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Plein centre

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Et si Mathieu Bastareaud était celui qui manquait aux Bleus, comme à l’ensemble du rugby français. Ne riez pas, la question mérite d’être posée alors que notre discipline est en perte de repères autant que de vitesse, sans résultats probants à l’international et malmenée de l’intérieur.

S’il avait été troisième ligne, voire talonneur, Mathieu Bastareaud serait très certainement l’une des stars du rugby français : roi du grattage et du chamboule tout dans le petit périmètre, machine à broyer ses adversaires, il est ce bulldozer qui manque tant aux Bleus, privés de « gros-porteurs ».
Ses kilos en trop ? Un épiphénomène… Ce qui lui vaut quelques railleries au centre ferait son charme dans le paquet d’avants. Et nous serions même prêts à parier que « Basta » compterait déjà plus d’une bonne soixantaine de sélections avec le n° 6 dans le dos, faisant partie des incontournables pour n’importe quel sélectionneur quand il n’en finit plus d’alimenter le débat autour de ses qualités - ou faiblesses - et de son profil atypique.


Bastareaud est l’anti Boni. L’exact opposé des Maso, Sella, Nadal, Charvet et autre Codorniou qui ont dessiné, pour l’éternité, ce qui semble être le profil du centre français idéal : passeur, crocheteur et finisseur… Mathieu, lui, n’est pas dans les clous. Il brille dans la collision, si peu dans l’espace et l’évitement. Il casse ainsi les genres, « décode » véritablement et ouvre de nouvelles perspectives en même temps qu’il renverse les plus féroces évidences.


C’est pourtant le Toulonnais qui a sorti le XV de France du néant contre l’Italie. Et c’est encore lui qui porte nos espoirs en vue du « crunch », samedi face à l’Angleterre. Ses atouts, on le sait, sont plus physiques que techniques. Ne faisons pas la fine bouche, il n’est plus temps. On s’en contentera volontiers s’ils font gagner les Bleus face à ces attaquants de la Rose dont la vitesse d’exécution risque de plonger Bastareaud dans la… Perplexité.


A cette aune, nous ferions bien de construire un projet de jeu à la mesure de son champ d’action. Faute de mieux, répétons-le. Et, aussi, parce que « Basta » est le seul à pouvoir endosser l’habit de « star » du rugby français. Le seul joueur en activité susceptible d’être reconnu dans la rue, identifié par le grand public et supporté par les gamins. Or, c’est tout ce qui manque à notre rugby, rendu invisible faute de résultats autant que par l’absence de joueurs charismatiques sur lesquels nous pourrions construire une aventure et relancer une discipline menacée par le désamour.


La semaine dernière, Pascal Irastorza, l’homme qui avait théorisé la « Chabalmania », regrettait dans ces colonnes que l’on « dézingue systématiquement nos têtes de gondole ». Et affirmait en suivant que Bastareaud est « celui qui a le plus de potentiel pour devenir une icône. » Ses deux constats implacables se confrontent à une autre évidence : le rugby français a besoin de gagner pour se forger une réputation et mettre ses hommes en valeur. Sans quoi, ses plus beaux atours resteront à jamais invisibles et « Basta », comme tant d’autres avant lui, portera la sélection comme un fardeau.

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