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"En deçà de 9 ou 10 millions…"

Par Emilie Dudon
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    "En deçà de 9 ou 10 millions…"
Publié le Mis à jour
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Alain Tingaud - Vice-président de la LNR devenu président honoraire du SUALG, qui possède le plus petit budget du top 14, il explique les différences de fonctionnement entre les clubs.

Que vous inspire l’écart énorme des budgets entre les clubs de Top 14 ?

Pour analyser la performance sportive des clubs, il faut regarder la masse salariale par rapport au salary cap. C’est ça qui donne un résultat juste. Castres a été champion de France l’an passé avec la quatrième masse salariale du Top 14, donc ce titre n’était pas du tout illogique. Si on compare un budget à 36 millions d’euros et un autre à 27, on se rend compte qu’ils peuvent être tout à fait équivalents en termes de capacité sportive compte tenu du salary cap qui est bloqué à 10 millions d’euros. Les masses salariales des sept ou huit premiers clubs de Top 14 sont toutes autour de ces 10 millions.

Mais si on retranche la masse salariale estimée, on constate qu’Agen fait vivre son club au quotidien avec cinq ou six millions d’euros alors que le Stade français le fait avec environ 20 millions. Comment expliquer cette différence ?

Je ne connais pas le budget du Stade français en détail mais je suis certain qu’une partie très importante du budget est consacrée au staff, et une autre au marketing. Je suis convaincu que Paris va faire une énorme communication cette année parce que son objectif est de retrouver une crédibilité sportive mais aussi de club. Dans d’autres clubs, il y a de gros investissements dans le stade. On voit par exemple le Lou, qui a un budget très important, et fait de lourds investissements autour de la reconfiguration de son enceinte.

Y a-t-il un budget minimum pour exister en Top 14 ?

Il y a une masse salariale minimum. Je pense qu’en deçà de 6 millions d’euros de masse salariale brut, il est impossible de vouloir exister dans le Top 14 à long terme. En deçà de 9 ou 10 millions, on ne peut pas exister dans le top 6 et si on est en dessous de 5 millions, ce qui est le cas d’un ou deux clubs, rester en Top 14 est un exploit. Il faut être honnête.

Est-ce le cas d’Agen ?

Oui. On va le tenter à fond, avec nos armes et notre pari de tout axer sur la formation et un groupe solidaire à fort potentiel, mais on sait qu’on fait partie des clubs pour qui rester en Top 14 relèvera tous les ans de l’exploit. C’est évident.

Comment gère-t-on club dans ces conditions ?

D’abord, on est lucide, ce qui n’est pas le cas de tous les clubs… À Agen, on sait qu’on ne pourra jamais avoir une masse salariale au-dessus de 6 millions d’euros, sauf arrivée de partenariats de très haut niveau. Ceci dit l’an dernier, nous avons terminé onzièmes et il me semble que nous avons fait très bonne figure en Top 14. Après, d’autres ingrédients permettent de compenser une masse salariale inférieure.

Quels sont-ils ?

L’amour du maillot, l’appartenance au club, la formation qui fait que les joueurs se connaissent depuis longtemps et ont envie de jouer ensemble. Il faut aussi choisir les matchs. Si l’équipe est performante dans toutes ses rencontres à domicile, elle pourra compenser son effectif composé de joueurs moins cotés ou affirmés.

Qu’est-ce qu’on sacrifie et qu’est-ce qu’on privilégie quand on a un petit budget ?

On ne sacrifie rien, on met tout sur le sportif. Dans un club comme Agen, tout ce qui peut être mis au service du sportif l’est. Cela représente 70 ou 72 % du budget. Un club comme le Stade français a encore 18 millions à disposition une fois qu’on enlève les 10 ou 12 millions de masse salariale et les 6 millions de charges salariales. Le sportif ne représentant que 50 % du budget, les dirigeants ont beaucoup de capacités à investir dans d’autres domaines, comme la communication, l’organisation, le staff etc.

Vous dites que le plus important est la masse salariale mais le reste ne permet-il pas de faire la différence ?

Bien sûr que si. Paris, en recrutant un staff pléthorique, va donner aux joueurs un support pour l’entraînement de grande qualité. Et quand on s’occupe mieux des joueurs, quand on individualise mieux leur préparation physique, mentale et rugbystique, on crée une équipe meilleure. C’est sûr.

Les petits clubs, issus des petites villes, sont-ils donc condamnés sur le long terme ?

Tous les ans, il y a un petit qui sort son épingle du jeu. Tous les ans, il y a le contre-exemple qui montre qu’on peut exister au très haut niveau sans gros moyens. Après, si vous me demandez si Agen restera en Top 14 sur le long terme, je vous rappelle que je dis depuis des années que le club doit viser le top 20 du rugby français. C’est notre place. Cela veut dire que quelques fois, nous serons dans les quatorze, et d’autres fois non. Je le répète : il faut être lucides. On peut réaliser des exploits de temps en temps mais on ne peut pas les faire perdurer parce qu’à un moment, les moyens sont à la hauteur des possibilités d’un club. Il ne faut pas rêver.

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