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Maillots jeunes

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Parmi la longue liste de courriers et commentaires euphorisants qui nous furent adressés, au lendemain du sacre libérateur des moins de 20 ans face à l’Angleterre, en juin dernier, il en est un qui avait retenu notre attention : il était signé d’un ancien DRH de multinationales, aujourd’hui à la tête d’une formation d’élite sous l’égide de Science Po Paris. Et, donc, un passionné de rugby. Parmi ses remarques, deux points concernaient directement cette nouvelle génération dorée. D’abord, une idée symbolique : contraindre tous les clubs du Top 14 à placer un champion du monde moins de 20 ans sur leur feuille de match, lors la première journée de Top 14. Une autre plus fondamentale, tenue par des logiques économiques : valider les indemnités de formation et faciliter les transferts, ce qui inciterait lesdits clubs à plus exposer leurs jeunes pour faire grimper leur valeur (comme au foot) et, par effet domino, à plus investir sur la formation.

À la première, on répondit qu’au romantisme certain de cet élan, la réalité du terrain ne laissait aucune place. Tous les clubs, déjà, ne disposent pas d’un champion du monde junior dans leurs rangs - demandez donc aux Clermontois. Ensuite, chaque jeune obéit à son propre parcours, à sa propre maturité et aux exigences physiques de son poste. L’idée était chouette, oui, sur le papier. Mais assez peu réalisable. 

À la seconde, l’argumentaire fut moins tranché. Faire jouer des jeunes Français peut être une contrainte, comme actuellement avec le système des Jiff qui, s’il est un succès statistique, ne ravit personne par sa philosophie. On peut aussi raisonner autrement, en employant les gros mots du monde de l’industrie qui, de toute façon, régit aujourd’hui le Top 14 : le jeune joueur français est aujourd’hui une charge (le statut de Jiff a généré des salaires surévalués, au regard des performances). Il peut, demain, être une valeur de spéculation sur laquelle construire l’économie d’un club. À condition de valoriser le travail de formation. De quelque manière que ce soit. 

C’est soudainement moins romantique, on le concède. Il faut vivre avec son temps, qu’il plaise ou non. Il faut aussi tempérer les ardeurs. La dernière génération des juniors français est certes championne du monde de sa catégorie, mais rien ne lui garantit un avenir en or. N’oublions pas : 2006, les Bleuets soulevaient déjà le trophée de la catégorie (moins de 21 ans, à l’époque). Ont suivi quelques belles carrières, c’est vrai, mais aussi des parcours plus anonymes. Surtout, les étoiles de cette génération 2006, encensées à l’époque - Ouedraogo, Chouly, Jacquet, Montès, Guirado, Mermoz, Beauxis, Médard pour ne citer qu’eux - sont les mêmes sur lesquelles on a tapé, ensuite. Les joueurs qui, statistiquement, auront vu leur passage en Bleu estampillé « pire période de l’équipe de France dans l’ère moderne. » 

Ils ne sont évidemment pas fautifs. En tout cas, pas les seuls. Le système français s’est bien chargé de les plomber. Qu’en sera-t-il, demain, de nos Bleuets d’aujourd’hui ? Ils joueront en professionnel, très vite. Demain, peut-être. Jordan Joseph, phénomène annoncé, a disputé 57 minutes vendredi avec le Racing, en amical. Dans l’entourage du club francilien, qui le découvre cet été à l’entraînement, on annonce déjà qu’il ne tardera pas à régler la concurrence au poste. Y compris Fabien Sanconnie, pourtant international et jeune, lui aussi (23 ans). Louis Carbonel, autre éclat du dernier Mondial moins de 20 ans, a également brillé ce vendredi, titulaire avec Toulon face au Stade français. Seront-ils les sauveurs que le rugby français attend ? S’ils n’accumulent pas les blessures, déjà. S’ils jouent et progressent, en club. S’ils disposent des conditions de préparation nécessaires avec le XV de France. S’ils sont placés sur un pied d’égalité, en fait, avec leurs homologues anglo-saxons. Cela fait beaucoup de « si ». Et si on leur laissait une chance ?

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