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Notre grande cause tricolore

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Jouons d’emblée la carte de la franchise : nous avons assez reproché à Bernard Laporte d’afficher des ambitions démesurées pour ne pas signaler aujourd’hui sa prudence en ce début d’année de Coupe du monde, à quelques jours du lancement de la saison internationale.

Et bien oui, le président de la FFR a ravalé son enthousiasme pour n’attendre du XV de France que deux victoires à domicile dans ce Tournoi des 6 Nations 2019 à trois déplacements. C’est maigre pour qui rêve d’or mais tellement précieux au regard du bilan de Jacques Brunel. Allez donc, le sélectionneur peut dormir tranquille : fort de ses gros cubes (Willemse, Atonio, Picamoles, Bastareaud), il doit "seulement" mâter l’Ecosse et le pays de Galles, deux des équipes les plus mobiles du gratin européen.

Les grincheux ont vu dans le discours de "Bernie" un manque d’ambition incompréhensible de la part de celui qui souhaitait voir les Bleus sur le toit du monde il y a quelques mois encore. Ses opposants fédéraux, eux, valident une magistrale volte-face dans la stratégie présidentielle qui, en 2017, avait installé Guy Novès sur un siège éjectable avec des objectifs sportifs intenables : remporter le Tournoi et réaliser un 3 sur 4 à l’automne, avec les Springboks et deux fois les All Blacks au programme. Ses défenseurs, enfin, saluent la clairvoyance du patron et sa prudence… à chacun d’y voir clair au milieu de ce fatras.

Pour autant, arrêtons d’ergoter : il n’est jamais trop tard pour bien faire. Laporte a mis deux ans pour mesurer l’état d’errance de la sélection tricolore, machine à broyer les sélectionneurs, entraîneurs et joueurs. Il lui appartient désormais de passer à l’action au moment où le XV de France s’apprête à relever le plus grand défi de son histoire avec la Coupe du monde 2023 qui revient en France.

Car n’en doutez pas, elle ne sera jamais une totale réussite sans succès sportif. Pour le comprendre, il suffit de regarder l’héritage de l’édition 2007 : un jackpot financier sans lendemain. En suivant, la finale de Coupe du monde perdue de justesse en 2011 contre la Nouvelle-Zélande fut un exploit isolé, l’arbre qui masquait tous nos manques, nos maux. Le reflet de nos illusions…

Depuis ? Rien n’a changé. De Camou à Laporte, on a toujours zappé en réaction, d’une difficulté à l’autre et d’un contre-pied au suivant, pensant que le prochain sélectionneur aurait l’étoffe d’un sauveur et qu’il parviendrait à transformer les Bleus en machine à gagner. Mon œil, tous se sont consumés à petits feux ! Aucun d’entre eux n’a survécu aux promesses de l’aube. Pire, Brunel ne les a jamais vues. Enlisée dans les affres du quotidien, sa sélection a perdu son pouvoir magique comme en témoignent la désaffection du public et la prudence des annonceurs qui abordent ce Tournoi sur la pointe des pieds. Autant de signes qui, hélas, ne trompent pas…

Voilà pourquoi il faut, sans ironie aucune, louer la prise de conscience laportienne alors que notre vitrine (le XV de France) souffre depuis tant d’années d’un manque flagrant de clarté, de ligne directrice et surtout de sens. Finalement, d’avenir.

Il appartient au patron de la FFR de poser un projet plus ambitieux qu’aucun autre ne le fut avant lui. Un projet qui impactera l’avenir de la sélection et nous permettra de retrouver tant de choses : d’abord, l’ADN du rugby français, ce savoir jouer aujourd’hui si difficile à identifier ; ensuite, une idée d’excellence qui s’est évaporée à force d’échecs ; enfin, le talent des hommes. Il convient ici d’accompagner, sans peur ni honte, leur carrière pour que certains deviennent les stars ou, si vous préférez, les ambassadeurs qui nous font cruellement défaut à ce jour.

Tout recommence demain, avec un choix qui en dira long sur la détermination de Bernard Laporte : la nomination du prochain sélectionneur. C’est lui qui portera la bonne parole et le poids de nos profonds espoirs. Un choix crucial, qui ne devrait plus tarder. Dans l’intérêt de tous…

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