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Les nouveaux flankers

Par Simon Valzer
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Publié le Mis à jour
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Contre toute attente, on voit de plus en plus régulièrement des talonneurs reculer de deux lignes dans le pack pour être repositionnés en flankers, et avec succès. Quels sont les tenants et les aboutissants de ce choix que les managers n’hésitent plus à faire, quitte à fatiguer deux talonneurs en même temps ?

Il n’est pas rare de voir un talonneur remplacer un troisième ligne en cours de partie, pour diverses raisons. Protocole commotion, remplacement, saignement… les raisons ne manquent pas et l’on a souvent vu le talonneur tricolore du Racing 92 Camille Chat reculer de deux lignes dans le pack en cours de rencontre. On a aussi assisté à de nombreuses reconversions entre les postes de troisième ligne et de flanker. Citons ainsi l’exemple de Jean-François Tordo qui commença sa carrière en troisième ligne avant de se fixer au cœur du cinq de devant. Plus récemment, on trouve l’exemple du joueur sud-africain des Wasps Ashley Johnson : après une tentative manquée de conversion à 18 ans sous les ordres de Jake White, alors manager des Cheetahs, Johnson se fixe finalement au poste de numéro huit. En 2012 il rejoint les Wasps et convient à l’avance avec son manager Dai Young qu’il veut régulièrement jouer au talonnage : « On ne m’avait jamais vraiment donné ma chance au poste. Dai voulait me voir à l’œuvre avant me donner son accord. J’ai joué trois ou quatre matchs et cela s’est bien passé. Andy Titterrell m’a bien aidé sur le travail des lancers » déclarait l’intéressé en 2015. Aujourd’hui Johnson reste un élément central des Wasps, puisqu’il compte déjà 23 apparitions toutes compétitions confondues. Et même s’il est plus souvent remplaçant que par le passé, il compte quasiment autant de titularisations au poste talonneur que celui de flanker.

Faux-frères mais athlètes similaires

Il existe un autre cas de figure : celui du talonneur Schalk Brits, qui garde le maillot floqué du numéro deux dans le dos mais à qui l’on confie des tâches de troisième ligne centre, comme celle d’assurer la couverture du champ profond et de remonter les ballons. Pourquoi ? Parce que le staff des Saracens a compris que l’un des « super-pouvoirs » du Sud-africain était sa relance, tout simplement. Et au vu de ses performances dans cette configuration, on ne saurait leur donner tort.

Il y a deux semaines, deux managers de Top 14, Mauricio Reggiardo d’Agen et Adrien Buononato d’Oyonnax avaient fait le même choix au même moment pour remporter un match capital dans la course au maintien. Celui de placer un talonneur en troisième ligne. L’Argentin Facundo Bosch et le Néo-zélandais Hika Elliot. Un repositionnement devenu coutumier pour le second, mais une première pour le Puma. Son manager, lui, ne doutait pas de son choix : « Ce choix n’était pas un pari car Facundo possède les « super pouvoirs » nécessaires : il supporte bien les charges de travail à haute intensité, c’est un excellent défenseur, un bon manieur de ballon. » Et que voulait-il que son joueur apporte au SUA ? « Son énergie. Certains ont parfois tendance à l’oublier, mais la mêlée est très éprouvante pour un talonneur. Il y laisse beaucoup d’énergie. Le fait de lui retirer cette dépense énergétique le libère, et il a un plus grand impact dans le jeu. » Un constat confirmé par Julien Rebeyrol, préparateur physique de Castres et spécialiste des données GPS : « Certains talonneurs aux profils de coureurs ont des statistiques quasi-similaires à des troisième ligne. Sur un match entier, un talonneur peut arriver à 75 mètres par minute, et un flanker à 80. L’énergie dépensée dans les mêlées fermées réduisent forcément le score des talonneurs. » En clair, enlever les mêlées fermées à un talonneur revient à lui donner des ailes, d’autant qu’il est généralement plus léger qu’un flanker selon les standards actuels. Pas étonnant donc que cette option ait été choisie par deux équipes qui ont tout misé sur un jeu de mouvement…

Ajustement tactique nécessaire en touche

Ce choix n’est toutefois pas dénué de conséquence, car placer un talonneur en troisième ligne vous prive d’un sauteur en touche : « C’est vrai, mais après on a d’autres options. On peut faire des touches à quatre, cinq ou six. En le faisant sortir de l’alignement, on le met dans la ligne d’attaque où il apportera son dynamisme. Bien sûr, il faut équilibrer la troisième ligne et l’associer à un grand. En Australie, Michael Hooper n’est pas plus grand que Facundo et cela n’empêche pas qu’il est le meilleur flanker du monde », pose Reggiardo. Après tout, chaque super héros ne possède par la totalité des super-pouvoirs… Mais il sait se servir au mieux du sien.

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