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Notre trésor

Par Emmanuel Massicard
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Tout ce qui est rare est cher. à ce titre, le succès du XV de France, vendredi à Marseille a l’allure d’un véritable trésor. Même face à l’Italie, il vaut de l’or après huit matchs sans victoire et près d’un an d’une disette infamante au plan sportif.

L’honneur est sauf pour Guilhem Guirado et ses hommes qui évitent l’humiliation d’une cuillère de bois. Pour Jacques Brunel, qui gagne enfin avant d’entamer cinq matchs de la muerte… C’est assez, sachez-le ! Assez pour redorer un blason terni par les affaires et encore sali par les débordements de quelques irresponsables, il y a quinze jours dans la nuit d’Édimbourg. Assez, au finish, pour que cette équipe de France tout fraîchement sortie du néant se mette à rêver d’un exploit majuscule dans quinze jours face à l’Angleterre. Après tout, pourquoi ne pas y croire malgré la vérité : l’espoir est infime et les étincelles si discrètes ! Les Écossais eux-mêmes viennent pourtant de faire chuter l’armée rose d’Eddy Jones, présumée - quasi - invincible.

Alors, les Bleus et nous avec, avons bien le droit d’espérer un miracle qui viendrait renverser les plus solides de nos certitudes quand, match après match, le fossé se creuse toujours davantage entre des modes de jeu et des cultures aux antipodes.

Ce week-end encore, Irlandais, Écossais, Gallois et Anglais ont paru pratiquer un rugby qui n’est pas le nôtre. Ailleurs, il est joué à très grande vitesse quand nous restons scotchés dans un jeu de collisions frontales, suspendus aux charges de Mathieu Bastareaud… Et englués dans les rucks, « ce nouvel a.b.c. du rugby que les français n’ont jamais intégré » tel que nous le confiait récemment Denis Lalanne.

Difficile d’être plus juste : c’est ici toute la différence entre les meilleures nations mondiales et des Bleus qui ne sont plus tout à fait de leur époque. Et c’est ce qui fait émerger chez nous tous la désagréable sensation d’un XV de France relégué en deuxième division internationale, désormais loin des meilleurs, condamné à tout donner pour mater une trop faible sélection italienne.

A tout dire, il faudra bien plus qu’une prise de conscience pour que les choses s’inversent demain. C’est une révolution culturelle qui nous paraît devoir s’imposer à tous pour que le combat et la culture du tout-physique repassent au second plan, derrière la technique individuelle, la quête perpétuelle de vitesse, le goût de l’évitement et du jeu de passes.

Ce n’est rien d’autre que la beauté historique de notre discipline et c’est à ce prix que le XV de France redeviendra ambitieux, compétitif sur le long terme et surtout légitime aux yeux du monde. Nous jurerons volontiers que c’est encore à ce prix qu’il fera trembler les meilleurs et retrouvera l’adhésion du grand public qui s’écarte aujourd’hui dangereusement de sa route. On peut appeler ça la magie, mais ce n’est rien d’autre qu’une logique implacable dans un sport devenu spectacle.

Le rugby français, parce qu’il se plaît à vivre en décalé, doit désormais combler son retard et se montrer inventif s’il entend distancer un jour la concurrence. Il doit surtout compter sur le XV de France pour accélérer le mouvement et faire naître l’union sacrée avant d’accueillir l’Angleterre pour mieux réaliser le casse du siècle. Les Écossais l’ont bien fait…

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