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Sans complexes dans l'infériorité

Par Nicolas Zanardi
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Publié le Mis à jour
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Contrairement au naufrage de l’Eden Park, les Bleus ont cette fois-ci trouvé les solutions tactiques pour ne pas sombrer malgré le carton rouge infligé à Benjamin Fall. De quoi raviver quelques espoirs...

Quelles leçons objectives retirer de cette rencontre faussée par le carton rouge infligé à Benjamin Fall? Question délicate, tant il est pratiquement impossible de mesurer quel fut l’impact de cette absence sur les Néo-Zélandais, qui semblèrent rapidement démobilisés après avoir assuré la victoire… Faut-il en conclure que les Blacks se sont vus trop faciles après deux essais marqués coup sur coup? C’est bien possible. Mais il faut aussi reconnaître que les Bleus, même sonnés par la décision de M. Gardner (à l’image des deux essais de Moody et Ben Smith concédés coup sur coup, sur lesquels Priso puis Doumayrou et Gourdon firent preuve d’un certain laxisme), ont su s’adapter bien mieux que la semaine dernière à leur infériorité numérique. Le fruit d’un gros travail en amont… « Nous nous étions préparés à ce scénario, confiait après la rencontre Jacques Brunel. Nous aurions aimé que ça ne soit pas nécessaire, mais c’est arrivé… Nous avions travaillé les infériorités numériques, en retirant à tour de rôle les joueurs clés, comme le talonneur, un troisième ligne, un demi de mêlée ou un arrière. Nous avions une organisation et à partir du moment où nous avons été convaincus que notre paquet d’avants serait capable de résister à sept contre huit, nous n’allions pas changer. C’est ce qui nous a permis de réguler la ligne de trois-quarts. » La prestation de Gourdon, dans un rôle hybride, a permis aux Bleus de remporter pour l’anecdote la deuxième période (7-5), ainsi que d’arracher au coach de l’attaque néo-zélandaise, Ian Foster, ce commentaire laconique: «On aurait dit que c’était nous qui évoluions à quatorze… »

Ballons contestés, défense replacée

Le constat vaut d’abord pour la défense, où le changement de cap fut total. Alors qu’ils avaient choisi lors du premier test de ne pas du tout se consommer dans les rucks (leur net déficit dans les collisions amplifiant ce phénomène), les Tricolores ont décidé à Wellington de renouer avec leur stratégie du Tournoi, en ralentissant systématiquement les sorties de balle pour laisser le temps à leur défense de se replacer. Un pari hautement risqué face à une équipe habituellement aussi précise dans les phases de ruck que la Nouvelle-Zélande. Mais tout a parfaitement fonctionné. À l’image de Camille Chat (trois ballons grattés), les Français ont su gripper les rouages du jeu néo-zélandais (seulement 85 % de ballons conservés dans les rucks !) et tirer les leçons de l’Eden Park, avec en outre une couverture du fond du terrain bien assurée. « Ce fut dur physiquement car il a fallu beaucoup bouger, se déplacer pour colmater les brèches, souriait Gaël Fickou. Avec Teddy Thomas, on s’est quand même bien organisé. Et Morgan Parra nous a beaucoup aidé dans la couverture. » La conséquence? Elle fut qu’après la pause, seul un lancement de jeu dans la zone de Bastareaud permit aux Blacks de prendre la défense bleue à défaut. À ce titre, peut-être faudra-t-il un jour se poser la question de faire défendre le capitaine tricolore en position d’ouvreur sur les attaques en première main, ainsi que nous le soufflait pendant la rencontre un technicien des plus reconnus…

Belleau: « On savait où on allait »

Si la défense française a beaucoup mieux tenu, c’est d’abord parce qu’elle s’est moins employée… Au contraire du match aller, les Français ont tenu le ballon pendant quasiment 60 % du temps ! Une possession de balle qui était essentielle pour éviter une déculottée et qui a permis aux Bleus de se décomplexer vis-à-vis des champions du monde. De l’essai refusé à Doumayrou après un remarquable «une-deux» avec Galletier à celui inscrit par Gomes Sa au bout d’une remarquable action enluminée de trois passes après contact, les Bleus se sont prouvés à Wellington qu’ils avaient les moyens de trouver des solutions face à la défense néo-zélandaise. Cela en jouant sur leurs points forts, par le biais de passes après contact (19) réussies jamais trop loin des phases d’affrontement, autour d’un Anthony Belleau plutôt inspiré dans son animation. « Comme on avait bien travaillé, même à quatorze, on savait où on allait et comment il fallait réagir, confirmait le demi d’ouverture. C’est pour cela qu’il n’y a pas eu d’affolement de notre part. » Hormis en une ou deux occasions… À ce titre, on ne pourra que regretter d’avoir vu la charnière rendre encore trop de ballons au pied, à l’image de celui qui permit aux Blacks de plier la rencontre dans les arrêts de jeu de la première période. Une dernière leçon à retenir pour espérer un exploit lors du troisième test? En parvenant enfin à jouer à quinze contre quinze, qui sait...

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