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Le monde des grands

Par Léo Faure
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Publié le Mis à jour
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Édito - Une image a tourné, toute la semaine sur les réseaux sociaux. Une vidéo, plutôt, datée de la Coupe du monde 2003. On y voyait un troisième ligne du XV de France, numéro 7 au vent, se saisir du ballon derrière un groupé-pénétrant, travailler sur les appuis intérieur-extérieur et traverser le rideau écossais, visant l’intervalle plutôt que le défenseur.

On voyait, en suivant, ce même numéro 7 servir avant contact son troisième ligne centre, premier soutien plein axe. Lequel, à pleine vitesse, emportait les deux derniers défenseurs, sortait un bras et, d’une passe à une main sublime, envoyait son numéro 6 à l’essai. Admirable. Remarquable. Tout ce qui faisait aimer le rugby aux gamins et qui nous vaut, encore aujourd’hui, ces poncifs d’outre-Manche qu’on accueille désormais dans un soupir consterné : « le danger, avec les Français, c’est qu’ils sont imprévisibles ».

Ce que l’entame ne dit pas, pas plus que la flatterie éculée de nos amis anglo-saxons, c’est le nom des hommes qui savaient enfanter de ces actions hors du temps. Les troisième ligne des Bleus, en 2003, se nommaient Olivier Magne (numéro 7), Imanol Harinordoquy (numéro 8) et Serge Betsen (numéro 6).

Le XV de France n’a jamais été plus imprévisible qu’un autre. Ce sont les hommes qui le composent, porteurs d’un rugby d’instinct et de romance, qui en faisaient sa singularité. Bien plus qu’aux Springboks, samedi, c’est à ce défi que la génération actuelle se trouve confrontée. Celui d’un vide qui aspire les émotions vers le fond. Qui sont, aujourd’hui, les joueurs de la trempe de Magne, Harinordoquy et Betsen ? Quel joueur, à son poste, peut se réclamer à ce point dominant et craint sur la planète rugby ? Aucun, ou si peu.

Il y a des places vacantes. Qu’on rêverait bientôt comblées. Jacques Brunel va poursuivre son travail de bâtisseur, étreint entre le besoin de stabilité et l’urgence de contenus de match plus probants, à un an seulement de la Coupe du monde. Avec quels hommes ? La vague des blessures a balayé les rares satisfactions de juin. Avec une troupe d’aspirants, de jeunes prometteurs, de trentenaires rappelés par défaut et de soldats propres, sans être transcendants, les Bleus défieront la belle machine springbok, qu’ils n’ont plus battue depuis 2009.

Faute de mieux, Picamoles sera là, de nouveau. Sans déclencher une vague d’enthousiasme, jusque dans les couloirs de Marcoussis. Comme lui, les cadres posent question, au mieux. Inquiètent, au pire. Ces Bleus sont généreux, personne ne leur enlèvera ça. Le qualificatif est à la fois empathique, tendre et terrible, tant le dévouement ne peut suffire au sommet de la pyramide.

Pisse-froid, tout ça ? Peut-être. On ne demande qu’à se tromper. Que ces Bleus, samedi, se lèvent, culbutent de rage ce paquet sud-africain plus aussi lourdingue qu’on veut bien le dire. Qu’ils osent, se trompent et osent encore. Qu’ils prennent les maillots laissés vides par nos grands joueurs, les anciens. En attendant, ce lundi à Paris, les Oscars Midi Olympique célébreront quelques illustres, basculés depuis peu à la retraite. Michalak, Clerc, Rougerie, Poux et Nyanga ont tous raccroché leurs crampons, cet été. Le temps passe et ne nous rassure pas.

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