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Ne plus croire…

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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Permettez-nous une question, pour commencer, au milieu du néant qui entoure aujourd’hui plus que jamais le XV de France : qui va payer ?

En d’autres mots, qui va donc être sacrifié pour l’exemple après l’humiliation majuscule subie face à cette magnifique équipe anglaise qui nous a simplement, proprement et logiquement donné la leçon ce dimanche, sous une pluie de chandelles. Hélas, le crunch a tourné au crash et nous n’avons plus qu’à chialer sur notre déliquescence.

Vous l’avez vu comme nous, c’est un monde qui sépare les Bleus des meilleurs et même de ceux qui les poursuivent. Pourtant, nous pouvons déjà imaginer la prochaine grande lessive autour de ce XV de France humilié, largué par le tempo d’un rugby qu’il n’a jamais maîtrisé et finalement dépassé par le cours d’un match joué à contretemps. Certains Bleus vont trinquer, c’est sûr. Pour l’exemple. Le staff lui-même aura la tête sur l’échafaud en cas d’échec face à l’Écosse, définitivement en cas de cuillère de bois… Bernard Laporte également, parce qu’il incarne l’expertise sportive mais qu’il n’en finit plus d’accompagner le XV de France dans sa chute vertigineuse.

Désolé de vous décevoir mais ce n’est pas en rasant gratis dans l’attente d’un énième et improbable grand soir que le rugby français va relever la tête. Tout juste peut-il sauver les meubles en lançant une vaste opération commando d’ici au Mondial japonais, en septembre prochain. Une sorte d’autogestion construite autour d’un noyau de joueurs déterminés à prendre en mains son destin et à placer le staff sur son porte-bagages. Improbable dites-vous, au regard des prestations des uns et des autres ? Vous avez certainement raison. Mais que nous reste-t-il d’autre, comme option ? Franchement, aucune. Alors, action. Et place aux jeunes.

Il est urgent d’arrêter de rêver. Urgent de regarder enfin les choses en face, se dire la vérité et rien d’autre. Pour cela, il ne faut plus croire en cette improbable chance qui nous fuirait et qui reviendra, un jour ou l’autre, pour nous porter aux sommets… Ne plus croire que le Top 14 est la référence suprême, tout au service du jeu et de la sélection… Ne plus croire que le professionnalisme qui préside dans tous nos clubs se propage au niveau supérieur… Ne plus croire au mélange des genres, des casquettes et de l’autorité désincarnée à force d’être bafouée… Ne plus croire qu’il y a un - seul - pilote (patron) aux commandes du navire tricolore… Ne plus croire que les petites luttes de pouvoir font partie de notre cher folklore et qu’elles ne nuisent pas terriblement à la bonne marche de notre discipline… Ne plus croire à ce rugby de tanks devenu un déni de modernité… Ne plus croire que ce jeu n’est pas, avant toute chose, une affaire de cerveaux… Ne plus croire que nous sommes les meilleurs du monde et que l’on aura vite fait de rattraper notre retard par la grâce d’une prochaine génération talentueuse… Ne plus croire que le futur sélectionneur sera le sauveur tant espéré, celui qui réussira là où ses prédécesseurs ont échoué, bouffés et sacrifiés par le système…

Non, il ne faut plus croire en rien. Accepter la mise à nue et tout repenser. Arrêter le bricolage permanent et travailler avec toutes les bonnes volontés qui se lèveront pour participer à la construction d’un avenir digne des ambitions du rugby français. Digne de son histoire.

Ce défi est celui qui attend, dès à présent, Bernard Laporte. Le président de la FFR ne pourra y échapper s’il entend trouver les clés de sa réélection, en 2020, et permettre aux Bleus de redevenir compétitifs, en 2023. Après, il sera trop tard ! 

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