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« L’argent a créé un problème »

Par midi olympique
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Guillaume Lele explique les raisons de la saison blanche de son club de dunkerque littoral (Fédérale 3).

Votre équipe a fini son championnat de Fédérale 3 à la dernière place du classement national (zéro victoire, -9points au classement). Tout ceci alors que l’association des deux clubs de l’agglomération (Dunkerque et Saint-Pol-sur-Mer), opérée il y a trois ans, devait créer un grand club du littoral. Pourquoi cette situation ?

C’est un enchaînement de mauvaises décisions qui remontent à notre accession en Fédérale 3 et même sans doute un peu en amont. Les clubs se sont regroupés pour créer le RUD (Rugby Union Dunkerque) mais c’était un mariage d’intérêt et non pas d’amour. Il a donc manqué un peu de cœur, parfois. À vouloir créer un grand club, les choses n’ont pas toujours été bien faites. Et notamment au départ, il y a trois ans, quand nous avons obtenu la montée en Fédérale 3.

Pourquoi ?

En regroupant les licenciés des deux clubs, nous avions quatre-vingt-quinze joueurs seniors et seulement trois entraîneurs. Il fallait une troisième équipe pour faire jouer tout le monde mais le club n’a pas mis les moyens humains pour l’encadrer. Des joueurs ont préféré partir à Gravelines ou Coudekerque. Nous en avons perdu trente-cinq d’un coup. Un an après, une deuxième erreur a été commise.

Laquelle ?

Après notre maintien, nous avons voulu recruter pour faire grandir l’équipe. À Dunkerque, on ne recrute pas sans contrepartie financière. Des tensions sont nées très rapidement entre les dirigeants et les joueurs du cru qui ne percevaient rien. Cette différence de traitement a provoqué une dizaine de départs supplémentaires. En l’espace d’un an, nous avons donc perdu quarante-cinq joueurs, dont cinq ou six jouaient en première. Et puis une troisième erreur a été commise et encore avec de l’argent.

Que s’est-il passé ?

Lors de la deuxième saison, il a été question de distribuer des primes aux équipiers premiers en fonction du classement. Des primes versées à Noël et au mois de mai. Et là, nous avons vécu une scène surréaliste. L’argent de Noël a été distribué devant les joueurs de la réserve. Ils ont eu le sentiment d’être pris pour des cons. Cela a mis une zizanie terrible, l’ambiance s’est dégradée. À la fin de la deuxième année, des mecs nous ont dit qu’ils ne voulaient plus jouer en Fédérale 3. Au mois de septembre, à la reprise, nous avions douze joueurs. Soit quatre-vingts de moins en deux ans ! J’ai failli tout arrêter.

Mais vous avez continué…

 Je viens de Dunkerque. Je n’allais pas laisser le club partir à vau-l’eau. Nous avons passé des coups de fils et réussi à rassembler une cinquantaine de licenciés. Mais un grand nombre n’avait jamais joué. La saison s’annonçait très difficile. Nous avons eu des blessures. Le Carnaval de Dunkerque a provoqué le troisième et dernier forfait des réservistes. C’était la totale. Mais nous avons réussi à maintenir un groupe en place. Il a bien vécu et c’était ça le plus important

Que se passera-t-il l‘an prochain ?

Je suis resté car nous avons deux super générations chez les moins de 14 ans et les moins de 16 ans. Il faut les faire monter en seniors et faire prospérer le rugby dunkerquois. L’an prochain, nous aurons une équipe en Honneur des Flandres pour faire jouer les gens du cru et attendre la relève en interne.

Le rugby a été très fort à Dunkerque, avec un bassin de pratiquants appréciable. Pourquoi connaît-il des difficultés aujourd’hui ?

Le rugby dunkerquois s’est construit avec les dockers qui, par nature, sont des gens rudes. Leur culture du combat à la limite de la légalité a porté le club assez haut. Nous n’avons désormais plus de joueurs de cette envergure. Et puis il y a des mecs embauchés en CDD ou en intérim qui ne veulent pas forcément se blesser le week-end. Avant, les dirigeants les faisaient travailler dans l’industrie locale. Cette époque est révolue. Il faut repartir de zéro. Et il faut se souvenir de cette saison de cauchemar, pour que cela ne recommence jamais plus.

Propos recueillis par Guillaume Cyprien

 

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