Abonnés

Le Landais bondissant

Par midi olympique
  • Le Landais bondissant
    Le Landais bondissant
Publié le
Partager :

Ils ont joué au rugby, tout en pratiquant un autre sport à bon niveau. Voyage au pays de ces sportifs éclectiques. Aujourd’hui, André Darrigade, ancien champion du monde de cyclisme et fervent amateur de rugby. Le Landais de naissance partage un lien tout particulier avec Pierre Albaladejo.

Véritable légende du cyclisme français, champion du monde en 1959 et multiple vainqueur d’étapes sur les routes du Tour de France (22 fois entre 1953 et 1964), André Darrigade n’en est pas moins un amoureux de rugby. Passage obligé pour tout Landais ? « On a été élevé à la même école : l’école dacquoise. Ce sont ces racines landaises qui font qu’il est passionné par le rugby », explique son grand ami et ancien international français Pierre Albaladejo (30 sélections entre 1954 et 1964). À tel point que dès la fin de carrière sur la petite reine, « le lévrier des Landes » a pu se consacrer au ballon ovale. Fervent supporter du Biarritz olympique — il était abonné au BO pendant plusieurs années — André Darrigade suit avec attention le parcours de son club de cœur, malgré ses racines landaises. « Il s’est encore rapproché du rugby quand il a pris en main la concession de presse à Biarritz. Il était supporter du BO mais n’oubliait pas de suivre les résultats de Dax quand même. Il se faisait un peu « chiner » au Pays basque et inversement, mais tout ça est toujours resté très sympathique. Il est resté dacquois avant tout. Il a des amis intimes dans les Landes comme il en a à Biarritz, raconte « Bala ». D’ailleurs quand André a décroché le titre de champion de France sur route en 1955, il était licencié à Dax. Il en portait les couleurs, rouge et blanc. Il y était forcément attaché. »

Malheureusement pour ce grand amateur de rugby, il n’aura jamais pu pratiquer ce sport à cause des exigences du sport de haut niveau et surtout du cyclisme. D’autant que le vélo et le rugby n’ont vraiment rien en commun. « Ce sont deux sports littéralement opposés, qui ne peuvent même pas servir à préparer l’autre. Très rares sont ceux qui ont disputé des compétitions dans les deux disciplines. André n’a pas eu le temps d’y jouer parce que, très jeune, il faisait déjà du vélo et il est monté très vite dans la hiérarchie nationale et mondiale. » Un bon choix puisque quelques années plus tard, André Darrigade devient le quatrième français champion du monde sur route en 1959 (il termine également deux fois troisième des Mondiaux en 1957 et 1958 et second en 1960). « Je pense qu’on était nés l’un et l’autre pour les sports pour lesquels on a opté. Mais on aurait très bien pu faire le contraire. Moi faire du vélo et être un « tocard » et Dédé jouer au rugby et être un « tocard » aussi. Je ne pense pas que l’on aurait fait des champions dans les deux disciplines (rires) mais on a été champion dans l’amitié, c’est le principal ! » sourit l’ancien demi d’ouverture de Dax et du XV de France. 

Destins liés

Deux champions qui ont vécu une vie en parallèle. Le fait du calendrier des compétitions auxquelles ils participaient. « Lui, c’était l’été, moi c’était l’hiver. On a pratiquement le même âge mais quand j’avais 15 ans que je sortais de l’école de rugby, lui avait 20 ans et avait déjà gagné une compétition importante qui était une sorte de championnat du monde de vitesse sur piste : la course à la médaille. Dédé avait un frère, Roger, qui avait six ans de moins que lui et donc on se voyait, on se fréquentait forcément. À 15-16 ans, nous participions à des courses cyclistes non licenciées avec Roger parce qu’André avait déjà franchi le cap. Il était dans la vingtaine quand il est monté à Paris pour faire le champion que l’on connaît », se souvient Pierre Albaladejo. Les deux hommes ont donc été au sommet au cours des mêmes années — Dax a perdu quatre de ses cinq finales de championnat de France entre 1956 et 1966 et a remporté deux fois le challenge Yves-du-Manoir sur la même période. André Darrigade, lui a gagné ses 22 étapes sur la Grande boucle entre 1953 et 1964 et fut sacré champion du monde en 1959. Ce qui explique que celui qui détient toujours le record d’étapes remportées sur le plus grand nombre de tours différents suivait d’un peu loin les performances de son ami. « Mais il prenait toujours des nouvelles, nous étions très liés. On s’est toujours suivi, fréquenté, téléphoné. Il m’arrivait d’aller sur les étapes du Tour de France notamment dans les Pyrénées pour le suivre. Ou alors quand je revenais de tournée pendant deux mois en Nouvelle-Zélande, c’était toujours un plaisir de passer un week-end chez lui à Paris près du Parc. »

À chacun sa statue

Aujourd’hui encore les deux hommes sont restés très proches, au point de s’appeler à la fin des étapes du Tour de France pour « débriefer » les moments clés de la journée confie Pierre Albaladejo. « Il n’y a pas si longtemps encore, nous étions un groupe d’amis d’une douzaine de personnes avec notamment Marcel Martin, Francis Darroze (le père de la chef cuisinier Hélène Darroze, N.D.L.R.), Dédé et moi. Nous avions pris l’habitude tous les mois de se faire un repas jamais au même endroit dans des auberges au Pays basque. On a dû arrêter parce que les uns ont vieilli, d’autres sont décédés. »

Depuis l’année dernière, André Darrigade et Pierre Albaladejo partagent un nouveau point commun : celui d’avoir une statue à leur effigie dans leur ville natale, Narrosse pour le premier et Dax pour le second. « Les statues, ça a été une surprise pour tous les deux. Nous n’étions au courant de rien. Tout cela se préparait en même temps pour lui et pour moi dans le plus grand des secrets. On n’y était pour rien mais du coup on était une nouvelle fois liés. Ce sont des bons moments que nous avons partagés puisque j’étais à l’inauguration de la sienne et lui était présent à la mienne. C’est la preuve que les gens ont été reconnaissants envers nous. » Une façon de rendre hommage à un champion du monde cycliste et à un international de rugby, qui partagent une belle amitié autour du ballon ovale.

Romain Lafon

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?