refuse rien à un ami de trente ans se trouvant dans la panade. Jacques Brunel a donc dit oui à Bernard Laporte en fin d’année, quand ce dernier lui a proposé/demandé/suggéré (rayez la mention qui vous semble inutile) de prendre en mains le XV de France.

Le Gersois s’est engagé quand d’autres ont poliment refusé, peu enclins à se mettre en danger pour une « pige » de quelques semaines au chevet d’une sélection devenue machine à broyer ses techniciens. Qu’importe l’odeur du poison qui embaume le CNR de Linas-Marcoussis, les défaites qui s’accumulent, la réputation et le moral ravagés, le poids des absents ou ces récentes perquisitions qui ont encore plus pollué l’atmosphère, Brunel mènera les Bleus de Guilhem Guirado, samedi face à l’Irlande.

Sans doute a-t-il estimé, lui, n’avoir rien à perdre à cet instant de sa carrière, sur le chemin de l’écurie. Et puis, franchement, comment pourrait-il être tenu responsable d’un énième échec quand Novès lui-même n’a pas su transformer le plomb en or ? Et quand, depuis quinze ans, rien ni personne n’a été en mesure de stopper le déclin tricolore.

Brunel sait qu’il lui sera beaucoup pardonné, du moins à l’entame. Et qu’il surfera sur un nouvel élan, porté par des vents favorables. Après le naufrage de novembre, les Bleus voudront se racheter, certains d’entre eux seront même redevables envers Laporte… De quoi espérer un sursaut d’orgueil et un Tournoi d’un tout autre calibre que les sept derniers matchs d’un XV de France fantomatique.

Mais, l’ancien manager bordelais est assez expérimenté pour savoir qu’il jouera gros dès l’entame, directement confronté à la troisième place de Novès l’an dernier (meilleur classement depuis un long bail) et suspendu à sa promesse de jouer la victoire finale jusqu’au bout… Et pourquoi pas remporter la série de tests en Nouvelle-Zélande cet été, tant qu’on y est !

Soyez sûrs qu’un cuisant échec face à l’Irlande, troisième au classement World Rugby, plongera en effet notre sélection dans un abîme d’incertitudes à deux ans du prochain Mondial. Après la claque, Brunel n’échappera clairement pas à la révolution, prié de tout changer et d’envoyer une nouvelle génération au front, sans gage pour l’avenir.

Il connaît trop bien la loi du genre et les codes de son propre milieu pour savoir qu’il sera jugé sur les résultats, évidemment, mais aussi sur la manière. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, les Bleus devront en effet effacer l’image -si peu glorieuse- d’une sélection larguée, dépassée par le rythme et la vitesse des Japonais, au point d’être renvoyée en deuxième division mondiale. Une vitrine tout bonnement incapable de relever le défi d’un rugby de ce siècle quand toutes les autres nations autour de nous ont plongé sans retenue dans l’expression d’un jeu de mouvement, préférant la conquête des espaces plutôt que la guerre des tranchées.

Ce n’est rien d’autre qu’une révolution culturelle, à laquelle nous n’échapperons pas dans les mois à venir, en Top 14 comme chez les Bleus de Jacques Brunel. Une révolution qui ne sera jamais possible sans un minimum de confiance et, pour ce faire, sans quelques précieux succès.

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