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Bleu nuit

Par Emmanuel Massicard
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Il n’y a pas de surprise. La préparation tronquée de ce Tournoi 2018 sacrifié sur l’autel de la politique débouche, hélas, sur un échec aux allures de naufrage.

Battus successivement par l’Irlande et l’Ecosse, les Bleus ne gagnent toujours pas. Pire, ils dégringolent au classement Mondial et se rapprochent de ce Tournoi B où nous avons si souvent voulu renvoyer nos voisins italiens, qui nous attendent dans quinze jours à Marseille.

Nous n’en sommas pas là, évidemment, mais l’agonie tricolore a quelque chose de désarmant… Oui, il y a de quoi hurler et pleurer devant tant d’incohérences, de fautes répétées, d’approximations, d’absences ou de limites en tous genres. C’est pourtant notre pain quotidien.

Après avoir pris un malin plaisir à ringardiser Novès, certains ont bien tenté de nous faire croire que Jacques Brunel incarnait l’avenir. Qu’il allait même tout changer à grands coups de sourires. Que ses Bleus, enfin libérés, allaient être réincarnés en champions, avec des leaders qui sortiraient du rang pour épauler leur capitaine, appréhender le danger et peser sur le jeu. Ben voyons… 

Nous l’avons vu, rien n’est venu en dehors des coups d’éclats de Teddy Thomas. En trois essais pour autant d’occasions, l’ailier-funambule a certes entretenu l’illusion d’un rugby retrouvé mais la réalité, vous le savez bien, est d’un autre tonneau. Il y a -encore une fois, hélas- une forme de logique à voir s’imposer cette équipe d’Ecosse tellement rodée dans l’expression de son rugby et si habituée à jouer ensemble, face à des Bleus qui, eux, n’en finissent plus de valser au rythme des blessures et des sacrifices. 

L’urgence de ce Tournoi nous a explosé à la figure, symbolisée par le rappel de Lionel Beauxis, six ans après sa dernière sélection. Attendu comme notre Messi, l’ouvreur Lyonnais a débarqué lundi au CNR après… une semaine de vacances passée au soleil de Dubaï ! Non, vous ne rêvez pas ! 

Et, pendant ce temps-là, les Ecossais étaient tous réunis autour de Townsend à préparer les 6 Nations. Comment s’étonner qu’ils aient mieux terminé la partie quand Lionel, lui, sombrait lentement et inexorablement ! Manquerait plus qu’on les brûle, Lionel, les Bleus et leur staff comme tant d’autres avant eux, sur le bûcher de nos vanités. 

Ne soyons pas dupes. Le pire, que l’on disait derrière nous, reste peut-être à venir si rien ne change profondément dans notre manière d’aborder les prochaines échéances. Dès l’Italie, pour commencer. Et en suivant, face à l’Angleterre, le pays de Galles ou la Nouvelle-Zélande pour un terrible triptyque estival. 

L’enfer n’a jamais été aussi proche mais il serait pourtant bon de considérer l’avenir à plus long terme, en installant des joueurs sur la durée et en leur instillant de l’intérieur la confiance qui se refuse à eux par l’absence de victoire. 

Ce n’est rien d’autre que le minimum syndical, comme le combat reste la base incontournable et inaliénable de ce jeu. Des éléments indispensables sur lesquels il faudra bien que le rugby français s’accroche avant de voir les grandes réformes tant attendues porter leurs fruits. Avec des règlements plus drastiques au niveau des Jiff, pour donner du temps aux futurs Bleus. Avec un calendrier devenu enfin cohérent. Avec une formation renforcée. Avec une culture retrouvée et assumée, un fond de jeu partagé à tous les niveaux de la pyramide. Au fond, rien ne change et nous avons ici l’impression de répéter inlassablement les mêmes constants, aussi alarmants soient-ils, depuis trop d’années. 

Les grands joueurs font les grandes équipes et les grands matchs. C’est à eux de se relever ! Pour l’heure, nous sommes tous plongés dans un drôle de bleu nuit…

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