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Laporte : "Pas question d’augmenter les licences"

Par Pierre-Laurent Gou
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    Laporte : "Pas question d’augmenter les licences"
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A l’issue des trois jours de débats, le patron du rugby français fait le bilan du congrès 2018 et dresse les objectifs pour la saison suivante qui verra la mise en place de sa politique de formation, mais aussi le nouveau fonctionnement du XV de France au quotidien.

Midi Olympique : Quels sont les enseignements que vous tirez de ce congrès qui s’est achevé samedi à Perpignan ?

Bernard Laporte : Je tiens d’abord à remercier la ville de Perpignan qui nous a mis à disposition un formidable outil avec ce palais des congrès. Cela nous a permis d’accueillir énormément de monde, près de 900 congressistes et chapeau aux clubs, car en fin de saison, c’est toujours délicat de venir au congrès. Mais cela démontre aussi la vitalité de notre fédération. C’est un rendez-vous important car il me permet de découvrir des gens. Durant trois jours on peut travailler tous ensemble, c’est la seule fois de l’année. On m’interpelle, on me pose des questions et je trouve cela très bien !

Le fait marquant c’est l’adoption de la convention FFR-LNR pour la période 2018-2023 ?

B.L. : Je suis très content de cela. Et je dis merci aux clubs professionnels qui ont su faire plusieurs pas vers le monde amateur. Pendant un an, nous avons eu pas mal de tensions entre nous, mais nous avons su nous entendre. J’ai bien aimé l’image de Paul Goze qui a dit que nous étions tous deux de l’ancien rugby, et parfois, il y avait des mêlées relevées mais qu’après tout rentrait dans l’ordre. La fédération voulait retrouver sa place et la Ligue défendait les intérêts du monde pro. Nous avons tous fait des efforts et aujourd’hui le XV de France se retrouve véritablement pour la première fois au centre du village.

En quoi cette convention était primordiale pour le XV de France ?

B.L. : La France est la huitième nation du monde ! Nous ne sommes pas à notre place dans ce classement. Il fallait lui donner plus de moyens. Vous vous rendez compte, à partir d’aujourd’hui, le sélectionneur pourra appeler le manager de Clermont pour lui dire : « Fofana, le week-end d’avant le match face à l’Angleterre, tu ne le fais pas jouer. » C’est une avancée considérable. Le patron des joueurs, c’est le sélectionneur. Je ne suis pas naïf, il y aura des cas litigieux et c’est normal mais ce qui est sûr c’est que dans 95 % des cas, ce sera bénéfique pour les Bleus. J’ai été en poste pendant huit ans à la tête de l’équipe de France et je ne pouvais pas appeler les entraîneurs de club pour lui dire, tu me le préserves. Au contraire, ils me le faisaient jouer juste avant un match du Tournoi.

Êtes-vous inquiet pour la baisse constante des effectifs depuis quelques années ?

B.L. : Ce qui me navre le plus, c’est la perte chez les enfants ! C’est l’avenir. Perdre des seniors qui jouent en série ou en honneur, c’est presque naturel, parce que le gars ne plus peut s’entraîner parce qu’il est agriculture ou employé, que la compétition ne lui plaît plus. La priorité c’est de se retourner vers les jeunes et c’est tout l’ADN de la réforme des cadres techniques de clubs qui va être mise en place à la rentrée. On l’a vu dans les Pays-de-Loire où cela a été testé même s’il ne faut pas tout attendre d’eux. Je prends l’exemple de deux clubs, Brive et Orthez. Quand je leur disais de se tourner vers les tout-petits, d’aller les chercher à l’école, de pénétrer le milieu scolaire pour faire découvrir le rugby, les dirigeants de ces deux clubs me rétorquaient : « Bernard, je n’en ai pas besoin. » Et puis finalement, ils se sont rendu compte que dans les pays dits rugby, il y avait aussi une perte de licenciés, ils ont envoyé leurs éducateurs dans les cours d’école. Et hop, +15 % dans les écoles de rugby ! Il n’y a pas de secret, c’est LA solution. J’attends que les CTC amorcent cette politique, qu’ils forment les éducateurs, les gamins, qu’ils aillent dans les écoles mais surtout qu’ils emmènent avec eux les papas qui sont aussi techniciens dans le club. Le jour où à Gaillac, j’ai douze techniciens formés qui vont pouvoir donner du temps en fonction de leur disponibilité, et aller dans les écoles, ce sera gagné ! Ils ne font pas tout attendre des CTC, ils doivent amorcer la pompe, mais c’est aussi le travail de tous. Le rugby doit retourner à l’éducation nationale et c’est tout le processus que nous avons lancé avec le ministre Jean-Michel Blanquer et la convention que l’on doit signer à la rentrée prochaine.

Le carton bleu (sortie d’un joueur pour suspicion de commotion) a été proposé au milieu professionnel, quelle chance a-t-il d’aboutir selon vous ?

B.L. : Ce n’est pas à nous de l’imposer. Paul Goze va le présenter lors de l’AG, je crois de ce mercredi. C’est une vraie question de sécurité.

Ce week-end, c’était le lancement officiel de France 2023 au sein de la FFR…

B.L. : Oui, déjà l’an dernier, je n’avais que cela en tête. J’étais sûr et certain que si nous parvenions à obtenir l’organisation du Mondial, en termes de notoriété mais aussi économique pour la FFR, cela allait permettre un vrai coup de boost pour les dix ans qui vont suivre. France 2023, va laisser un beau matelas financier. Cela va permettre au rugby amateur de respirer.

Comment êtes-vous parvenus à ne pas augmenter le tarif des licences malgré la hausse de la prime globale d’assurance payée par la FFR ?

B.L. : Par volonté politique d’abord ! Il n’était pas question d’augmenter les licences. Logiquement, nous aurions dû la répercuter sur les clubs et les licenciés mais c’était encore un bon moyen de perdre des pratiquants. Nous avons la trésorerie nécessaire pour l’absorber. Allons chercher des sponsors pour les prochaines années !

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