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Le jedi face au padawan

Par Lucas Meirinho
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Le duel Barrett (Hurricanes) - McKenzie (Chiefs) vu par... Anthony BelleauL’ouvreur des bleus a affronté, tour à tour, les deux ouvreurs néo-zélandais lors de la tournée d’été. Il décrypte les forces de chacun.

En matière de demis d’ouverture, on tient là un sacré duel. Sans non plus occulter l’ouvreur irlandais Jonathan Sexton ou l’Anglais Owen Farrell, Beauden Barrett et Damian McKenzie comptent parmi les références mondiales à leur poste. L’un est installé titulaire chez les Blacks depuis la saison 2013. L’autre est promu second depuis très peu de temps. Titulaire à l’arrière lors de la tournée de novembre, McKenzie est l’ouvreur des Chiefs depuis seulement six mois et la première journée de Super Rugby face aux Crusaders. Avec le départ de Cruden vers Montpellier, l’an dernier, puis Sopoaga aux Wasps la saison prochaine, (ils ne sont donc plus éligibles aux All Blacks) Steve Hansen cherchait une doublure à l’indéboulonnable Beauden Barrett pour la prochaine Coupe du monde au Japon. Le sélectionneur a donc demandé à l’encadrement des Chiefs d’utiliser McKenzie au poste de numéro 10 pour toute la saison. Il fut entendu à la lettre par le duo d’entraîneurs Colin Cooper-Tabai Matson, puisque McKenzie a débuté à l’ouverture à treize reprises sur les quatorze rencontres auxquelles il a participé. S’ils découvrent ce poste au haut niveau depuis très peu de temps, son adaptation est détonante.

Les clones offensifs

Réputés pour être hyper-spectaculaires, les deux hommes incarnent typiquement le genre de joueurs qui poussent les amoureux de rugby à payer leur billet et s’asseoir tranquillement en tribune. En témoignent leurs gestes incroyables, réalisés presque tous les week-ends et leur volonté de toujours proposer du jeu. Offensivement, leurs similitudes sont criantes : « Je ne vois pas de grande différence en attaque entre les deux. Je trouve qu’ils se ressemblent fortement. Ils ont le même style offensif. Ce sont des joueurs très rapides, qui aiment beaucoup attaquer la ligne. Ils n’hésitent pas à accélérer, à utiliser leurs qualités de vitesse pour déstabiliser une défense, décrypte Anthony, qui les a affrontés lors des trois tests en juin dernier avec le XV de France. McKenzie porte beaucoup le ballon. Il utilise ses avants comme des leurres pour fixer la défense. Il prenait le ballon dans leur dos pour créer du décalage. La preuve : quand il marque l’essai contre nous sur le premier temps de jeu dans la zone arbitre, il vient à plat. Il est impressionnant ballon en main et pour attaquer la ligne d’avantage. Mais les deux sont dans le même registre, avec une explosivité incroyable. Et ils excellent sur les turnovers. » Si l’ouvreur des Bleus trouve beaucoup de points de communs, il arrive néanmoins à déceler des différences : « Les deux se distinguent dans un registre différent. McKenzie est remarquable par sa qualité d’explosivité, d’appuis et pour trouver les petits espaces. Barrett possède une lecture de jeu très au-dessus de la moyenne. Il est capable de faire des gestes décisifs. Je pense notamment aux passes au pied rasantes dans le dos, en coin ou aux longues sautées pour ses ailiers. Il débloque des situations à lui seul. » Quand on demande à Belleau comment les arrêter, l’intéressé est catégorique : « C’est très dur. Ils sont capables de tout. Il faut être très collectif, ne surtout pas se jeter, rester bien en ligne et se déplacer rapidement. Défendre ensemble est important car McKenzie possède des qualités d’appuis incroyables. Il peut te détruire à tout moment. Il faut monter très vite sur eux. »

« Barrett voit tout avant tout le monde »

D’un point de vue défensif, les deux Néo-Zélandais sont également étonnants, susceptibles de monter très vite sur les attaques adverses et de laisser très peu d’espaces. Ils ratent très peu de plaquages défensifs et sont même capables d’en réaliser quelques-uns offensifs, qui font reculer l’adversaire : « Il ne faut pas non plus oublier la culture néo-zélandaise. Chez eux, il y a cette zone du 10 qui est très bien couverte et protégée par leur troisième ligne, analyse le Toulonnais. Sur les lancements de jeu, notamment en mêlée où les troisième ligne sortent très vite sur toi, ils reviennent très vite intérieur. Ce qui offre un confort supplémentaire à l’ouvreur. » Beauden Barrett et Damian McKenzie n’ont pas grand-chose à s’envier offensivement et défensivement. Mais là où l’ouvreur des Hurricanes prend le dessus, selon Belleau, c’est dans sa faculté à prendre les bonnes décisions. « Barrett joue beaucoup autour de lui. Il accélère et donne le bon tempo. C’est un vrai organisateur. Quand tu joues contre les Blacks avec ou sans lui, cela se ressent directement. Il a cette expérience du haut niveau. La prise de décisions est beaucoup plus rapide chez lui. C’est un vrai leader », assure le Toulonnais. Avant d’ajouter fermement : « Beauden Barrett est beaucoup plus complet. Ce qui m’a sauté aux yeux sur le terrain, c’est sa faculté à communiquer, à avoir des yeux derrière la tête. Il saisit toujours les opportunités qui s’offrent à lui. Il regarde, il observe. Tout simplement, il voit tout avant tout le monde, avec un sang froid chirurgical. »

Un déficit d’expérience pour McKenzie

Quand Beauden Barrett compte déjà 64 sélections à seulement 27 ans, l’ouvreur des Chiefs, plus jeune (23 ans) est apparu à quinze reprises sous le maillot des Blacks. Un écart conséquent que Vern Cotter, l’entraîneur néo-zélandais de Montpellier n’oublie pas de souligner : « Damian est beaucoup moins expérimenté que Beauden en numéro 10. Ce qui n’est pas négligeable à ce niveau et à un poste à grandes responsabilités. » Comme expliqué auparavant, Damian McKenzie découvre le poste d’ouvreur depuis moins d’un an en Super Rugby et depuis deux matchs en sélection. Mais pour Anthony Belleau, ce changement est bénéfique : « Certes, Barrett a davantage d’expérience sur les moments clés mais McKenzie utilise ses qualités naturelles d’arrière, qui demeurent très déstabilisantes pour une défense. »
Ce vendredi, au Westpac Stadium de Wellington, l’expérience représentera un atout indéniable dans un match si important, un quart de finale de Super Rugby. Ce duel s’annonce explosif entre les Hurricanes et les Chiefs. Des équipes bâties autour de ces deux stars. « Les Hurricanes ont un jeu basé sur la rush-défense et cherchent les turnovers, ce qui va très bien à Beauden Barrett qui excelle sur les situations de transition défense-attaque. Les Chiefs prennent plus de risques dans le jeu et jouent sur toutes les zones du terrain. Ils sont très forts sur les passes après contact. McKenzie en profite pour trouver des décalages et utiliser sa vitesse de course », souligne Cotter. Si, aujourd’hui, Beauden Barrett reste le maître, Damian McKenzie, de quatre ans son cadet, a tout l’avenir devant lui et possède une grande marge de progression. Mais sur un match, rien n’est décidé à l’avance.

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