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Faut-il tuer le JIFF?

Par Jérémy Fadat
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Publié le Mis à jour
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Vendredi, contre toute attente, le comité directeur de la FFR a choisi de ne pas suivre l’avis du CNOSF d’accorder une dérogation à Scott Spedding pour qu’il soit considéré JIFF pendant deux ans.

Mises en place en 2010 par la LNR, les réglementations Jiff avaient pour but initial de protéger les jeunes joueurs français face à l’arrivée progressive d’étrangers et donc l’équipe de France. Pierre-Yves Revol et Thierry Perez, pères de cette réforme, avaient imaginé ce fameux statut de Jiff pour respecter le droit européen. Pour y avoir accès, il faut avoir passé au moins trois saisons au sein d’un centre de formation agréé, dans le cadre d’une convention de formation, ou avoir été licencié au moins cinq années à la FFR avant ses 23 ans. Cette saison, les clubs doivent aligner quatorze Jiff de moyenne selon les règles générales pour ne pas s’exposer à une sanction financière ou un retrait de points. La saison prochaine, la moyenne sera de seize. Autant dire que le Jiff devient une denrée précieuse. Certaines écuries dégraissent en poussant vers la sortie des non Jiff (comme Mogg et Tomane à Montpellier). Voilà comment Scott Spedding peine aujourd’hui à trouver un club. En octobre, les dirigeants clermontois lui ont annoncé qu’il ne serait pas conservé au terme de l’exercice. Or, son cas est particulier. Il a débarqué en France en 2008, à Brive où il a intégré le centre de formation avant d’accepter un contrat professionnel en 2009. Soit un an avant l’apparition du règlement Jiff… Le Sud-Africain a obtenu la nationalité française en septembre 2014 et compte 23 sélections chez les Bleus. Malgré son passeport, Spedding est dans une impasse. Il a donc entrepris les démarches pour réévaluer sa situation. Sa demande a été rejetée fin novembre par la Commission juridique de la LNR. Le mois suivant, le Comité directeur de la FFR a refusé de se prononcer. Il s’est tourné vers la Commission d’appel de la FFR, laquelle a estimé en janvier qu’il n’était pas dans ses compétences de trancher. Spedding a donc saisi le CNOSF qui lui a émis un avis favorable il y a deux semaines, préconisant une exception pour deux ans sur son cas. Mais, contre toute attente, le Comité directeur n’a pas suivi cet avis vendredi.

Conseil d’état, tribunal administratif et commission européenne

La question est de savoir pourquoi la Fédération a ainsi agi. Le joueur, et son avocat Romuald Palao, vont aller plus loin et entreprendre trois nouvelles procédures. Vendredi, ils ont saisi le Conseil d’État, en demandant la suppression de l’augmentation du nombre de Jiff. Ce lundi, ils vont saisir le tribunal administratif pour contester la décision de la Commission d’appel de la FFR de ne pas octroyer le statut Jiff à Spedding. Enfin, ce lundi aussi, ils saisiront la Commission européenne. « Ce sont trois procédures immédiates pour favoriser déjà l’employabilité de Scott et très vite lui permettre de retrouver un club, affirme Romuald Palao. On se devait de partir sur des procédures rapides. On ne conteste pas le statut Jiff en lui-même mais les quotas. » Même si, à terme, de tels recours peuvent remettre en cause son existence pourtant si chère à la LNR. Les institutions disent officiellement craindre de créer un précédent alors que seuls cinq ou six joueurs seraient à ce jour concernés par la solution proposée par le Comité olympique. Déjà décrié pour les contournements imaginés par les clubs ou l’inflation des salaires observés sur les Jiff, ce règlement pourrait donc être en danger. Il existe notamment un précédent pour ce genre de cas dans le basket espagnol où la proportion de joueurs équivalents au statut Jiff était de 40 %. La Commission européenne avait considéré, en 2015, que c’était disproportionné. En Top 14, le ratio atteindra 65 % la saison prochaine. Or, Bernard Laporte n’a jamais caché son intention d’arriver à une présence maximum de cinq joueurs non sélectionnables par feuille de match. Spedding ne serait alors pas concerné. Son action pourrait-elle aboutir à la suppression pure et simple de la réglementation actuelle ? Serait-ce la volonté de la FFR, qui arriverait à ses fins par la suite ? « On en vient à s’interroger sur les intentions de chacun dans cette histoire », glisse désabusé Romuald Palao. En attendant, Spedding, qui assure avoir simplement voulu trouver une solution pour sa fin de carrière, se retrouve victime d’un combat qui le dépasse.

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