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Démagogie à part

Par Marc Duzan
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Publié le Mis à jour
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Après avoir considérablement dégraissé son effectif à l’intersaison et dit adieu à vingt-quatre joueurs, le Stade français est désormais passé en mode Top 14. Avec une image écornée ? Cela reste à prouver…

Dire que le Stade français, en plein Mondial de foot, a défrayé la chronique serait fallacieux. Malgré tout, les récents séismes enregistrés du côté de la Porte d’Auteuil ont permis au rugby de se faire une place de choix dans une sphère médiatique accaparée par le ballon rond. Le mois dernier, neuf soldats roses (Romain Martial, Matthieu Ugena, Charles McLeod, Terry Bouhraoua, Lorenzo Cittadini, Steevy Cerqueira, Théo Millet, Zurabi Zhvania ou Marvin O’Connor) ont été libérés, contre indemnités, de leurs dernières années de contrat. Et dans ce cas précis, si l’empathie dont se targue encore la grande famille de rugby fut mise à mal, on ne peut s’empêcher de penser qu’une forme évidente de démagogie a d’un autre côté régi les différentes sautes d’humeur, que ce soit sur les réseaux sociaux, au troquet du coin ou au banquet dominical. Au vrai, on n’est pas certain que Max Guazzini, dont le souvenir est semble-t-il brandi comme un étendard par les détracteurs de Herr Wild, ait déjà fait dans la dentelle lorsqu’il était question de renouveler un effectif. Si l’on peut déplorer le sort des joueurs incriminés et, par ricochets, celui de leurs familles, on peut aussi concevoir que certains d’entre-eux ne pouvaient être conservés à Paris au seul motif d’un dévouement quasi sacrificiel à la cause du maintien, l’an passé. Il y a enfin, parmi la horde de ceux qui s’élèvent aujourd’hui contre ce genre de pratique, des amnésiques ayant surtout négligé qu’ils crièrent au génie lorsque l’IRB décréta le rugby "professionnel"… et donc soumis aux lois de l’entreprise. Hubert Patricot, le président du Stade français, se défend : "Nous avons récemment renforcé le club avec des internationaux, sachant que nous en avions perdu six ou sept il y a un an, sans en remplacer aucun. Ce recrutement d’envergure nous a donc amenés à faire des arbitrages entre les différents joueurs afin de rester dans les clous du salary cap."

Jean Bouin enfin plein ?

Fabien Grobon, le directeur général, va plus loin : "Ils ont été avertis via leurs agents le plus tôt possible. Nous avons même aidé une grande partie de ces joueurs à retrouver un club. On a même reçu des parents pour leur expliquer le pourquoi du comment. Vous savez, les garder à Paris ne leur aurait pas rendu service. Et puis, on ne parle pas de tous les soldats roses ayant récemment prolongé leur contrat au club…" Évacuée la passe d’armes entre les parangons de vertu et les enfants de Belzébuth - sans qu’on ne sache toujours pas qui avait quel rôle - le Stade français a tourné la page et basculé en mode Top 14, démarrant sa présaison avant toutes les autres équipes du championnat. Hubert Patricot poursuit : "Nous avons des ambitions : le docteur Wild veut être champion dans les cinq années à venir et Heyneker Meyer veut inscrire le club parmi les meilleurs de la planète. Pour y parvenir, il faut changer certaines choses tout en conservant les symboles les plus forts de l’ère Guazzini, ceux d’un Stade français respectant les règles mais pas les conventions."

À la rue en termes de formation, le club de la capitale doit mettre en branle un autre chantier : remplir Jean-Bouin. Grobon continue : "Il y a 700 spectacles à Paris tous les week-ends. Je ne connais personne qui pourrait aujourd’hui assurer de pouvoir assister aux seize matchs que dispute le Stade français à Jean-Bouin dans une saison. Il nous faut donc trouver d’autres leviers que les cartes d’abonnements classiques." Un exemple, Monsieur le DG ? "Si tu as entre 18 et 35 ans, tu peux venir au Café Rose entre potes, profiter avant et après le match d’un DJ ou de jeux vidéo… Sur cette offre-là, nous sommes quasiment complets. Mais il y en a d’autres, notamment dédiées aux familles, avec maquillage pour les enfants, goûter à la mi-temps, accompagnement sur la pelouse après la rencontre…" Porte d’Auteuil, des travaux vont démarrer dans l’enceinte même de Jean-Bouin afin de dynamiser l’interactivité dans les loges. Grobon poursuit : "Aujourd’hui, tout est cloisonné : si vous venez au stade avec douze clients, vous restez avec ces douze clients toute la soirée. L’espace loges va donc être repensé afin de permettre aux gens de multiplier les interactions, d’avoir accès à près de 400 contacts." Ça va guincher dans les coursives…

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