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Second round

Par midi olympique
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Ils ont joué au rugby, tout en pratiquant un autre sport à bon niveau. Voyage au pays de ces sportifs éclectiques. Aujourd’hui, Vincent moscato, ancien talonneur du XV de France et amateur de boxe, a vécu ses deux passions au cours de sa carrière.

Une fois que tu es monté sur le ring, la vie ne te fait plus peur.

Vincent Moscato et ses quatre sélections sous le maillot du XV de France en ont fait l’expérience. "Ce n’est pas très bon car la peur est un moteur d’appréhension, d’adrénaline, de concentration. Quand je jouais au rugby, après, j’étais parfois un peu trop relâché et à la sortie je n’étais pas bon du tout. Dans le rugby si tu n’es pas concentré, prêt au combat, tu n’es jamais très bon." Justement, l’ancien talonneur a connu l’ensemble de ses sélections entre 1991 et 1992, lorsqu’il évoluait sous les couleurs de Bègles. Un écart de conduite sous le maillot floqué du coq, le 15 février 1992 au Parc de Princes, l’oblige à mettre sa carrière de rugbyman entre parenthèses. Vincent Moscato connaît alors sa quatrième et dernière sélection avec les Bleus quand il est expulsé face aux Anglais dans le Tournoi des 5 Nations (défaite 31-13) après avoir été coupable d’une frontale en mêlée sur son vis-à-vis, Brian Moore. Résultat : un an de suspension.

C’est alors qu’il se décide à se tourner vers son autre passion : la boxe. "J’ai fait ces combats parce que j’ai été suspendu pendant un an, mais je boxais déjà avant. C’est une décision que j’ai pris tout seul. Je faisais de la boxe en amont du rugby. Je m’entraînais avec Bègles, je jouais et puis à côté j’avais une salle où j’allais m’entraîner. J’ai donc beaucoup mis les gants avant d’avoir été suspendu et de faire des combats. C’était une mentalité qui me plaisait, quelque chose qui me sortait de l’univers d’un collectif. J’étais le propre acteur de ma destinée."

Durant cette période, Vincent Moscato dispute neuf combats pour un bilan de six victoires et trois défaites, mais peu importe l’issue du combat, le principal était ailleurs. Il se souvient: "Le bilan ? Ce n’était pas le plus important. Je n’étais pas un grand boxeur mais l’expérience m’a beaucoup amené. Une victoire en boxe, c’est quelque chose de fabuleux. La défaite est aussi terrible que la victoire est exceptionnelle dans ce sport. On savoure énormément. La boxe est un sport magnifique."

D’autant plus que l’ancien rugbyman évoluait dans la catégorie reine de la boxe, chez les poids lourds. "Je faisais 100 kg et au-dessus de 91, on était dans la catégorie reine. Je ne pouvais pas descendre, je n’étais pas très grand, je faisais 1 mètre 80 et techniquement je n’étais pas le meilleur donc il fallait que je me batte. C’était un peu la boxe de la foire du trône (rires)." 

Un ovni dans le noble art

Arrivant du rugby, Vincent Moscato était un peu un ovni dans l’univers du noble art, mais un boxeur particulièrement apprécié. « Beaucoup de boxeurs m’aimaient bien. On se suivait, on faisait un peu toujours les mêmes combats dans les réunions. Je me rappelle d’un mec qui était en dentaire, à Bordeaux, qui n’avait rien à voir avec cet univers. Il était un peu comme moi. La plupart des personnes me regardaient et me disaient : "Mais t’es complètement fou, tu veux vraiment prendre ta branlée." Je leur répondais : "On verra bien, si je prends ma branlée, je prends ma branlée et puis voilà…"

Mais c’est vrai que, parfois, je n’étais pas loin de la prendre (rires). C’était une belle expérience mais qui n’est pas gratuite, il faut la payer cher. C’est comme si je disais que j’allais faire le Dakar. Ça demande un sacré investissement. » En enfilant les gants, l’ancien joueur de Bègles, Brive et du Stade français a découvert un milieu assez différent de celui du rugby. "Quand tu rentres sur le ring, tu as vraiment une peur, une angoisse incroyable. Tu es dans un vestiaire avec 7-8 mecs d’un côté et pareil de l’autre côté, c’est vraiment des gladiateurs. Parfois certains sortaient sur des brancards, c’est un peu les jeux du cirque (rires). C’est quand même une mentalité très spéciale, qui n’a rien à voir avec le rugby."

Un apport sur le plan mental mais pas physique

Si les deux disciplines ont une mentalité différente, elles se retrouvent sur un point primordial qui fait l’essence de ces sports : le combat. "La boxe est un voisin très proche. Le rugby est un sport de combat collectif. L’ultime défi pour moi, c’était de faire de la boxe d’abord par passion, parce que ce sport-là me plaisait et non pas comme un défi. Et puis c’est un sport ancestral, c’est l’un des plus vieux sports au monde. Il est l’essence même du combat. Il représente vraiment la nature des hommes." Malgré la proximité relative de la boxe et du rugby, le double champion de France de rugby (en 1991 avec Bègles-Bordeaux et en 1998 avec le Stade français) l’assure, la pratique de la boxe ne peut pas servir de préparation physique au rugby. "Ce sont des efforts complètement différents. Physiquement, ça ne t’amène rien de faire de la boxe. C’est un complément, c’est autre chose. Si tu fais six mois de boxe et que tu reviens au rugby, cela ne va rien t’amener au niveau des cannes. Ce ne sont pas du tout les mêmes efforts."

En revanche, dans la tête, le fait d’enfiler les gants pouvait changer un homme. "Mentalement ça amène beaucoup. C’est la plus belle école qui puisse exister. Quand t’arrives à la salle et que tu mets les gants avec un mec, c’est dur… C’est dur tout le temps." Une philosophie qui a fait progresser mentalement Vincent Moscato. "Il y a un vrai apport au niveau du mental et du souffle. C’est un sport qui a pu me faire progresser sur le plan mental. C’est un sport qui t’amenait un plus, même si je ne l’ai pas pratiqué pour me faire progresser en vue du rugby." Au cours de sa carrière, le désormais animateur radio aura donc pu vivre ses deux passions simultanément. Une opportunité que peu ont pu saisir. "La boxe et le rugby étaient mes deux passions dévorantes. J’ai donc eu une vraie chance de pouvoir faire les deux !"

Par Romain Lafon

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