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Pour le plaisir

Par Léo Faure
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Tout ceci est tellement sérieux. Il faut gagner, vous comprenez. Parce que les sponsors sont là, qu’ils surveillent leur investissement d’un coin de l’œil et que, d’un coup de sang malvenu, ils pourraient se détourner de notre belle entreprise rugbystique.

Il faut gagner, voyez encore, pour s’éviter la honte d’un je-ne-sais-quoi, le ridicule d’une défaite qui ne l’est pas. Il faut gagner, un point c’est tout. « Parce qu’on est des compétiteurs. » Du moins, c’est ce qu’on nous répète. 

Il faut gagner, vraiment ? Oh bien sûr, si on peut le faire, pourquoi s’en priver. Mais imaginez un peu que la finalité, ce pourrait être la victoire du plaisir, bien plus que le plaisir de la victoire ? Une idée, comme ça, glissée par Finn Russell (ci-contre) et d’autres avant lui, le plus souvent Anglo-Saxons : « J’ai besoin d’être heureux pour bien jouer ». Et pas l’inverse.

Dis comme ça, ce n’est certainement pas la phrase la plus clinquante de la longue et passionnante interview qu’il nous a accordée, voilà quelques jours. Pas celle qui tissera le buzz de la toile. S’il ne fallait retenir qu’une seule chose de son propos, finalement, celle-ci aurait pourtant de la gueule.

L’éloge du sport-spectacle ? Même pas. Pour tout dire, le débat est vivace sur l’intérêt d’un Super rugby à 60 points par match, en moyenne. Tout le monde n’y trouvera pas son compte. Le plaisir collectif peut naître, immense, d’une sainte guerre de tranchées, à défendre sa ligne, épaule contre épaule. Sans jamais céder, emportant avec quinzehommes sur le terrain les 15 000 personnes venues chanter leur gloire. La cible est alors atteinte.

Pourquoi, un tel propos ? Pour vous dire que l’été est long. Notre rugby français peut bien exaspérer de ses guerres intestines ; le XV de France peut bien patauger chaque année dans le même marécage d’à-peu-près ; le Top 14 ne sera toujours pas, l’an prochain, le championnat le plus offensif ni le mieux pensé du monde. Mais il manque, pour tout dire. Et les matchs amicaux, qui débutent actuellement et pour un mois, compensent difficilement son absence. Comme un mauvais sevrage de ce plaisir qui nous tient tous, passionnés jusqu’au délirium tremens.

« Le jour où je n’amuserai plus au rugby, je changerai de job » dit aussi Finn Russell. On lui retourne le compliment, attendant de lui et de tous ceux qui découvriront notre championnat qu’ils y amènent cette folie, cette légèreté qui nous guide jusqu’au stade. Tout ceci n’est pas sérieux, en fait. Ce n’est qu’un jeu. Vivement la reprise.

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